Les Animaux fantastiques 3 : Les Secrets de Dumbledore - critique Voldemorte d’ennui

Antoine Desrues | 21 octobre 2022 - MAJ : 24/10/2022 10:43
Antoine Desrues | 21 octobre 2022 - MAJ : 24/10/2022 10:43

Renvoi de Johnny Depp, propos transphobes de J. K. Rowling et premiers opus globalement peu appréciés : la production des Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore est loin d’avoir été la promenade de santé espérée par Warner Bros. Alors que la major pensait faire de son spin-off d’Harry Potter sa nouvelle poule aux œufs d’or, la saga n’a cessé de décevoir, même en ramenant sur le devant de la scène certains éléments fondamentaux de la mythologie du Wizarding World. Est-ce que ces Secrets de Dumbledore parviennent à sauver les meubles, toujours avec David Yates à la manoeuvre ?

Pfffffsouffle

Après un premier opus qui avait assumé sa dimension "Pokémon Snap dans le monde d’Harry Potter", Les Animaux fantastiques a vite opéré une sortie de route inévitable, en mettant au cœur de son intrigue la menace de Grindelwald et sa relation avec Dumbledore. Résultat, le concept initial de ce spin-off du Wizarding World s’est vu piétiné sans autre forme de procès, comme l’a reflété ce pauvre Norbert Dragonneau (toujours joué par Eddie Redmayne), devenu figurant de luxe de sa propre franchise.

 

 

Dès lors, entre l’ajout perpétuel de nouveaux personnages et la tentative de Warner d’amoindrir l’impact de ses personnalités prises dans la tourmente de scandales divers et variés (Johnny Depp, J.K. Rowling et Ezra Miller), Les Animaux fantastiques 3 s’annonçait comme un navire en perdition, encore moins aidé par ses nombreux retards dus à la pandémie de Covid-19.

 

Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore : photoWarner, contemplant le désastre

 

À vrai dire, le studio est bien conscient de cet aveu d’échec, qui se matérialise dès les premières minutes de film, où un personnage débarque dans le récit en forçant un résumé des précédents opus. La vulgarité du processus n’a d’égal que sa nécessité, tant Les Secrets de Dumbledore souffre de la confusion de ses aînés, qu’il ne peut décemment rattraper.

Le problème, c’est qu’à partir de là, on ne fait plus vraiment face à un film, mais plutôt au rafistolage d’une créature de Frankenstein qui cherche éperdument à corriger les erreurs du passé. Un peu comme L’Ascension de Skywalker essayait de changer le cap dans lequel s'était embarquée la postlogie Star Wars, Les Animaux fantastiques 3 foire sa manœuvre et se coince comme un porte-conteneur dans le canal de Suez.

 

Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore : Photo Mads MikkelsenMads World

 

Colique de la mort

L’exemple le plus flagrant de ce raté réside dans l’envie de remettre au centre de l’équation le bestiaire magique étudié par Dragonneau, quitte à engendrer un ensemble complètement immiscible. En faisant d’une des créatures le MacGuffin du projet, le long-métrage ne nous rappelle que trop bien à quel point il est dépendant de la menace que représente Grindelwald, cette fois incarné par un Mads Mikkelsen qui semble être le seul acteur à vaguement s’amuser sur le plateau.

Si les premiers films jouaient déjà du rapport du monde des sorciers à l’histoire du XXe siècle, Les Secrets de Dumbledore pousse les potards au travers d’une escapade berlinoise décevante, qui voudrait métaphoriser au travers de son méchant les dangers d’un populisme qui a amené Hitler au pouvoir. Pas de bol, une poignée de scènes et de répliques nanardeuses porteront cet étendard, avant que le montage catastrophique ne passe à autre chose.

 

Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore : Photo Eddie Redmayne, Callum Turner"Bonjour, c'est moi, le personnage principal !"

 

C’est d’ailleurs là tout le paradoxe des Animaux fantastiques 3 : le film semble incapable de se concentrer sur le moindre arc narratif, comme un enfant hyperactif qu’il faudrait tout le temps stimuler par de nouvelles idées. Pourtant, un tel postulat supposerait que le rythme global du récit (qui s’étale sur 2h20 !) soit pêchu et suffisamment relevé pour nous faire oublier ses incohérences. À l’inverse, le (très) long-métrage traîne la patte avec une indécence hallucinante. Que les rares scènes d’action soient toutes des pétards mouillés est une chose, mais il faut surtout endurer des tunnels de dialogue d’un ennui abyssal.

D’un autre côté, que pouvait-on attendre de David Yates, dont la présence à la réalisation de la saga depuis Harry Potter et l’Ordre du Phénix a confirmé son statut de yes-man ultime ? Certes, les films du Wizarding World ont toujours pour eux des équipes techniques talentueuses et impliquées, mais la (légère) tenue des compositions de cadres des Secrets de Dumbledore ne peut pas sauver une orchestration pachydermique, faite de bêtes champs et contrechamps incapables de sublimer l’univers flamboyant de Rowling.

 

Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore : Photo Jude Law, Richard CoyleDumblebore

 

Potterhead without a brain

Mais plus généralement, le montage des Animaux fantastiques 3 s’impose déjà comme un cas d’école typique des accidents industriels dans son genre. Outre la pauvreté de certains raccords, difficile de ne pas s’arracher les cheveux devant l’assemblage des scènes, qui sautent du coq à l’âne en donnant l’impression que le spectateur doit combler les trous.

Qu’il s’agisse du destin de Croyance (Ezra Miller) ou du parcours psychologique de Queenie (Alison Sudol), Les Secrets de Dumbledore sacrifie tout ce que le premier volet essayait un tant soit peu de construire, et perd au passage des acteurs tout aussi confus que le public. On sauvera tout au plus Jude Law de cette mollesse générale, celui-ci confirmant une fois de plus qu'il est un choix parfait pour incarner Dumbledore.

 

Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore : Photo Jessica Williams, Callum TurnerAttention, climax mou dans 3, 2, 1...

 

Comme un avion (ou plutôt un phénix) dont on assisterait, fasciné, au crash, on voit le long-métrage lâcher totalement l’affaire, au point de ne plus avoir que son fan-service putassier pour subsister, même s’il n’en fait rien. L’amour entre Dumbledore et Grindelwald est certes enfin explicité à l’écran, mais juste au travers de mots, sans qu’aucune action, ou même un geste, ne viennent entériner ce parti-pris.

Tout est posé sans envie, juste là pour amener les fans à applaudir sans réfléchir au moindre clin d’œil complice, comme on peut d’ailleurs le constater avec le talent gâché de James Newton Howard, contraint de recycler dès qu’il le peut les thèmes de John Williams en dépit du bon sens.

 

Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore : photo, Jude Law, Eddie RedmayneExpelliarnul

 

Et c’est finalement le plus triste dans cet échec. Même dans ses opus les moins réussis, la franchise Harry Potter avait toujours pour elle une certaine exigence narrative et technique. Désormais, Les Animaux fantastiques se contente de raccrocher les wagons pour assurer la pérennité d’un énième univers étendu. On ne pense plus au film ou à ce qui se trouve dans les limites de l’écran. Tout est dirigé vers le hors-champ, vers l’expansion permanente d’un monde qui a pourtant des airs de corps métastasé et plongé dans un coma artificiel.

Face à ce cadavre pourrissant, Les Secrets de Dumbledore ne se contente pas de briser la magie du Wizarding World. Il ennuie au point de nous faire perdre notre âme d’enfant, si bien qu’il réussit un exploit : offrir un produit si vide et aseptisé qu’on l’oublie dès la sortie de la salle. En même temps, pour un film dont l’une des meilleures scènes montre un sorcier ôter physiquement un souvenir de la tête de quelqu’un, c’est ironiquement représentatif.

 

Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore : photo

Résumé

Avec son casting sous Lexomil, sa narration confuse et ses péripéties amenées n’importe comment, Les Animaux fantastiques 3 condense tous les travers du blockbuster moderne chiant et grisâtre, qui n’a plus que son fan-service pour exister. Tragique pour nos amis les sorciers.  

Autre avis Mathieu Jaborska
Les innombrables problèmes de production et les manœuvres désespérées d'un studio ne sachant plus quoi faire de sa licence aboutissent à une sorte d'improvisation générale aux failles béantes, qui serait amusante si elle ne les colmatait pas avec des tunnels de dialogues niais et un MacGuffin qui tue dans l'œuf sa réflexion politique. Belle perf'.
Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.6)

Votre note ?

commentaires
mathieu
03/04/2023 à 03:16

Un film plat. Un scénario pauvre au ficelle grossière et au intrigue si emmêler quelle nos perde. Le personnage principale (Dumbledor) parait être si formidable qu'il fini par être qu'un Gary sue auquel on perd tout attachement. Les nombreux clin d’œil en devienne lassant et les rarissime moment qui nous montre enfin des animaux fantastique se révèle assez peux imaginatif ne tirant pas partie de se qui nous a été appris nous faisant donc perdre de l’intérêt sur ces créatures qui devienne alors de simple comic relief utilisé dans des blagues peux inspiré lorsque le scénariste se rappel le nom du film.

Une déception me rappelant que cette univers n'est pas le produit d'un travail abouti mais surtout le résultat d'une pulsion de sa créatrice suite a des oublies ou des envies d’intégrés des éléments sans jamais se questionné sur leurs cohérence dans l'univers...
Moi qui m'était passionné pour cette univers ce film m'en a malheureusement dégouté d'harry potter. Une oeuvre sans âme sans propos et sans recherche ou la seul chose qui vous fait ressentir quelque chose est la musique, seul point positif du film a mes yeux.

Par contre je suis contre l'avis que la pandémie aurait fait du mal a ce film. Il souffre de son scénario, comme son prédécesseur, et le temps n'aurais rien pu faire a cela.

Chris11
25/06/2022 à 08:46

Bon ce n'est pas le ratage absolu mais c'est vrai qu'il est pas terrible et atteint, comme beaucoup de films récemment, d'une absence quasi totale de direction de scénario qui tient un tant soit peu la route. Comme Spiderman NWH, comme Jurassic World 3, ils ont mis un casting, quelques effets et hop, on mélange 2 minutes et c'est prêt. Et c'est bon comme un truc prêt en 2 minutes c'est pas bon. Mais on a plus faim.

Kittim
30/05/2022 à 22:20

Une vraie catastrophe ce film. Déjà j'ai beau me creuser la tête, je ne me souviens pas d'un film avec un personnage "principal" aussi inutile et sans charisme que Newt. A part sa danse du crabe j'ai aucun souvenir de lui dans ce film.
D'ailleurs, je viens de le finir et je serais bien en peine de dire ce qu'il s'y passe...
On a des nouveaux personnages tous plus fades les uns que les autres (mention spéciale au frère Lestrange), des biches assez moches, une histoire presque sans queue ni tête...

En vrac, ce qui m'a fait tout de même "rire" :
- Grindelwald qui n'a aucun plan pour Credence, il l'envoie juste tuer Dumby avec sa b...aguette et son couteau
- Le même Credence qui change de bord dans les 4 minutes et demi où on le voit dans le film, parce que Dumby lui dit en passant "non mais tu vois en fait Gellert il est pas gentil"
- Tina qui a disparu, j'ai lu ça et là que c'était en raison de son opposition aux propos "antitrans" de Rowlings, j'espère que c'est faux
- Le fait que le seul personnage à peu près sympathique soit un Moldu. Le seul Moldu. Dans un film de la franchise Harry Potter. Problème.
- Dumbledore a un coeur pur ? AH !
- Et encore une fois Newt, mais boudiou quelle absence de tout ce pauvre garçon...
J'ai pourtant grandi avec les tomes d'HP puis les films, je suis donc bien la cible mais décidément je ne trouve quasiment rien à garder de ce truc. 1,5 étoiles me semble honnête, ni plus ni moins.

Ils auraient sans doute dû s'en tenir au récit Dumbledore / Grindelwald, virer tout le côté animaux inutile (et Newt inutile avec). Ou passer en avance rapide et montrer la première guerre contre Voldemort, il y a pas mal à dire, un beau potentiel de combats, de moments héroïques, de fan service avec les têtes connues... Mais non, valait mieux faire Bambi vs le Brokeback Mountain du pauvre apparemment.

AureliusLV
25/05/2022 à 13:23

Vous n'y allez pas de main morte sur la note ! Je suis plutôt d'accord sur les lacunes, principalement scénaristiques, du film, où on sait pas trop où on va, tout semble laborieux et bordélique, sans moment marquant. Néanmoins, ça reste un film divertissant pour peu qu'on ait pu s'attacher au casting, et avec pas mal de ressorts jouant sur la surprise. Je l'ai préféré au précédent et je m'attendais à pire. Le premier reste de loin le meilleur car il a l'intelligence de prendre le temps sur les personnages et animaux importants et d'amener une intrigue indépendante et bien menée, avec notamment les "chasseurs de sorcières" et la famille d'orphelins de Croyance, qui, je le regrette, est bien mal exploité dans le dernier film. Au final, on a une conclusion divertissante, mais prévisible. Je le conseille pour aller au bout des intrigues en se laissant porter, sans imaginer un truc de fou (y a quand même pas mal de choses à savourer)... mais je conseillerais aussi à Warner Bros d'arrêter là pour les Animaux Fantastiques et de finalement miser sur une autre intrigue, avec d'autres acteurs, pour la Seconde Guerre Mondiale et le combat ultime entre Dumbledore et Grindelwald... En arrêtant de faire traîner l'inutile et en exploitant une dernière fois l'univers dans un double film bien rodé, je suis sûr qu'ils peuvent faire un truc génial...

Moi3456
21/04/2022 à 03:42

Voldemorte ??

MaxdeRMV
20/04/2022 à 21:05

C'est vos critiques éclatées sans réel fondement et à un pseudo-intellectuel d'huitre qui ruine une oeuvre.
La franchise des animaux fantastiques est loin d'être l'oeuvre médiocre que vous décrivez, tant le scénario que l'acting. Pour ce qui est du visuel, c'est tout bonnement magnifique. Alors certes quelques "incohérences" avec l'oeuvre initiale peuvent être soulignées, mais de là à remettre en cause et dépeindre ces films comme des "nanards" mais svp ...
Arrêtez vos articles tout moisis, sans fondements. Vous n'aimez pas ok, mais restez objectif.
A vous lire, on devine simplement que vous n'aimez pas et que vous voulez en dégouter les autres.
Critiques de cinéma à 2 balles.

Tom M
20/04/2022 à 19:37

Honnêtement je ne sais pas quoi penser de ce film, tant il possède des qualités indéniables, mais aussi de gros défauts à commencer par la multitude de sous intrigues qui viennent percuter la trame principale de l'histoire et un montage vraiment laborieux qui contraint le spectateur à passer d'une scène à l'autre sans aucune véritable cohérence.

Reste tout de même un Jude Law qui s'impose comme un parfait Dumbledore, des effets spéciaux réussis contrairement aux précédents films qui étaient brouillons en la matière et quelques moments forts comme la scène d'introduction.

Pour moi, Dumbledore était un personnage suffisamment riche et intéressant pour justifier à lui tout seul une nouvelle saga orientée vers lui et son affrontement idéologique avec Goldberg Grindelwald à la manière d''Harry Potter vs Voldemort. Sauf qu'au lieu de ça les auteurs se sont perdus avec les animaux fantastiques qui servent juste de prétexte pour relancer une franchise à la peine qui s'appuie du coup sur une histoire bancale sans véritable héros et surtout mal anticipée à la manière des derniers Stars Wars. Dommage

Oni
20/04/2022 à 00:54

"Mads Mikkelsen qui semble être le seul acteur à vaguement s’amuser sur le plateau."

Mais c'est une blague cette article, Mads Mikkelsen ? Vraiment ? Un Grindelwald qui n'a qu'une émotion à son actif ?

Les animaux fantastiques 3 était très agréable à voir, les personnages sont bien écris, les combats sont les mieux réussis de ces spin off, on continue de découvrir le magnifique bestiaire de cette saga (assez logique vu le nom du film), les 2h20 passent en un éclair.

Seul déception, la tournure avec Tina et le choix de casting pour Grindelwald.

Et justement la reprise des thèmes de John Williams ça nous redonnait un petit coup de nostalgie et ça ne manque pas de sens sachant que c'est quand on voit Poudlard.

Bref la seule chose qui est mauvaise ici c'est cet article.

moutback
19/04/2022 à 13:10

en vrai pour moi, il faut avoir lu les livres harry potter pour vraiment apprécier les films! c'est tous les détails absents des films qui sont le terreau de cette franchise! Et perso, je préfère le nouveau Grindelwald! Plus conforme à mon idée et aux goûts de Dumbledore! enfin c'est mon avis!

Flo
14/04/2022 à 12:36

"Les Animaux, les amis mâles, et leurs maux dont ils ne veulent dire mot"


Il y a bien du mieux par rapport au précédent, épisode de transition qui tournait trop autour du pot entre divers mystères tortueux, et n'utilisant pas à plein le potentiel séduisant de Jude Law et Johnny Depp.

Ici tout est clair et essaie moins de sur-scénariser : étant dans un prequel, il est évident qu'il n'y aura toujours aucune audace faisant basculer les guerres entre sorciers jusque dans le monde des humains/moldus, car ça serait un évènement trop marquant pour être effacé par facilité - mais dans une autre Saga future, peut-être ?
Tout est confiné pour ne rien empiéter sur l'importance des volets centrés sur Harry Potter, et donc tout restera circonscrit à un seul monde... Qui sera surtout le reflet à la fois de l'époque passée (qui justifie le discours de Grindelwald) Et actuelle - la montée des Extrêmes bien sûr.

Que raconter dans ce cas-là ? Et bien, une fois les bases bien, bien posées, il s'agira surtout de continuer à faire exister la marque Wizaring World, mais en s'amusant plus ouvertement à créer de jolies moments esthétiques, entre-autres. D'ailleurs ce n'est pas le seul cas au sein de la Warner, qui propose d'autres gros films franchisés Tout Public, aux héros fragiles "acceptables" et à l'imagerie chic/monochrome, mais aux scenarii à la fausse complexité ("Dune", "The Batman"...). Des trucs pour enfants qui se prennent pour des adultes, et qui attendent un jour de pouvoir péter les coutures dans leur Saga.
On y est aujourd'hui avec ce troisième opus des "Animaux Fantastiques" : plus aucun intérêt à y démêler quoi que ce soit de profond et de trop politique dans le scénario, complexifié surtout par des codes surnaturels impossibles à comprendre, où le "Chut, c'est Magique !" devient plus cinématographique, voir sensitif. Même si la présence de Steve Kloves comme co-scénariste permet à peine de garder une cohérence, en incluant même des résumés d'intrigues (amusants) pour ceux qui ont eu de la peine à suivre tout ce qui se passe.
Le réalisateur David Yates a beau être coincé depuis 15 ans dans des couleurs grisâtres matinées de numérique (pas toujours très lisible), ici on peut sentir que grâce à ce scénario moins lourd, il se libère plus dans sa mise en scène, pour créer des instants qui ne sont pas qu'efficaces et surtout, sont encore mieux composés artistiquement. Sans non plus égaler l'Expressionnisme d'époque, et avec encore quelques carences de rythmes, il y a suffisamment pour régaler les yeux sur un grand écran.
Et même si Poudlard (et donc les films d'Harry Potter, la musique de John Williams etc) restent le Centre de cet univers, il y a là aussi suffisamment d'Aventure, dans des course-poursuites autour du Globe, à base d'espions et de valises précieuses - filmées non pas comme du Indiana Jones, mais comme du Le Carré pour les gosses.

De plus, sans avoir à nouveau à suivre le "cheminement de l'Élu" qui soutenait toute l'histoire de Harry, et qui est très prévisible - découverte, apprentissage, pertes, traumatismes, acceptation, épanouissement - il se confirme que ces "Animaux..." reposent majoritairement bien sur l'idée de ne justement pas suivre un itinéraire trop balisé, où l'on prédirait facilement comment réagirait les personnages dans l'intervalle n'ayant bénéficié d'aucune description dans l'univers canonique de la Saga :
Ainsi Norbert Dragonneau étant un (anti ?) héros bel et bien adulte/autiste (d'où son manteau bleu ?), il ne peut donc avoir un parcours lui permettant de devenir un leader très sûr de lui, capable de tenir des discours galvanisants et forts. Ce n'est pas sa nature, on doit alors accepter qu'il ne soit pas un protagoniste plus actif, mais néanmoins bon et volontaire.
- de plus, il n'est pas explicitement désigné comme autiste par les autres car évidemment les termes existants dans les années 30 seraient soit injurieux (retardé, idiot...), soit bienveillants mais assez infantilisants (timide, lunaire...). Ici on ne le réduit pas à un terme médical évident. Et même en étant interprété par un acteur neurotypique, il existe juste tel qu'il est, sans qu'il y ait toujours du jugement à son égard. Sûrement une idée fixe de JK Rowling, qui peut également passer pour de la pudeur british -

Si Dumbledore et Grindelwald (recasté sans explication diégétique) sont plus explicitement des décalques de Xavier et Magnéto - le côté "X-Men" est pertinent, et on y a même une "prof Hicks/X" - donc des archétypes politiques entre modérés et extrémistes, leurs échanges ponctuels toute en douceur grave les orientent vers des blessures secrètes, romantiques et irréparables. Les fameux "Secrets" du titre, liés également au frère taciturne Alberforth.
Jude Law et Mads Mikkelsen les jouent tout en subtilité.
Quant à Croyance (à l'ascendance enfin éclaircie), il s'impose surtout comme un anti Harry Potter, un Élu puissant qui n'aurait pas été recueilli à temps pour ne pas devenir une arme vivante, et souffrant continuellement comme une plaie ouverte.
Selon la logique réactive de cette série de films, il ne pouvait pas nécessairement être le personnage central.

Selon sa logique de production, les acteurs font le job, essaient de petites choses mais n'y sont utilisés que s'ils présentent un intérêt dans l'instant.
Tina Goldstein n'était plus très convaincante ? Cette fois elle se met à l'écart et Lally Hicks prend aisément sa place (très charismatique Jessica Williams).
Les hauts et bas de l'histoire romantique entre Jacob et Queenie n'ont pas toujours grand sens ? Grindelwald rate sa prise de pouvoir belliqueuse ?
Aucune importance, le seul but est maintenant d'atteindre l'optimisme au lieu d'exploiter facilement la noirceur.
Les personnages secondaires ? Fonctionnels, peu facultatifs.
Les Animaux ? Toujours là dans un but d'émerveillement et de sentiment Écologique, voir même Animiste.

JK Rowling semble vouloir contrecarrer une ambiance apocalyptique qu'on voyait venir de très loin, et dont l'issue va prendre son temps - jusqu'en 1945 ?
En attendant, ce film là sait se conclure de manière claire (mais avec un fort sentiment de mélancolie). Et le spectacle visuel vaut bien le détour.

Plus
votre commentaire