Dragon Ball Super : Super Hero - critique du retour aux sources

Flavien Appavou | 7 octobre 2022
Flavien Appavou | 7 octobre 2022

Suite directe de Dragon Ball Super : Broly, Dragon Ball Super : Super Hero est à l'affiche et pour une fois, c'est le duo mythique Piccolo/Son Gohan qui en sont les stars. Avec ce film, la Toei montre qu'elle a bien compris les attentes de son public cible avec son histoire et son humour, au détriment de l'animation qui laisse à désirer. Un retour dans le passé qui passe, mais qui casse aussi.

Red Ribon ou la Nostalgie

Dragon Ball Super : Super Hero repose sur un concept assez éculé de Dragon Ball, la nostalgie. Akira Toriyama, le réalisateur Tetsuro Kodama, ainsi que la Toei ont bien compris ce que voulait le public et nous recycle un élément symbolique de Dragon Ball : le Red Ribon. Alors que Goku était sur son chemin initiatique, le Red Ribon cherchait les Dragon Ball pour asseoir leur domination sur le monde. Son Goku les a anéantis, seul. C'est le premier haut fait de Goku, bien avant que le roi démon n'arrive. Puis, on retrouve cette armée avec le Dr Gero, les Cyborgs et Cell, qui font office de passation à Son Gohan, devenant ainsi un grand guerrier saiyan.

Cela aurait pu s'arrêter là, père et fils, ayant traversé à peu près le même chemin initiatique... Mais non, on connait tous la suite avec la quête de pouvoir et de la surenchère. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, Dragon Ball, avec Super, est devenu stratosphérique. D'ailleurs, toute cette suite se concentre sur le duo Son Goku/Végéta, oubliant le reste ou les reléguant en dernière zone (à part pour C17 qui, revenu d'outre-tombe, est oublié ensuite). Le cas de Son Gohan et de Picolo est encore pire. Après l'arc Boo, ils sont juste devenus des faire-valoir à l'histoire, voire des éléments comiques, surtout pour Picolo, la déchéance ultime.

 

Dragon Ball Super: Super Hero : Red Ribbons, Akira ToriyamaQuand le Red Ribon complote, encore.

 

À noter que dans l'arc Boo, Gohan est dépeint comme le plus grand guerrier de la Terre, voire de l'univers, après avoir sorti son potentiel intérieur. Ne voulant pas suivre la même quête que son père, il cherche à se trouver une nouvelle voie. Ce qui est intéressant en soi, mais totalement zappé, comme ci une personne ne suivant plus la voie du bushido n'était pas intéressante. C'est ici que le film prend une tournure intrigante en se concentrant sur la relation perdue, de Piccolo et de Gohan ainsi que sur leurs potentiels largement sous-estimés.

Piccolo est un ancien roi démon, devenu dieu, puis maitre de Goku, de Gohan, de Son Goten et de Trunks. Ce n'est pas rien ! Et c'est aussi le cas de Gohan le fils prodige, qui aurait dû être au même niveau que son père. Pendant toute la deuxième partie de Dragon Ball, l'histoire se concentre sur eux, sur leur relation presque filiale, touchante et émouvante, avec de grands moments iconiques. On rappelle que c'est Piccolo qui a quasiment élevé Gohan, Goku n'étant plus là. Pour une fois, un film leur redore le blason en mettant en avant ce duo.

En touchant à cette nostalgie perdue, en revoyant leur complicité, on se rend compte que ces personnages nous ont vraiment manqué et cela fait du bien de les revoir. Mais pas forcément avec cette animation-là...

 

Dragon Ball Super: Super Hero : Piccolo, Akira ToriyamaJe reste figé, en vert et contre tous

 

RED ANIMATION

Côté animation, on ne comprend pas trop le parti pris graphique du film. Entre 2D, CGI et cel-shading (ombrage de celluloïd en français), c'est un foutoir complet, ce qui nuit totalement au film. On avait déjà peur en voyant le teaser, sur grand écran, c'est encore pire. Les moments dialogués sont affreusement lents et mal animés, il n'y a aucune émotion retenue. C'est plat, si cela n'était pas renforcé par des effets de lumières ou encore des trames et des effets de styles, on se croirait dans une mauvaise animation de jeu vidéo. Le tout devient quelque chose d'informe et très statique. Aux moments dramatiques, cette animation dessert entièrement le propos, car les expressions sont figées et ne rendent pas "vraies", comme on peut le voir au-dessus.

Par contre, au moment des combats, l'animation regorge d'ingéniosité. Même si parfois, les ressorts d'onomatopées et d'effets visuels viennent combler les trous dans la raquette, ici ça marche. Parce que l'effet "jeu vidéo" fonctionne, on se prend au jeu et cela permet de rendre les coups plus crédibles aux yeux des spectateurs. Les boules d'énergie deviennent plus fortes et les chorégraphies plus dantesques, surtout dans le combat final où il y a tellement de choses à regarder que rien ne devient brouillon. L'œil fait le travail nécessaire et ne perd pas une miette de ce déballage de faste et de coups.

 

Dragon Ball Super: Super Hero : Combat, Akira ToriyamaUn homme onomatopé un autre

 

Le choix de l'animation est plutôt audacieux et très casse-gueule au final, car un film ce n'est pas que des combats. D'autant plus dans celui-là, qui a plus de parties dialoguées que de combats. Les scènes de retrouvailles, d'exploration et d'enquête sont sous-exploitées dans l'animation. On reste sur un entre-deux un peu bâtard, entre sublime et vraiment nul. D'ailleurs, la toute dernière scène du film (restez jusqu'à la fin du générique) montre les limites de ce choix, c'est bancal et ça ternit l'image du film. C'est vraiment dommage, surtout pour un film d'animation. Heureusement que la narration prend le dessus de temps en temps.

 

Dragon Ball Super: Super Hero : Gohan Vs Gamma1, Akira Toriyama"Le premier qui rira aura un coup de tête"


Son Gohan et Picolo, le duo prodige

Certains diront que ce film est un long épisode sur la renaissance de Son Gohan, c'est plutôt vrai et plaisant (d'autant que votre serviteur apprécie Dragon Ball pour son humour débile, ses personnages fort et touchant se développant face à l'adversité et seulement en dernier les combats). C'est dans ce sens-là que remettre le duo Son Gohan-Piccolo est un très bon choix scénaristique, car il cristallise tout l'ADN de Dragon Ball en son sein. Ce duo est mythique dans sa représentation, Gohan et Piccolo souffrent, évoluent et se poussent à sauter leur barrière ensemble. Piccolo sera toujours là pour son "fils", c'est d'ailleurs ce qui est montré à travers de nombreux moments de vie quotidienne, qui nous pousse à sourire.

Quand il cherche à redynamiser Gohan, par Pan (la fille de Gohan et Videl), c'est tout aussi hilarant que touchant. On y retrouve cette fameuse nostalgie et cet amour qu'on a pour ces personnages. Puis, quand vient l'avènement de Gohan, mais aussi de Piccolo aussi incroyable soit-il, notre cœur fond et se réjouit en même temps. Ils sont liés à jamais. L'histoire leur rend un sublime hommage et pour cela chapeau. Par contre, c'est vraiment dommage que leur développement revienne encore sur les mêmes ficelles déjà connues. C'est-à-dire, le retour du Red Ribon, des cyborgs et de (attention spoil) Cell.

 

Dragon Ball Super: Super Hero : Gohan pas content, Akira ToriyamaGohan, ne ris plus

 

C'est limite outrageant, le réveil de Gohan ressemble presque trait pour trait à ce qu'il s'est passé quand il était plus jeune : le sacrifice, l'abnégation et la colère. Le film reprend ces codes-là et même les sons qui nous ont fait vibrer étant jeune. C'est mêlé d'une frustration et d'une joie intense qu'on revoie ses moments. On aurait aimé peut-être que ça aille un peu plus loin. Car vraiment tout y est, c'est beau, fort, émouvant et clinquant, mais ça manque de ce petit plus qui pourrait encore tout sublimer. On reste sur des acquis et surtout de faire plaisir au public avant tout.

Pourtant, Dragon Ball Super : Super Hero a tout pour plaire, son humour débile nous replonge totalement dans cet esprit que l'on adore, la relation Picolo/Gohan est émouvante, surtout si on y rajoute Pan. Les autres personnages y sont moins travaillés, certes, mais leur retour apporte aussi son lot de surprise et de bêtises pour notre plus grand bonheur. Les combats sont sublimement animés et travaillés. L'ouverture proposée à la fin du film est aussi très intéressante et permet de tracer une nouvelle voie – qui sera reprise ou non dans l'histoire de Dragon Ball Super –, en tout cas, c'est tout le mal qu'on lui souhaite, afin de permettre à la licence de se renouveler. Ce qui ne sera pas plus mal...

 

Dragon Ball Super: Super Hero : Affiche officielle

Résumé

Un film en demi-teinte qu'on apprécie pour son histoire qui remet le potentiel de Son Gohan et de Piccolo au centre de la narration, mais qui peine à se renouveler aussi. On nous ressort encore les mêmes codes pour contenter le fan, comme l'utilisation de la CGI qui nous accroche et nous décroche à la fois. Frustrant.

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Lecteurs

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commentaires
Dr.ik
23/10/2022 à 14:38

Ne suivant pas du tout dbs, j ai beaucoup aimé ce film. Je me suis arrêté a dbgt... oui pour moi elle existe! Même si la série est moins bonne que les autres, j'ai bien aimé la transformation de sangoku qui fraphiquement évolue et offre autre chose que des teintures de cheveux différents. Pour revenir au film, je l ai vu avec mon fils de 11 ans, qui ne connaît pas du tout dragon Ball. Et il a eu un beau florilège de ce que dragonball fait de mieux. La filiation, le rapport maître élève, ( attention petits spoils)les boules de cristal, les transformations et autres fusions foirées, les combats, les méchants gentils, les combats de bande, un petit affrontement goku végéta, l humour etc. Moi j ai aimé retrouver tout ça, retrouver gohan et piccolo ayant leur propre aventure, le côté nostalgique et attachant des perso... En bref, j ai pris mon pied devant ce petit film d animation qui m a remontré tout ce que j ai aimé dans les db et dbz, tout en faisant évoluer le lore avec de nouvelles transformations jamais vues, même dans dbs...

Miss M
10/10/2022 à 14:02

@zetagundam
"pour le reste ils ont juste repris DBZ en poussant au maximum les curseurs de puissance de tous les personnages aux mépris de toutes formes de cohérences (voir le personnage de Freezer)" Tu as dû te taper uniquement l'anime pour teubés dégénérés de moins de 14ans et à la colorimétrie défiant les télétubbies pour penser ça non ?... le manga développe bien plus de points. Les transformations y font sens. Et non, montrer que les autres personnages et pas uniquement Saint-Goku peuvent voir leur force évoluer et des transformations intervenir, est loin d'être con. Après il y a la forme, le fond. Toriyama n'est pas forcément le roi des scénaristes subtiles...

@V33
Même constat que pour @zetagundam. Il faut oublier l'anime pitié (qui est adapté à un plus (trop?) large public) ! Le manga est une digne continuité. Toriyama a toujours écrit le personnage de Goku comme un gamin débile, quasi inconscient de ses actes (le paroxysme de ce constat étant l'élément déclencheur du Tournoi du Pouvoir). Il n'a jamais non plus fait autre chose, surtout tout au long de DBS, que de faire des autres un faire-valoir pour son personnage chouchou qui gagne toujours à la fin. Au contraire, dans DBS, la Z-team a de nouveau une existence, un "rôle". On y voit plus de tranches de vie. Végéta n'est plus un éternel second-couteau geignard et ridiculisé systématiquement. Etc.

A voir pour celles et ceux que ça intéresserait, le fanfic Dragon Ball Kakumeï (déjà 3 tomes disp en lecture gratuite) qui offre une parenthèse certainement imparfaite, mais pleine de champs doux des possibles sur l'après-tournoi justement, est à lire.

Beerus
08/10/2022 à 18:24

@Daimaio: Je pense qu'il faisaient référence à Kami Sama (quand il était séparé de Piccolo).

Spatule54
08/10/2022 à 15:10

Piccolo est un alcoolo, gohan est un intello, et goku se fait tout le frigo. C'est une histoire d'O ce machin finalement.

Mauvaisefoilol
07/10/2022 à 22:34

Dbs aurait vraiment dû prendre place Après la fin de DBZ. Voir un humain affronter des dieux, s'éveiller au pouvoir d'un majin et de ce fait avoir un ki divin. Imaginez juste comment la saga Zamasu/black aurait été incroyable avec Uub comme héro. L'héritier contre le sosie maléfique de Goku.

Une amitié rivalité avec kyabe, le disciple de Végéta, le dieu de la destruction qui verrait Uub comme une menace de par son mélange Humain-Majin, un demi-demon entraîné par un ange. Une véritable histoire à raconter avec Pan et Bra contre Caulifra et Kale. Et.....j'ai tellement envie de pleurer T_T

zetagundam
07/10/2022 à 21:49

@Gégéleroutier
C'est surtout une relation Maitre/élève à la base qui à conduit à une relation plus filiale après la mort de San Goku, dans l'arc Cell (oups spoiler), et de sa décision de rester au Paradis

Gégéleroutier
07/10/2022 à 20:57

Je ne comprends pas cette relation père fils de Piccolo et Gohan, sachant que :

- Goku a vécu 4 ans avec son fils avant l'arrivée des Saiyans.
- Piccolo et Gohan n'ont passé que 6 mois ensemble pour leur entrainement.
- Goku était avec eux pendant leurs 3 ans d'entrainement avant l'arrivée des cyborgs,
- Goku et Gohan ont passé un an ensemble dans la Salle de L'Esprit et du Temps.

Daimaio
07/10/2022 à 17:42

Piccolo n'a jamais été le maître de Goku.
Ennemi, rival puis amis tel est leur relation.

zetagundam
07/10/2022 à 17:01

La seule bonne chose de DBS c'est que la série revient par moment à l'humour bon enfant de Dragon Ball avec Beerus et sa bande parce que pour le reste ils ont juste repris DBZ en poussant au maximum les curseurs de puissance de tous les personnages aux mépris de toutes formes de cohérences (voir le personnage de Freezer)

vohmp
07/10/2022 à 16:44

du même avis de v33, depuis super c'est 1 transformation sortie du cul tout les 20 chapitre du manga, aucun enjeu, plus aucune goutte de sang, aucune profondeur des personnage, et zero tension les méchant ne font plus flipper comme un freezer a l'ancienne (maintenant ce sont devenu des guignol), , Pas spécialement envie de le voir mais le seul point positif c'est qu'on évite le goku, vegeta cette fois ci.
Après faut se faire a l'idée qu'on est plus le public c'est pour plaire au ricain et gosse de 6 ans.

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