Super-héros malgré lui : critique qui souffle Lacheau et le froid

Simon Riaux | 16 septembre 2022 - MAJ : 19/09/2022 15:26
Simon Riaux | 16 septembre 2022 - MAJ : 19/09/2022 15:26

Un film de super-héros qui dure moins de trois heures, respecte ses personnages en leur infligeant les pires outrages, sans oublier de divertir ? C’est possible, et c’est Super-héros malgré luile nouveau film de Philippe Lacheau.

DÉCÈS COMIC

À la manière d’un élastique de slip trop serré rencontrant soudain une gonade innocente, l’humour de la Bande à Fifi souffle sur la comédie française depuis le succès surprise de Babysitting. Source d’un maelstrom de débilités, tantôt réjouissantes, tantôt affligeantes, le chef d’orchestre Philippe Lacheau poursuit son jeu d’hommages et déconstructions de la pop culture entamé avec Nicky Larson et le Parfum de Cupidon. Mieux, il parvient à gommer plusieurs des limites parfois embarrassantes de son style aisément reconnaissable.

 

 

Avec son adaptation de l’œuvre de Tsukasa Hôjô, Lacheau avait su utiliser à plein la dimension souvent la moins commentée de son cinéma, à savoir son goût pour une forme de fantaisie naïve, basée sur de surprenantes ruptures de ton. Peut-être plus encore que City Hunter, la geste des super issus des maisons Marvel ou DC lui offre un terreau jubilatoire.

  

Super-héros malgré lui : photo, Philippe LacheauLa vie est un combat

 

En témoignent cet aigle qui arrache soudain un enfant pour le boulotter, un affrontement contre des braqueurs tout droit sorti de La Chèvre, ou une joute surréaliste à coups de morceaux de décors en mousse, et quantité d’autres trouvailles qui surprennent et confèrent à la comédie une dimension rafraîchissante.

Ces irruptions d'authentiques bizarreries au sein d'un récit mené tambour battant font un bien fou, mais pas autant que le goût de la mise en scène pour un humour burlesque, qui use du comique de situation à la manière d'un lance-flamme, pour porter à incandescence chaque rebondissement. Sitôt les corps en jeu, le découpage s'allie idéalement au montage pour décupler l'effet de chaque gag. Ces derniers abondent, tant et si bien qu'on ne compte plus les grands écarts faciaux, chutes et chocs qui accablent les personnages. Leur effet est pourvoyeur d'un humour résolument neuneu, voire franchement con, presque toujours manié avec intelligence.

 

Super-héros malgré lui : photo, Philippe LacheauL'a chaud Philippe

 

EN HAUT DE L'AFFICHE

Une frénésie qu'on retrouve également dans la structure de l'ensemble, qui parvient à traiter des conflits ou enjeux de son protagoniste avec un sérieux certain, en à peine 82 minutes. Une rapidité qui se traduit par un tempo ahurissant dans lequel la moindre séquence, fût-elle percluse de vannes, est toujours signifiante, pensée pour faire progresser notre anti-héros et l'amener à résoudre ses lourdes problématiques existentielles (un déficit de reconnaissance paternelle, une histoire d'amour flinguée, et une regrettable propension à faire l'hélicoptère devant les enfants).

On retire de cette intensité narrative une euphorie énervée d'autant plus jouissive pour les amateurs de comédie que Lacheau parvient à alterner les genres avec malice.

 

Super-héros malgré lui : photo, Philippe LacheauIl bande dessiné

 

C'est le cas quand il introduit, au détour d'une des nombreuses confrontations quasi-méta de son histoire, une dimension de vaudeville, ou qu'il s'amuse à pasticher les Avengers. Ces passages où le comédien, scénariste et réalisateur se frotte directement à l'imagerie des blockbusters ont pour eux d'être très correctement chorégraphiés, drôles, souvent aux marges de la parodie, mais mus par une sincérité salvatrice.

On pourra regretter, notamment durant le dernier acte, que ces joutes s'avèrent trop brèves, notamment quand elles mélangent véritable baston, et orgie d'accessoires en mousse. Les idées sont là, le plaisir de les tordre également, tant et si bien que la résolution paraît presque trop courte. Léger, drôle, parfois imprévisible, Super-héros malgré lui exigera néanmoins de son public qu'il supporte la verrue plantaire qui handicape la plupart des propositions de la Bande à Fifi : une laideur qui ferait passer Gérard Larcher pour un Rembrandt.

 

Super-héros malgré lui : photo, Philippe LacheauStupeurman

 

Dès que le film ne se mesure plus à l'imagerie du grand spectacle, il s'embourbe dans une photo pâlotte, qui interdit à sa myriade de plans moyens de nous marquer la rétine. Un constat d'autant plus dommage que cette tare s'évanouit dès qu'une idée apparaît, qu'un banc de poissons ou un canard se fait massacrer.

C'est le dernier écueil qui se dresse encore devant le rire contagieux de la mauvaise troupe, dont on remarquera que si elle demeure obsédée par les blagues à base de testicules, de phallus ou de tout interstice susceptible de les accueillir, elle a su se départir de l'homophobie ordinaire qui minait ses précédents efforts.

 

Super-héros malgré lui : Affiche française

Résumé

Un régal de blagues bourrines, de comique de situation et de contagieuse débilité, limités par la laideur de plusieurs scènes.

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Lecteurs

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commentaires
Flo 1
14/02/2024 à 20:24

Après son Nicky Larson (et pas du tout City Hunter), qui ratait complètement son hommage à la burlesque VF d’origine pour se contenter d’être un doudou des années Club Dorothée, avec quelques scènes d’action techniquement plus exigeantes…
Philippe Lacheau fait ici la même chose, mais avec les super-héros… du cinéma (lire un comic des New Gods ne compte pas). Mais en se mesurant à Hollywood tout en se contentant de mettre une tonne de références trop connues à chaque scène (Batman), on a à nouveau un film où les idées ne s’agrégent pas ensemble.
Niveau scénario, l’auteur se contente de raconter Encore l’histoire d’un jeune homme calamiteux qui doit apprendre à être adulte et responsable, entre deux blagues de cul, avec ses acolytes, des enfants, des animaux qui se font casser la figure…
On se retrouve d’une part une mise en abîme cinématographique qui ne marche pas : en gros il joue l’équivalent du lourdaud Chris Pratt engagé chez Marvel, mélangé à Jason Bourne et au « Volt » de Disney, mais on ne comprend pas comment cette production peut avoir des gadgets aussi sophistiqués. Et en plus s’y glisse une intrigue criminelle assez molle.
D’autre part on a une sous intrigue amoureuse lointainement inspirée de « Prisonniers du Passé », mais qui devient ici un coup de théâtre poussif faute d’avoir été traitée à fond. Dommage, car s’il avait été un peu moins pudique au niveau des sentiments, Lacheau aurait pû nous offrir un super opus romantique caché sous le gras de la comédie.
En 1 heure 20, on se retrouve vite à court d’action et d’émotions… Peut mieux faire.


20/09/2022 à 13:08

Une catastrophique totale. J'ai vu ce navet et le film du Palmashow le meme jour et c'est le jour et la nuit.

Ce film est stupide, centré sur des blagues de caca d'enfant de 8 ans servit par des acteurs pathétiques. Le film dure 1h20 et j'ai largement eu le temps de m'ennuyer.

Le Palmashow développe de vrais personnages et une critique sociale et médiatique dans un film vraiment drôle mais aussi émouvant.

Il vaut vraiment arrêter de supporter Lachaux et sa bande. C'est peut-être sincère, mais c'est mauvais et de vide de propos.

Mudman
17/09/2022 à 10:52

On comprend rien aux dialogues... Sont-ce bien des acteurs professionnels?

Tristan
17/09/2022 à 08:25

D une nullité incroyable.

BOFobie
16/09/2022 à 23:32

Des films de super héros traité avec humour et ironie ,il y en a à la pelle chez les "ricains" eux même !
Meteor man , blankman , Super Héros Movie, DEFENDOR 2009...

Même le Saturdau Night Show

Bref rien de revolutionaire...

fifi lachose , du "Télevisuel pour GRAND ECRAN" ni plus ni moins !

John Spartan
16/09/2022 à 23:06

Je l'ai vu, j'm'en souviens que très peut, ça veut tout dire.
Pourtant j'aime bien leurs univers en général.

spidy
16/09/2022 à 22:28

Au contraire de la plupart des avis ci dessous, je l'ai trouvé moins drole que tous les autres films de la bande. Pourtant je suis client de leurs films. Nicky larson était bien chouette.

Flash
16/09/2022 à 20:39

J’ai rigolé plusieurs fois, donc cette comédie fait le boulot.

X-or
20/06/2022 à 07:52

La maîtrise du rythme, du tempo est la première qualité du film.
À chaque plan, un ou plusieurs gags.
Du comique de situation essentiellement mais 1h25 essentiellement. Pas un segment ne m'a paru moins drôle que l'autre tant le film n'a que comme seule ambition la blague.

Très très très très nettement supérieur au film du Palmashow

Sley
09/06/2022 à 19:08

J'ai vraiement pas accroché. Depuis baby sitting, les films dviennent de pire en pire...Celui là est le pire

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