Catwoman : Hunted - critique qui n'a pas de quoi fouetter un chat

Arnold Petit | 4 mars 2022 - MAJ : 04/03/2022 19:31
Arnold Petit | 4 mars 2022 - MAJ : 04/03/2022 19:31

Alors que The Batman accaparait toute l'attention au cinéma, la voleuse de Gotham a planté ses griffes dans les films d'animation de DC avec Catwoman : Hunted, disponible depuis le 23 février en VOD, DVD et Blu-ray. Écrit par Greg Weisman (créateur du génial Gargoyles et de La Ligue des justiciers : Nouvelle Génération) et réalisé par Shinsuke Terasawa (Dragon Ball Z : Broly le super guerrier, XXXHOLiC), ce premier long-métrage d'animation sur Selina Kyle entre braquage, action et animation japonaise a bien du mal à retomber sur ses pattes.

Attention : légers spoilers !

Signé Catwoman

Avec son générique coloré à l'esthétique rétro et minimaliste et ses envolées de jazz qui rappellent immédiatement Cowboy Bebop et Lupin III, Catwoman : Hunted surprend, détonne, avant même d'avoir commencé. Contrairement aux productions habituelles de Warner Bros. Animation, comme l'horrible Justice Society : World War II ou l'adaptation catastrophique d'Injustice sortie juste avant, ce nouveau film d'animation DC possède une identité visuelle et le montre.

Dans un style emprunté à l'animation japonaise, le réalisateur Shinsuke Terasawa (qui a justement travaillé comme animateur sur Lupin III: Le trésor d'Harimao et Lupin III : Mort ou vif) reprend les designs, les codes et l'humour burlesque des animes et des oeuvres autour du petit-fils du gentleman cambrioleur pour présenter une autre vision dans ce long-métrage d'animation, le premier consacré à Catwoman seulement, malgré ses 80 ans d'existence et la place qu'elle occupe dans le coeur de Batman et l'univers de DC.

 

Catwoman : Hunted : photoTout en finesse

 

Restée dans l'ombre du Chevalier Noir hormis pour un malheureux court-métrage de la collection DC Showcase en 2011 (inclus avec Batman : Année Un), Selina Kyle est désormais libre d'écrire son histoire, qui commence, comme souvent, par un braquage : après avoir volé une émeraude unique au monde appartenant à Black Mask et à l'organisation criminelle Léviathan, dirigée par Barbara Minerva, elle se retrouve avec tout un tas d'ennemis à ses trousses, contrainte de collaborer avec Batwoman et les agents d'Interpol Julia Pennyworth et King Faraday pour se débarrasser du syndicat du crime.

Un scénario simple, sans surprises, qui le reste jusqu'au bout. Derrière quelques références assez drôles à certains héros et toute une galerie de personnages féminins ou oubliés qui sont trop rarement mis en avant dans les films d'animation DC, Catwoman : Hunted n'a rien d'autre à proposer qu'une série d'affrontements plutôt sympathiques, mais parfaitement négligeables.

 

Catwoman : Hunted : photoSi la chauve-souris n'est pas là, une autre la remplace

 

Oreilles pointues et Pattes de chat

Après une affreuse et interminable course-poursuite en images de synthèse, clairement inspirée par les Château de Cagliostro, Sherlock Holmes et autres productions de l'époque, le rythme ne ralentit plus et l'histoire suit le même schéma qu'un jeu de combat, alternant entre action et moment de répit en passant d'une destination à une autre, mais sans jamais tirer parti de cette traque à travers le monde.

Les pérégrinations de Catwoman et Batwoman les amènent à se rapprocher l'une de l'autre malgré leur opposition et il est plus que réjouissant de voir la voleuse aux côtés d'un autre personnage que Batman ou Harley Quinn. Cependant, alors qu'il rappelle la bisexualité de Selina Kyle en installant une tension sexuelle explicite avec Kate Kane (notamment dans une scène gratuitement sexualisée, mais assez drôle), le film ne développe aucune intimité entre les deux femmes, juste la traditionnelle dynamique de buddy movie dans une ambiance cartoonesque.

 

Catwoman : Hunted : photoC'est un, deux, trois et on la cogne ou un, deux et on la cogne à trois ?

 

Comme trop souvent, malheureusement, Catwoman n'est représentée que comme une femme malicieuse et sexy qui use essentiellement de ses charmes pour arriver à ses fins, et les rares éléments permettant d'approfondir un tout petit peu sa personnalité, comme ses motivations (pourtant nobles) ou son attachement instinctif à Batman, restent inexploités. Son personnage manque donc d'émotion, de sensibilité, et ses répliques affligeantes prononcées sur le même ton langoureux la rendent encore plus désincarnée.

À l'inverse, avec son air sévère derrière lequel elle dissimule une vulnérabilité qu'elle a du mal à assumer, Batwoman est plus que convaincante et méritait bien mieux que de servir d'acolyte à Catwoman face à Black Mask, Cheetah et leur clique de méchants de fonction.

 

Catwoman : Hunted : photoRarement Black Mask aura été aussi inutile

 

SUPER SMASH WARNER BROS.

Sans histoire à offrir, Catwoman : Hunted essaie donc de se faire pardonner avec son style graphique et ses scènes d'action. Chaque combat est plus gros que le précédent et Catwoman et Batwoman affrontent tour à tour les mercenaires envoyés par Léviathan, les membres d'Intergang et différents méchants de l'univers de DC, mais aussi des sbires en armures robotiques, des monstres, des démons ou encore des ninjas de la Ligue des Ombres lors d'un combat sur la tour Eiffel.

Le travail du studio OLM Inc. (connu pour avoir travaillé sur Berserk et la plupart des films et séries Pokémon) et de Shinsuke Terasawa se remarque grâce à des idées aussi simples qu'un montage en écran partagé ou des mouvements de caméra, plus soignés et dynamiques que d'habitude. Cela dit, l'animation est encore trop limitée pour impressionner et ne possède pas le caractère de Batman : Gotham Knight ou la folie de Batman Ninja.

 

Catwoman : Hunted : photoÇa s'annonce mal

 

Pourtant, à travers quelques effets de styles, les acrobaties de Catwoman qui répondent aux coups de Batwoman ou la magnifique bande-son de jazz de Yutaka Yamada (dans la veine de ses compositions pour Great Pretender et des musiques de film de braquage), le film réussit parfois à insuffler une énergie stimulante. Pas assez pour offrir le spectacle espéré et annoncé, mais suffisamment pour divertir pendant 1h18.

Au final, alors qu'il devait être une nouvelle rencontre excitante entre l'animation japonaise et l'univers de DC, Catwoman : Hunted est surtout une occasion manquée, mais qui en appelle une autre. Et avec un scénario cette fois.

Catwoman est disponible en VOD, DVD et Blu-ray depuis le 23 février.

 

Catwoman : Hunted : photo

Résumé

Catwoman : Hunted n'apporte absolument rien à la voleuse et n'essaie même pas de le faire, mais compense la pauvreté de son scénario et de ses personnages par son style rétro d'inspiration japonaise, sa bande-son jazzy et la générosité de ses scènes d'action.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire