Incroyable mais vrai : critique absurde
Quentin Dupieux semble décidé à ne jamais s'arrêter de tourner. Alors que Au poste !, Le Daim et Mandibules sont sortis entre 2018 et 2021, son onzième film Fumer fait tousser, présenté à Cannes en mai 2022, devrait également débarquer sur les écrans de cinémas prochainement. Mais entre temps, c'est avec son dixième long-métrage Incroyable mais vrai qu'il réinvestit les salles. Et autant dire que parfois, on se dit qu'il ferait mieux d'être moins prolifique malgré ses fabuleux castings comme ici avec Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel et Anaïs Demoustier.
INCROYABLE...
La simple évocation de Quentin Dupieux suggère évidemment l'absurde. Entre le pneu meurtrier de Rubber, la mouche géante de Mandibules, le tueur de blouson en daim de Le Daim ou les délirants Chivers de Steak, le cinéma de Dupieux a imposé son amour du burlesque, de l'absurde, dans le prolongement de l'oeuvre d'un certain Bertrand Blier (dont Buffet Froid est, par exemple, une inspiration majeure du superbe Au Poste!). Alors quand on découvre le pitch d'Incroyable mais vrai, on se dit que le cinéaste est bien décidé à rester dans la droite lignée de sa filmographie.
Incroyable mais vrai raconte en effet l'histoire d'Alain et Marie, un couple ordinaire, cinquantenaire, sans enfants et qui s'apprête à emménager dans un lotissement pavillonaire. Sauf que lors de la visite de la maison, l'agent immobilier leur affirme que la cave contient une trappe au tunnel énigmatique qui pourrait changer leur vie. On n'en dira pas plus sur cette surprise qui fait partie intégrante de l'expérience du film, mais une chose est sûre, Quentin Dupieux, s'il continue bien à jouer sur le terrain de l'absurde, touche ici à une idée plus mélancolique et douce qu'auparavant.
Une trappe qui va changer leur vie
Car si le premier quart d'heure de Incroyable mais vrai est très déroutant, sa bizarrerie va laisser place peu à peu à une réflexion plus profonde sur l'existence. Avec un concept savamment loufoque (même si pas spécialement original après plus de cent ans de cinéma), il va explorer le temps qui passe, la vieillesse, les difficultés du couple, le besoin d'être aimé, d'aimer ou de s'aimer, ou même la place des hommes et des femmes dans la société.
De quoi donner une valeur tout autre à Incroyable mais vrai dans la filmographie de Dupieux. Le long-métrage a beau s'appuyer évidemment sur une étrangeté caractéristique du cinéaste, il se mue toutefois en véritable conte philosophique. Car s'il plonge ses personnages devant des situations absurdes (ou surréelles), le récit va surtout les confronter à leurs existences réelles, leurs satisfactions personnelles ou la vanité de leurs accomplissements. Et forcément, il y a quelque chose de réjouissant à suivre ce quatuor dans leur confrontation intérieur, face au mystère de la vie, au beau milieu d'une comédie régulièrement déjantée.
La pomme n'est pas biblique pour une fois
... MAIS BOF
Malheureusement, comme souvent chez Quentin Dupieux, il y a une sensation d'inachevée ou pire d'inaboutie. C'est véritablement un syndrome dont Dupieux ne semble pas réussir à se dépêtrer (si tant est qu'il en ait envie) depuis plusieurs films (disons depuis Au Poste!) et qui vient régulièrement entacher ses oeuvres récentes. En laissant reposer ses récits sur une idée de la taille d'un post-it plutôt qu'un scénario dense et complet, le cinéaste finit par rapidement tomber dans une histoire superficielle. Alors forcément, malgré la profondeur de certains sujets évoqués, Incroyable mais vrai n'échappe pas à la règle.
Passée une première demi-heure drôle et attendrissante, où le quatuor principal dévoile ses félures, ses envies ou ses espoirs, Incroyable mais vrai tourne vraiment en rond. Un comble pour un film qui dure pourtant seulement 1h14 et dont le scénario pourrait largement s'étirer sur plus de 2h sans qu'on ne voit le temps passer, s'il était pleinement exploité.
Demoustier et Magimel, parfait en couple d'ami aussi très chelou
C'est d'ailleurs l'énième paradoxe de ce Incroyable mais vrai. Si Quentin Dupieux est toujours capable de créer des dialogues savoureux (une scène de dîner où le loufoque semble presque la norme) et de donner vie à ses personnages en seulement quelques phrases, gestes, émotions... il semble aussi déterminé à s'auto-saborder. Le scénario de son dixième long-métrage manque d'épaisseur certes, mais c'est surtout Dupieux qui semble décidé à ne pas en tirer avantage.
Comme si, par peur de trop en faire (ou simplement de mal faire), le réalisateur se refusait à prendre des risques, à véritablement transformer son extravagant délire en tragi-comédie douce-amère, triste et nostalgique. En résulte cet ultime acte baclé à la vitesse de la lumière, venant clôturer un long-métrage qui avançait pourtant à petit pas, au ralenti. Une conclusion anéantissant en quelques secondes toutes les fabuleuses perspectives engendrées par les tourments des personnages et égratignant la jolie fable qui nous était contés.
Lecteurs
(2.0)08/11/2022 à 18:24
Petite idée sympathique de départ qui aurait largement suffit pour un court-métrage mais finalement péniblement étiré sur 1h15. Ca démarre plutôt bien et puis ca tourne en rond (beaucoup de caches-misères en ce qui concerne le budget) jusqu'à ce qu'on assiste au spectacle effarent et lamentable d'un réalisateur uniquement pressé d'en finir avec son propre film et qui le balaye dans un final clipesque et irritant et dont on comprend bien que ce qui l'intéresse vraiment : jouer ses petites notes de synthé. Pitoyable, pas incroyable du tout et vraiment décevant.
04/07/2022 à 23:05
Lol les mecs qui parlent de condenser le budget, Dupieux fait des comédies absurdes pas des blockbuster pour gamins
04/07/2022 à 23:03
Je viens d'y aller. Je trouve votre critique assez juste, en effet quelques scènes bien drôles mais aussi un goût d'inachevé. La partie + mélancolique ne marche pas vraiment et finalement j'ai + apprécié l'intrigue parallèle avec l'organe de Magimel, qui est d'ailleurs exceptionnel en gros beauf friqué. Anaïs Demoustier aussi réussit plutôt bien dans ce rôle à contre emploi, elle qui est habituée à jouer des gentilles filles intello. Une bonne comédie dans l'ensemble.
Par contre, attention, Dupieux est à des années lumières de Blier, lui c'est vraiment le maestro de l'absurde, c'est Beckett en cinéma
28/06/2022 à 19:18
Quand je vais au Mélies à St Etienne je suis sur de voir un bon film. Mais là c'est totalement raté avec cet énorme navet, sans fond, sans forme......
26/06/2022 à 14:23
Comment dire ? On est intrigué au départ, on rigole ensuite et on finit par souhaiter que ça se termine rapidement... Mais que sont venus faire là des personnalités connues comme les acteurs/actrices principaux/les ? Pour moi c'est un véritable navet. À oublier. Vite.
16/06/2022 à 12:16
@leconcombremoisi
Toutes nos pensées t'accompagnent, Ne te laisse pas affaiblir par ton handicap, courage !
J'ai un copain à qui c'est arrivé, c'était terrible, il passait son temps à se croire plus intelligent que les autres et pensais que lui seul avait le monopole du bon goût, et un jour BAM, explosion des 2 chevilles !
Depuis il vit son anticonformiste (qu'il vit comme une obligation) tout seul dans son coin.
on ne l'invite plus au soirées, trop relou le mec...
16/06/2022 à 01:33
Quand un réalisateur joue sur l'absurde voire trop comme certains avec l'humour, comment peut-on faire la différence entre un bon film et un mauvais film de dupieux ( ou d'un autre) ? Si on juge le film moyen c'est que l'on a rien compris ou que le film part trop dans le non sens, ce qui n'a finalement plus aucun sens ?
Mais j'aime bien l'absurde en général mais à condition qu'il ait du sens et pas comme l'art moderne ou abstrait qui n'a de sens que celui que l'on veut bien lui donner,
15/06/2022 à 20:28
Un réalisateur qui propose un autre cinéma ça ne se rate pas :)
Et tant pis ou plutôt tant mieux si il commence ses films en boulet de canon quitte à s'essouffler comme un certain ... Bertrand Blier.
Une vraie contre proposition en ces temps manquant cruellement d'imagination.
15/06/2022 à 19:34
Le daim et réalité sont génial
STEAK
15/06/2022 à 19:16
quand on voit le niveau des commentaires et le niveau de la critique, on comprend qu’on est dans les bas fonds de la critique ciné ici.
Et je m’y plais, ça fait tjs plaisir de côtoyer des gens plus bêtes que soi.