Green Lantern : Beware My Power - critique qui prend des vessies pour des lanternes

Arnold Petit | 29 juillet 2022 - MAJ : 29/07/2022 15:31
Arnold Petit | 29 juillet 2022 - MAJ : 29/07/2022 15:31

En attendant de faire son retour au cinéma et d'apparaître sur HBO Max, Green Lantern part défendre la galaxie avec d'autres héros de DC dans Green Lantern : Beware My Power, disponible en VOD, DVD et Blu-ray en France depuis le 27 juillet, mais ce n'est pas avec ce nouveau film de Warner Bros. Animation que le héros va enfin avoir une adaptation digne de ce nom.

SANS PEUR

Green Lantern est un des plus vieux et un des plus puissants personnages de DC, un membre fondateur de la Justice League et possède une des mythologies les plus riches de l'univers de l'éditeur, avec des shérifs de l'espace, des extra-terrestres et tout un tas de mondes et de concepts.

Pourtant, même s'il apparaît dans plusieurs longs-métrages animés avec d'autres héros quand il faut sauver la Terre, le protecteur de la galaxie reste considéré comme un personnage secondaire à l'écran et n'a eu que quelques rares adaptations plus ou moins correctes rien qu'à lui, qui étaient toutes consacrées à Hal Jordan, le Green Lantern de l'Âge d'Argent et la version la plus populaire du personnage : Green Lantern : Le Complot, Green Lantern : Les Chevaliers de l'Émeraude, la série animée Green Lantern produite par Bruce Timm et, bien évidemment, le film avec Ryan Reynolds réalisé par Martin Campbell.

 

Green Lantern : Beware My Power : photoJohn se met au vert

 

Green Lantern : Beware My Power, contrairement aux autres, s'intéresse à son successeur, John Stewart, l'autre Green Lantern adoré des fans de DC, principalement pour avoir été dans le dessin animé La Ligue des Justiciers. Le film réalisé par Jeff Wamester (Justice Society : World War II) présente le héros comme un ancien tireur d'élite qui est atteint de troubles de stress post-traumatique et qui reçoit un anneau de puissance des mains de Ganthet, un des Gardiens de l'Univers, après la disparition de Hal Jordan.

À partir de cette séquence copiée sur l'histoire de Kyle Rayner, un autre Green Lantern, John devient donc un super-héros et se retrouve (littéralement) transporté dans la Tour de la Garde de la Ligue des Justiciers face à Martian Manhunter, Green Arrow et Vixen, qui le reçoivent en lui faisant la démonstration de leurs pouvoirs pendant deux minutes avant de comprendre qu'il est remplaçant de Hal Jordan.

 

Green Lantern : Beware My Power : photoComité d'accueil

 

Dès lors, le scénario de John Semper (Static Shock) et Ernie Albacker (Green Lantern : La série animée, Justice League Dark : Apokolips War) néglige totalement John Stewart ou les autres héros pour mélanger l'histoire du personnage à d'autres récits autour des Green Lantern sans essayer de faire preuve de cohérence ou de fidélité, que ce soit pour le matériau d'origine ou pour l'univers dans lequel il s'inscrit.

Après l'infâme Justice Society: World War II, le malheureux Batman : The Long Halloween et le négligeable Catwoman : Hunted, ce nouveau long-métrage de Warner Bros. Animation était chargé d'introduire John Stewart et de l'installer comme le Green Lantern de l'univers animé lancé avec le distrayant Superman : Man of Tomorrow (officiellement baptisé Tomorrowverse), mais réussit seulement à être un des pires films d'animation DC de tous les temps.

 

Green Lantern : Beware My Power : photoUn anneau pour les enfumer tous

 

LES OUBLIÉS

Sans trop se poser de questions, John Stewart part enquêter sur ce qui est arrivé à Hal Jordan et au Corps des Green Lantern avec Green Arrow et le duo se retrouve embarqué dans un conflit intergalactique entre les planètes Rann et Thanagar avec Hawkgirl et Adam Strange, comme dans les comics de Dave Gibbons et Ivan Reis.

Cependant, l'intrigue cosmique originelle a perdu sa profondeur ou ses enjeux et passe essentiellement par des scènes d'exposition moches et ennuyeuses, tandis que les personnages ne sont plus que des figures caricaturales : Hawkgirl est l'archétype de celle qui tape d'abord et qui pose des questions après, Adam Strange n'est plus qu'un aventurier de l'espace barbu à moitié fou et tout ce qu'ils ont perdu dans la guerre opposant leurs deux peuples n'est finalement qu'un détail parmi d'autres.

Alors qu'il cherche visiblement à s'appuyer sur le (merveilleux) travail de Dennis O' Neil et Neal Adams autour de Green Lantern et Green Arrow en tant qu'amis et héros, le film ne sait pas pourquoi les comics et les personnages qu'ils récupèrent sont devenus cultes, ou seulement ce que représente John Stewart, avec ou sans son costume.

 

Green Lantern : Beware My Power : photoEux aussi, ils sont verts

 

Green Lantern : Beware My Power n'explore jamais ce qui définit John Stewart en tant qu'homme ou super-héros, ce qui le différencie de Hal Jordan ou ce qui en fait un bon Green Lantern (comme son passé d'architecte dans les comics, qui lui permet d'imaginer des créations plus complexes avec son anneau). Ses troubles de stress post-traumatique ne se résument qu'à des hallucinations occasionnelles et les réflexions qu'il peut avoir avec Green Arrow autour du fait de tuer, avec ou sans pouvoirs, distillent un message ambigu et moralement douteux. Ce qui est déjà franchement problématique, mais qui n'est rien à côté du moment où le film tente d'aborder le racisme et l'histoire de John en tant qu'Afro-Américain.

Lorsque Green Arrow lui explique que la couleur jaune est la seule contre laquelle son anneau est vulnérable, John répond qu'il a été "confronté à ce genre d'opposition" toute sa vie. Une phrase aussi lourde et ridicule que le reste, qui montre clairement que le réalisateur, les scénaristes et Warner Bros. Animation sont des incapables qui ne comprennent pas ce qu'ils adaptent (et massacrent).

 

Green Lantern : Beware My Power : photoLes bagouzes, plus fortes que le racisme

 

Pêle-mêle, le scénario pioche aussi dans La Guerre de Sinestro, mais le plus grand ennemi des Green Lantern est réduit à l'état de mystérieux méchant de service, et le film pousse l'affront jusqu'au bout en proposant une version condensée et encore plus mal écrite du déjà controversé Emerald Twilight de Ron Marz et Darryl Banks. Un retournement de situation qui aurait pu être aussi inattendu que dans les comics à l'époque, mais qui est aussi bâclé que le reste, sans essayer d'expliquer un tant soit peu les motivations des personnages, bons ou mauvais.

John Stewart devait forcément devenir un Green Lantern et l'ami de Green Arrow, Sinestro devait forcément être un vilain comploteur qui veut détruire l'univers et Hal Jordan devait forcément disparaître en moins d'une heure et demie, quoiqu'il advienne.

 

Green Lantern : Beware My Power : photoSinétron

 

BLACKEST NIGHT

Et contrairement à d'autres mauvais films d'animation, comme Justice Society : World War II ou le triste Batman : Soul of the Dragon, qui faisaient l'effort de compenser leur manque d'inventivité et de cohérence par une certaine générosité visuelle et quelques idées de mise en scène, Green Lantern : Beware My Power ne peut même pas compter sur ses scènes d'action pour pallier ses défauts ou simplement divertir, puisque Sinestro, Lyssa Drak et tous les autres ennemis de John Stewart disparaissent aussi bêtement et rapidement qu'ils apparaissent à l'écran.

Logiquement, le style aux contours épais et aux traits détaillés est le même que dans les autres productions de cet univers appelé Tomorrowverse, mais hormis pour certains décors qui tendent vers le space opera, le film n'amène rien de nouveau et propose des designs insipides. Dans l'ensemble, l'animation est beaucoup trop rigide et le rythme est trop rapide pour offrir quoi que ce soit d'un peu marquant ou excitant.

 

Green Lantern : Beware My Power : photoLyssa Truc

 

Alors que les minutes défilent et que la déception n'en finit plus de grandir, il faut alors se raccrocher à quelques maigres consolations pour supporter le film jusqu'au bout : Boris Rehlinger qui double Martian Manhunter, comme à l'époque de La Ligue des Justiciers ; quelques séquences moins moches que d'autres ; l'univers de Green Lantern qui assume enfin sa dimension cosmique à l'écran ou encore la vision de corps qui flottent dans l'espace pendant que les héros traversent un champ de bataille à bord d'un vaisseau. 

À l'arrivée, Green Lantern : Beware My Power est un échec à tout point de vue : en tant qu'introduction de John Stewart, en tant qu'adaptation de comics, en tant qu'oeuvre du Tomorrowverse et en tant que film à part entière. Une nouvelle preuve que Warner Bros. ne sait pas quoi faire avec Green Lantern, peu importe la version du personnage, qu'il soit en prises de vue réelles ou en animation. Le seul exploit du film : donner encore moins envie de voir Green Lantern Corps et la future série Green Lantern sur HBO Max.

 

Green Lantern : Beware My Power est disponible depuis le 27 juillet en VOD, DVD et Blu-ray.

 

Green Lantern: Beware My Power : Affiche officielle

Résumé

Green Lantern : Beware My Power se contente de coller des morceaux de récits tirés des comics autour de Green Lantern sans essayer de faire preuve de respect ou de cohérence et ne représente rien de plus qu'une insulte envers les fans de DC et les personnes qui aiment l'animation.

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commentaires
Coolwriter
15/08/2022 à 12:14

Un des pirses films d'animation, à peine digne des épisodes de Scooby-Doo du Club Dorothée. Pour un long métrage d'animation quand on sait aujourd'hui les prouesses liées à la technologie informatique, nendre si mal la marche humaine comme au premier temps du dessin animé revient à se moquer du public. Et je ne dis rien de l'inconsistance du scénaio manichéen, totalement insipide..
Dépenser le prix d'une place de cinéma pour voi un tel film, autant acheter des tickets d'Euro Millions e/ou de Loto, ce sera plus excitant !

bubul
13/08/2022 à 08:37

bon suite à mon message précèdent j'essaye d'ouvrir mon esprit mais il y a beaucoup trop de contradiction dans ce dessin:
cela peut être une dimension parallèle du au multivers donc voila pour le scenario mais pourquoi sortir du scenario de terre 0 si bien construit? je me demande ce que pense geoff johns de tout cela ...
ils ne parlent même pas de ce qu'est paralax l'entité vivante de la peur ils ne parlent même pas de comment fonctionne la puissance jaune ni même la puissance verte
paralax est censé être enfermé dans la batterie principale sur oa donc c'est pour cela que les gl non pas de protection contre le jaune
bref je me demande ce qu'avais warner lors de la lecture du scenario mais il n'aurais jamais du être accepté ceci est malheureusement encore un coup de couteau qui va finir par achever la licence des green lanterns qui se retrouve déjà à terre à cause du film et des dessins ou il est caricaturer en tant que punchingball vivant

bubul
13/08/2022 à 08:19

sinestro est mort al jordan est mort donc pas de war of light ni de blackest night ! mais sérieux pourquoi ??? on dirais qu'ils font tout pour détruire définitivement la licence des green lanternes
mer....credi au lieu faire ce genre de bouse ou jme suis endormi et jai regarder la suite le lendemain pourtant moi qui adore l'univers des lanterns corps je ne sais plus quoi penser de warner ils embauchent des scénaristes qui connaissent même pas la licence qui ont survolé 3 pages de la bd original et qui ont pas eu assez d'argent pour acheter la suite alors ils se sont dit c'est pas grave on va inventer la suite puis on s'en fou

zetagundam
29/07/2022 à 14:46

C'est franchement désespérant de voir DC Animation se saborder un peu plus à chaque nouveau "film" alors que le studio a tout ce qu'il faut pour nous pondre des œuvres de qualité à condition de se débarrasser de ce format foireux de 75 minutes

Flash Gordon
29/07/2022 à 14:03

Trois lettres : nul

SoCorsu
29/07/2022 à 13:55

Salut, effectivement plutôt des dernières productions, j'attendais que Green Lantern remonte le niveau mais non.

C'est vraiment dommage car depuis Flashpoint Paradox (environ) on avait eu le droit à une belle série de films :-(

Cidjay
29/07/2022 à 13:53

pour l'instatnt ce reboot de l'univers DC comics en animé ne me convainc pas beaucoup.
A part le design que je trouve très réussi.
il n'y avait que War, Flashpoint et justice league Dark qui étaient bien.

Adam
29/07/2022 à 13:17

C’était nécessaire l’image gore de Cannibale Hollocauste en illu du lien vers l’article ?

A part ça à la lecture de cette critique, effectivement je suis déçu de voir que ce film est un gloubiboulga de plusieurs récits mythiques du comics Green lanterne. A croire qu’individuellement aucun d’entre eux ne pouvait être adapté en 1h15

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