Pokémon : Les secrets de la jungle - critique qui pense à Tarzan sur Netflix

Elliot Amor | 11 octobre 2021
Elliot Amor | 11 octobre 2021

Sorti dans les salles japonaises en décembre 2020, le dernier film de la licence Pokémon atteint nos frontières via la plateforme Netflix avec presque un an de retard. Sans ses amis, Sacha s'embarque dans une nouvelle aventure visant à introduire un nouveau monstre de poche très attendu.

Ensemble pour la victoire

Pour ce vingt-troisième long métrage, Sacha et Pikachu se rendent vers la forêt d'Okoya, un lieu exclusif au film qui abrite une végétation capable de soigner n'importe quelle blessure. Mais surtout, cette jungle est le foyer de Zarude, un pokémon inédit que les joueurs et joueuses de Pokémon Épée & Bouclier ont pu se procurer cette année (sauf s'ils ont manqué de suivre l'actualité du jeu comme l'auteur de ces lignes).

Le film se déroule dans la continuité de Pokémon, le film : Je te choisis ! qui a, en quelque sorte, servi de reboot à la saga en 2017. Le dresseur éternellement jeune et sa petite boule de poils électrique font la rencontre que Koko, un garçon du même âge qui ne parle pas le langage des humains, mais comprend tous les pokémon. D'ailleurs, l'introduction du film porte intelligemment à confusion en nous laissant penser que les pokémon de la jungle parlent comme les humains, mais il n'en est rien, le film utilise simplement le même procédé que Tarzan et Le Livre de la jungle. Vu la popularité de Disney au Japon, la comparaison se fait naturellement.

 

photoSacha veut capturer un nouveau pokémon

 

Comme l'ont fait d'autres films de la licence, notamment Mewtwo contre Mew avec ses questions existentialistes et sa cause anti-spéciste, Les secrets de la jungle essaie d'aborder des thématiques plutôt adultes telles que la déforestation, l'avidité du capitalisme, la relation entre un père et son enfant, la tolérance et l'entraide. Le tout est bien sûr présenté de façon bien-pensante et tout public avec une intrigue très facile à deviner dès les quinze premières minutes du film.

Malgré la présence de Zarude, un pokémon fabuleux de huitième génération, on a quand même l'impression de voir un long épisode de la série. Ce reproche (qui n'en est pas vraiment un) peut évidemment être fait à la plupart des longs métrages animés tirés de shōnen, mais quand on repense aux trois premiers films Pokémon dont les enjeux et intrigues leur permettaient de sortir complètement du lot et d'être considérés comme des œuvres cinématographiques à part entière... Le studio OLM aurait pu faire un effort pour Les secrets de la jungle. Mais sans la présence d'un vrai pokémon légendaire, on peut comprendre que le film soit relégué au rang de « long épisode ».

 

photoPrincesse Pokémomonoke

 

Ça demande du courage

Le scénario a l'audace d'écarter Sacha et Pikachu pour laisser place à Koko et son papa (et Rongourmand) qui sont les vrais protagonistes du film. Sacha ne sort d'ailleurs aucun pokémon d'un de ses poké balls, c'est pour dire à quel point ses talents de dresseur n'ont que peu d'importance dans l'intrigue.

Il y a en revanche un bout de dialogue qui a le mérite de retenir notre attention : Sacha parle de son père à Koko. On a revu l'extrait plusieurs fois et en plusieurs langues, histoire d'être sûr, mais Sacha évoque réellement l'existence de son père comme si de rien n'était. Tout ça pour nous dire que c'est grâce à son géniteur que le héros de la saga n'a toujours pas abandonné son rêve après 24 ans.

Et comme Sacha, la Team Rocket se fait discrète. Jessie, James et Miaouss (et Qulbutoké) sont toujours au top de leur forme, toujours drôles et bêtement ingénieux, mais leur importance dans le film est moindre. Certes, c'est grâce à eux que les autorités mettent l'antagoniste en prison après le climax, mais cela n'est rien comparé à l'aide qu'ils procurent aux héros dans les autres films. Il faut tout de même avouer que leur sous-intrigue reste la mieux écrite du film. Respect à ces héros de l'ombre qui n'ont plus aucune raison d'être des vilains (et la Pokémon Company le sait).

 

photoJames s'est fait une couleur ?

 

Pour ce qui est du docteur Zed, le vrai antagoniste du film, difficile d'en penser du bien. Le personnage est effectivement un vilain pas beau qui a tué les parents biologiques de Koko dans le but de percer le secret de la jungle... Mais ce qui pose problème, c'est qu'on le voit venir à des kilomètres.

Contrairement au méchant (tout aussi générique) de Pokémon 2, le pouvoir est en toi, Zed utilise une grosse machine destructrice qui s'en prend aux pokémon, car il est persuadé d'agir pour une bonne cause. Son point de vue et ses intentions sont, hélas, trop peu développés pour qu'on puisse lui donner raison d'une manière ou d'une autre (on n'est pas dans L'Attaque des Titans). Et côté charisme, le pauvre bougre est loin d'arriver à la cheville de Giovanni, le chef de la Team Rocket.

Un autre des aspects un peu dérangeants est le fait que Zarude ne soit pas perçu comme un pokémon fabuleux ou légendaire par les humains. Pourtant, à l'instar de Tyranocif, Zarude a tout pour être l'aboutissement d'un des deux premiers monstres de poche imaginés par Satoshi Tajiri et Ken Sugimori en 1990, alors que les deux jeunes hommes n'avaient pas encore pensé au titre du jeu. Les deux premiers monstres auraient été inspirés des deux kaiju les plus célèbres de la pop culture : Godzilla et King Kong.

 

photoLe roi des lémuriens

 

La forêt d'émeraude

Une grande partie du budget est clairement allé dans la conception de la forêt d'Okoya (dérivé du japonais « oyako » qui signifie « parent en enfant »). On dit ça, car ce décor est ce qu'il y a de plus époustouflant dans le film, c'est là que la lumière est la plus travaillée, la 3D bien exploitée crée une vraie sensation de profondeur, les textures sont variées, l'arbre de la source guérisseuse est magnifique, etc. En plus de ça, on n'a jamais l'impression que les différents lieux se ressemblent. On n'ose pas imaginer le nombre d'heures sup qu'on fait les artistes.

L'animation, quant à elle, n'est pas en reste. Nous sommes bien loin des premières saisons de l'anime qui parvenait à impressionner nos yeux d'enfants avec seulement quatre images par seconde. Ici, la moindre scène d'action est fluide et assez bien réalisée pour que l'on comprenne tout ce qui se passe. On sent que les animateurs ne sont pas paresseux, surtout la ou les personnes en charge d'anime Koko qui réagit à tout ce qui l'entoure.

 

photoUne attaque de type plante qui surpasse un lance-flammes. Tout va bien.

 

La bande originale de ce bon vieux Shinji Miyazaki (qui n'est pas tout seul) est efficace pour la réalisation, mais elle n'a pas l'ambition de rendre le film contemplatif comme ça a pu être le cas avec d'autres films Pokémon (ou certains épisodes de l'anime). Oui, on pense au thème de Lugia dans Pokémon 2, qui est encore aujourd'hui une des plus belles compositions de l'animation japonaise (non ce n'est pas la nostalgie qui parle).

On va maintenant arrêter de parler du film parce que Netflix nous énerve beaucoup, c'est l'heure du coup de gueule. Hormis le fait que la plateforme empêche des peuples (dont le nôtre) de voir certains films au cinéma, elle nous prive des versions originales. Non, les options audio de la plateforme ne permettent pas de voir Les secrets de la jungle en japonais, sa langue d'origine. Au lieu de ça, on a droit à l'option « anglais [VO] », car oui, ils osent prétendre que l'anglais est la langue originale. C'était déjà le cas avec d'autres œuvres de l'univers Pokémon comme Les VoyagesJe te choisis ! et Le pouvoir est en nous. C'est avec ce genre de « petite erreur d'inattention » que l'appropriation culturelle se met à faire des ravages.

Pokémon, le film : Les secrets de la jungle est disponible sur Netflix depui le 8 octobre 2021

 

Affiche officielle

Résumé

Pour résumer, il est possible de trouver son bonheur devant Pokémon : Les secrets de la jungle, surtout si on se contente de l'aspect visuel du film et si on aime l'univers de Nintendo. Il est évidemment inutile de s'attendre à un chef-d'œuvre.

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Lecteurs

(2.3)

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commentaires
Elliot Amor
12/10/2021 à 14:41

@Grift

Ce sont surtout les prouesses visuelles qui lui valent cette note. Je ne l'appuie peut-être pas assez dans l'article, mais le film est vraiment beau.

Marvelleux
12/10/2021 à 08:35

Say yes !

Xavier58
11/10/2021 à 21:20

Pour Brady, Il parler de My little pony: nouvelle generation, sa suite sortie la semaine derniere.

Grift
11/10/2021 à 20:20

Pas vu. Donc ça se trouve je me plante complément mais j'ai l'impression que vous ne notez pas tous les divertissements (animation japonaise, Marvel, DC, Pixar, Disney) avec la même grille de dévaluation.

J'ai du mal à comprendre comment un dessin animé aussi balisé, qui n'a pas d'ambition particulière, qui a technique banal, peut avoir cette note.

Gregdevil
11/10/2021 à 15:24

Merci pour la critique, je l'ai vu avec mon fils ce week end, ça se laisse voir, rien de révolutionnaire la dedans, la formule est ultra balisé comme quasi tout les autres films Pokemon. L'animation est classe,bet je trouve que les Zarude ressemble à des Gremlins avec des poils.

Elliot Amor
11/10/2021 à 14:34

@Brady

Figurez-vous que le long métrage My Little Pony de 2017 est un objet filmique qui vaut le détour et que le dernier film Power Rangers a eu droit à sa critique sur le site la même année.

Simon Riaux
11/10/2021 à 14:16

@Brady

Non. Aucun.

Brady
11/10/2021 à 14:10

Vous avez aucun autre film à voir pour voir l'enième film Pokemon ? Vous comptez aller voir le dernier My Little Pony et le prochain Power Rangers aussi non ?

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