Murder Party : critique du A couteaux tirés français bidon

un crime aux airs de déjà vu...

"Le vendredi chez les Daguerre c'est Murder Party !", telle est la grande tradition au sein du manoir Daguerre, habité par la famille qui a créé les célèbres jeux de société portant son nom. Une bande à laquelle se retrouve confrontée Jeanne (Alice Pol), architecte en besoin de contrôle permanent et pleine d'ambitions, qui se voit confier la rénovation de l'immense demeure à la valeur inestimable. Mais alors qu'elle rencontre un Eddy Mitchell en costume trois-pièces, qui s'autorise une blague de mauvais goût à base de roulette russe, elle décide de quitter les lieux, visiblement tenus par une famille à l'excentricité désarmante. 

Manque de chance pour Jeanne : à peine ses talons tournés, le doyen du manoir est retrouvé mort, face à ses proches épris d'effroi. Il y a là comme un air d'un film applaudi par la critique et le public, sorti trois ans plus tôt, à savoir À Couteaux Tirés... C'est alors qu'une voix, digne d'une émission aux secrets torrides que l'on a bien connus durant des années, prend place dans le manoir pour inciter chaque personne présente sur place à jouer à un jeu. La règle est simple : le meurtrier est parmi eux et, ensemble, ils devront découvrir de qui il s'agit, en réalisant des épreuves ô combien périlleuses. Et si l'un des joueurs choisit de ne pas jouer ou de dénoncer le mauvais coupable, il sera tué à son tour. 

"Bienvenue au Manoir Daguerre"

De toute évidence, Murder Party semble avoir puisé des inspirations auprès de films appréciés. Le fameux long-métrage signé Rian Johnson bien sûr, mais aussi un tout autre film, français cette fois-ci : La Belle Époque, que l'on doit à un certain Nicolas Bedos, qui s'amusait là à nous faire perdre la tête dans une nuée de vrais et faux. Murder Party parvient à nous embarquer dans son univers rétro avec une direction artistique qui fait rayonner la pellicule.

Les décors sont presque des personnages à part entière du récit quand les costumes font pétiller la rétine et apportent un quelque chose digne d'une superbe bande-dessinée fantasque. L'histoire réussit à nous embarquer hors du temps : une époque où le smartphone existe certes, mais où l'esthétique des années 40-50 est aussi léchée que dans un musée aux couleurs irradiantes. Mais à cause d'un trop plein d'idées, d'envies et d'influences, Nicolas Pleskof tue non pas ses personnages, mais bien son intrigue, avec un dénouement qui fait rugir de déception. Et ainsi, malgré quelques prises de risques, le film finit par s'écrouler,

Soie rose et Kalachnikov pour Pascale Arbillot

le revers de la farce

Ce qui dessert véritablement le film, ce n'est pas tant l'intrigue et le dénouement (en toute objectivité, certains devraient y prendre goût). Ce sont plutôt les gags, coups de bluff et farces qui laissent s'essouffler une base qui semblait pourtant à peu près solide aux premiers abords.

Soyons clairs et de bonne foi : l'idée de départ, accompagnée de Miou-Miou, Alice Pol, Pablo Pauly, Pascale Arbillot, Sarah Stern, Gustave Kervern et Zabou Breitman était très alléchante. Impossible de ne pas avoir envie de se laisser prendre au jeu de cette comédie qui nous invite à jouer aux détectives avec ses personnages délirants qui ne cessent de se tirer dans les pattes. Mais au fil de l'intrigue, la longueur commence à peser et on réalise rapidement que les rires ne sont pas au rendez-vous. La faute à un scénario qui manque d'habileté et finit par devenir redondant et lassant.

Sarah Stern et Miou-Miou

On dit souvent des comédies qu'elles sont les plus complexes à écrire, car le bon dosage d'humour et de répliques cinglantes est difficile à trouver. Seulement, Murder Party éclabousse de blagues sans saveur, ne sortant finalement pas vraiment des sentiers battus, hormis lors de deux tentatives de plaisanteries sur l'inceste, qui apporte davantage de malaise que de rigolade.

Dans Murder Party, la parodie est tirée par delà son apogée, devenant un kit complet de personnages stéréotypés, frisant le ridicule. Toute l'histoire et la mise en scène dépassent largement la caricature. Pascale Arbillot incarne la belle-mère mal-aimée, Sarah Stern renfile les gants de miss Bouzole version années 50 à s'extasier devant son miroir comme elle avait pris l'habitude de le faire dans le rôle de Stéphanie des Tuche. Miou-Miou, quant à elle, se met dans la peau de la tante avare aux airs pincés. Ce qui aurait pu être un agréable moment, autrement dit chez les Daguerre "un petit jeu en famille", vire en fait au pathos malgré tous les espoirs envisagés. 

Outre une intrigue qui dessert la surprise, parsemant quelques indices bien trop gras sur ses personnages et un humour qui ne prend pas, Murder Party reste un moment de divertissement léger. Et franchement, il est tout à fait possible d'y adhérer, à condition de ne rien attendre de stupéfiant et hors du commun. Car à la sortie de projection, on se dit surtout que Pleskof s'est sûrement lancé un trop grand défi pour un premier long-métrage.