The Ledge : critique accroche-toi si tu peux

Geoffrey Crété | 5 octobre 2022 - MAJ : 05/10/2022 11:01
Geoffrey Crété | 5 octobre 2022 - MAJ : 05/10/2022 11:01

Une femme alpiniste, des hommes psychopathes, une méchante montagne, et une poursuite à la verticale : c'était le programme de The Ledge, sorti de nulle part pour arriver en VOD ce 23 août, puis en Blu-ray et DVD le 5 octobre. Toute personne normalement constituée et/ou très optimiste pouvait s'attendre à une petite série B, type Cliffhanger version survival. Mais abandonnez tout espoir : The Ledge est une petite chose sans intérêt et sacrément nulle.

la montagne salée

Ça s'annoncait très bien : un thriller type survival où une femme essaie d'échapper à un groupe de psychopathes, non pas en courant dans la forêt, mais en gravissant une montagne rocheuse sacrément dangereuse. Soit un doux petit programme de série B, confirmé par la présence du réalisateur Howard J. Ford, derrière les néo-DTV The Dead (des zombies en Afrique) et The Dead 2 (des zombies en Inde), Never Let Go (une mère qui tabasse tout le monde pour retrouver son bébé kidnappé), ou encore The Lockdown Hauntings (un confinement avec des fantômes).

 

 

Mais ça commence très mal. Dès la première minute, The Ledge ressemble à une parodie de publicité d'agence touristique, avec panoramas du massif rocheux des Dolomites, gros plans sur le matériel d'alpinisme et musique triomphante. C'est un parfait avertissement pour cette longue et mauvaise blague, qui compile à peu près tous les pires clichés.

Personnages en carton triple épaisseur, flashbacks hilarants, dramaturgie de neuneu, et bien sûr mini budget pour maxi bullshit : c'en serait presque délicieusement drôle si ça n'était pas aussi premier degré, et surtout étonnamment sage et fade, puisque The Ledge ferait passer Vertical Limit pour Mad Max : Fury Road.

 

The Ledge : photo, Brittany AshworthS'accrocher à la miette de scénario

 

vertical limité

De Cliffhanger à Poursuite mortelle (A Lonely Place to Die : bien meilleur titre VO) avec Melissa George, en passant par le français Vertige, un paquet de films a exploité la grandeur anxiogène des montagnes. Mais pour quelques sueurs froides et morts redoutables directement liés à la grimpette, il y a des tartines de cache-cache, bastons et autres tensions habituelles. La promesse d'une poursuite verticale était donc la grande (la seule) raison d'aller vers The Ledge, avec la curiosité de voir un dispositif de mise en scène exploiter et surtout assumer un tel pari.

Howard J. Ford ment au moins autant et aussi mal que le gros fumier toxique qui porte une pancarte psycho dans le film, et veut absolument tuer l'héroïne. The Ledge n'a absolument rien d'une poursuite verticale, ou d'une poursuite tout court. Après une introduction fadasse à souhait, qui pose les enjeux (grossiers et ridicules) et personnages (ridicules et grossiers) comme des parpaings, il y a une petite scène où un abruti essaie de rattraper l'héroïne en escaladant.

Spoiler : comme c'est le début du film, il n'y arrive pas. Spoiler bis : c'est le seul moment où The Ledge ressemble vaguement à ce qu'il devait être (oui, l'affiche est une blague).

 

The Ledge : photo, Brittany AshworthDurée ressentie : 127 heures

 

La suite est un simple, pauvre et triste thriller statique, qui aurait aussi bien pu prendre la forme d'un sous-Panic Room. La gentille est bloquée sur une corniche, hors d'atteinte mais légèrement fébrile. Les méchants sont au-dessus, sur une plateforme, confortables mais légèrement impatients de la buter. La meute de psychopathes veut effacer toute trace de leurs folies, représentées par un bien beau caméscope. Reste alors une petite moitié de film, rythmée par des jets d'urine, un serpent et beaucoup, beaucoup de parlotte.

Inutile de préciser que tout ça est filmé, monté et raconté comme un manche, et que The Ledge a finalement plus à voir avec un vieux téléfilm sur RTL9 qu'à une série B nerveuse découverte en festival.

 

The Ledge : photoDark Lara Croft

 

psychopathe qui peut te battre

Le seul motif de divertissement de The Ledge reste alors sa galerie de personnages, qui doit autant à Hélène et les garçons (édition montagne) qu'à un remake de Dexter (version TF1). Le scénario du dénommé Tom Boyle est une suite ininterrompue de sketchs, qui grille en dix minutes absolument toutes les cartouches de la connerie tolérable. D'un duo de copines qui se lance dans un instant chatouille-fou rires comme dans une intro ratée de porno, à une démonstration de la masculinité toxique aussi subtile qu'un tweet de Jean-Marie Bigard ("Toutes des putes !"), c'est tout le petit manuel du mauvais scénariste qui se déplie à l'écran. Chaque idée, chaque intention, a la grâce d'une trace de pneu.

Une fois "l'action" lancée, la nullité de The Ledge revient par vagues, avec des flashbacks que le tribunal de la Haye pourrait certainement considérer comme un crime contre l'humanité doté d'yeux. Chaque apparition du professeur d'escalade / ex-petit ami mort dans la montagne en la demandant en mariage en pleine ascension / levier émotionnel donner une motivation à l'héroïne, est un bijou de malaise. Tout y passe, des moments mignons en contre-jour dans la nature au regard-yeux-bleus-caméra, sans oublier la voix off digne d'un mauvais tuto de jeu vidéo ("Utilise ton esprit, pas tes muscles").

 

The Ledge : photoLa Redoute, printemps-été 2023

 

Vous avez encore un doute sur la nullité de The Ledge ? Il y a une scène où un des personnages regarde son copain tombé en pleine escalade, qui hurle au sol avec la jambe explosée et une fracture ouverte. Et qui s'exclame : "On dirait que sa jambe est salement amochée !".

Seule utilité de ce navet : il donne envie de revoir le très bon premier épisode de Masters of Horror, Incident On and Off a Mountain Road, réalisé par Don Coscarelli, et qui emploie la même structure (une femme poursuivie par un tueur, en pleine nature, avec des flashbacks autour d'un petit ami-instructeur-tuto de survie). Sauf que c'était bien, et malin.

The Ledge, disponible en VOD depuis le 23 août 2022

 

The Ledge : Affiche officielle

Résumé

L'idée était amusante, et le film est drôlement nul. Incapable de tenir sa promesse de survival vertical, The Ledge jongle entre le comique involontaire et le thriller de bas étage. Circulez, y'a rien à voir.

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commentaires
JPsg1973
05/10/2022 à 12:37

Je confirme c très mauvais : l'interprétation, les dialogues, le décor, la photographie, les fx... Je suis allé jusqu'au bout mais que ce fut dur.
Par contre, je recommande Sacrifice (Moloch) pour les amateurs comme moi de Folk Horror (Hérédité, Midsommar...) qui sort en DVD ces jours-ci

Bolzar
24/08/2022 à 17:16

Ah bein oui, mais bon, Saban Films quoi. C'était couru d'avance. Même un bon concept ne pouvait sauver une de leurs productions.

Geoffrey Crété - Rédaction
24/08/2022 à 09:56

@Steppenfoxx

Oui, c'est exactement ce qu'on répète, jour après jour.

Steppenfoxx
24/08/2022 à 08:27

Regardez le film et ayez votre avis tous simplement. Les critiques sont juste des avis comme tant d'autres

xav
24/08/2022 à 00:02

Bon après, ce film a une qualité, il ne passe pas toute la moitié du film à faire croire que c'est du grand cinéma. En dix secondes de la première scène du film (hors générique), on a eu les deux nanas clichés, la bague-sur-laquelle-on-tombe-par-hasard-en-ouvrant-son-sac-et-qui-trigger-le-flash-back, et le flash-back lui-même, neuneu et complètement générique. Dix secondes de film ont suffi à ce que je me dise "houlà, qu'est-ce que je suis venu foutre ici moi". Ce film réussit en dix secondes à annoncer qu'on est dans du gros nanard

Et pas n'importe quel type de nanard. Pas le nanard de l'artiste déjanté qui finira en midnight movie halluciné. Juste le nanard d'un cinéaste ni trop mauvais pour qu'on lui lance des tomates, ni bon pour proposer des trucs intéressants. Si ça avait été un projet d'étudiants, ça aurait été très décent: ça respecte toutes les règles, ça a bien récité sa leçon et revu ses classiques.

Bon, je serais pas honnête si je disais que je regrette de l'avoir vu. Je suis un très très bon public pour tout ce qui concerne la peur des hauteurs, donc rien que de voir la héroïne suspendue à sa corniche, ça fonctionnait très bien avec moi.... Mais bon, si je pouvais avoir un thriller qui me retourne les tripes sans que le scénario ne m'arrache les oreilles....

Hugo Flamingo
23/08/2022 à 22:06

Cette critique m'a limite donné envie de voir le film...
Je suis perdu.
Bref, à la fin de la bande annonce, y a quand même une date sortie ciné ''18 fevrier''. Ils auraient osé le balancer sur une grande toile blanche aux USA?

Prisonnier
23/08/2022 à 21:57

Mais euhhhh. J'adore vertical limit moi

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