Venom 2 : Let There Be Carnage - critique du cousin dégénéré de Marvel

Geoffrey Crété | 20 octobre 2021 - MAJ : 20/10/2021 12:08
Geoffrey Crété | 20 octobre 2021 - MAJ : 20/10/2021 12:08

En association avec Marvel, Sony continue à étendre son univers super-héroïque avec Venom, autour de Spider-Man, mais sans Spider-Man (à moins que...). Trois ans après le succès monstrueux de VenomVenom 2 : Let There Be Carnage arrive donc pour remettre une couche, toujours avec Tom Hardy dans le rôle du copain du symbiote goulu. Avec Andy Serkis derrière la caméra, et Woody Harrelson pour affronter l'anti-héros, il y avait une miette d'espoir. Qu'il faudra ravaler vite fait vu le ratage titanesque de cette suite.

MARVELLEMENT PAr le bas

Qu'est-ce donc que ce machin, croisement métastasé entre Le fils du Mask et Dumb & Dumber De ? Serait-ce le plus grand troll de l'histoire hollywoodienne récente, ou la plus majestueuse manœuvre de cynisme ? Tom Hardy suit-il un traitement médical qui expliquerait ce désastre ? Le jeu de Woody Harrelson, Naomie Harris et Michelle Williams, digne d'un Chuck Norris de la grande époque, est-il un appel à l'aide ? Y'avait-il une seule personne sobre dans l'équipe de ce blockbuster indécent, qui remet en perspective Catwoman, Green Lantern et Elektra ?

 

 

Tant de questions après 90 petites, mais interminables, minutes de Venom 2, dont le sous-titre Let There Be Carnage (Que le Carnage commence) ressemble à l'ultime doigt d'honneur. Et il y a justement une scène où Venom, en pleine dispute amicalo-crypto-gay-mais-pas-trop avec son copain, adresse à Eddie Brock un majeur en CGI cartoonesque. Difficile de ne pas le prendre personnellement vu comme le film ressemble à un énorme crachat toxique, qui déborde tellement d'incompétence et indifférence qu'il pourrait ouvrir des Jeux Olympiques présidés par Uwe Boll.

Sauf que le vrai malheur est là. Venom 2 n'est pas drôle, sauf à confondre le rire nerveux et les yeux secs, car ébahi devant tant de nullité, avec une forme de plaisir. Ce n'est évidemment pas un bon film, malgré les kilos de cierges brûlés par les fans avides de le voir croiser la route de Spider-Man sans laisser de traces de pneus sur l'araignée. Mais ce n'est ni un nanar ni un petit divertissement raté : c'est une démonstration flamboyante de tout ce qui ne va pas dans cette industrie super-héroïque, qui semble plus que jamais tester les limites du public.

 

photoSprint droit dans le mur

 

vous m'avez dit de dire hardy

Si Tom Hardy n'était pas en dépression après le premier Venom et ne l'est toujours pas après Venom 2, c'est qu'il a atteint un niveau de je-m'en-foutisme kamikaze qui confine au bouddhisme cosmique. Enfermé dans les chiottes pour débattre avec son étron dorsal, malmené devant son bureau pendant une séance de dessin en accéléré, souillé par une chiée de ketchup lors d'un petit déjeuner, l'acteur semble en détresse. Quand Eddie Brock ravage son appartement en se battant contre Venom, et donc lui-même, c'est presque une métaphore de la carrière de Tom Hardy - hier Bronson, Bane et Mad Max, et aujourd'hui bouffon royal du circuit blockbuster.

Sauf que Tom Hardy va bien. Il a co-signé l'histoire de Venom : Let There Be Carnage avec la scénariste Kelly Marcel, qui a un CV si radieux que Cruella est bien parti pour être son opus magnum. À moins d'imaginer le réconfort d'un petit syndrome de Stockholm entre le studio Sony et lui, il est parfaitement à l'aise dans la peau de ce Docteur Jekyll et Mr Bean constipé. Et si la baignade aux homards du premier Venom était un sommet de gêne, Tom Hardy passe direct au niveau 10 dans la suite.

 

Photo, Tom HardyLa poule et les ploucs

 

L'acteur, co-producteur et co-signataire de l'histoire donne naturellement le la de cette mélodie des enfers, et embarque avec lui ses collègues dans la fosse septique. Que dire de Michelle Williams, réduite à une godiche avec encore moins de personnalité que dans le premier opus ? Elle a beau avoir la seule scène avec un brin d'esprit du film (une confession d'Eddie à She-Venom), elle est ballottée par l'intrigue, et utilisée comme un joker (faire parler Eddie, sauver Eddie, amener Eddie au climax, compliquer la vie d'Eddie). La plus synthétique des perruques ne peut détourner l'attention de la détresse lisible sur son visage, avec à la clé une grandiose scène de flirt dans une supérette qui devrait hanter ses nuits.

Mais le pompon reste Woody Harrelson et Naomie Harris en Bonnie & Clyde de Foir'Fouille. Cabotiner est une chose, à peu près honnête et vitale pour tout acteur souhaitant garder un semblant de dignité dans un film affreux. Mais dans cette marée noire qu'est Venom 2, le cabotinage ne suffit pas. Peut-être parce que Cletus Kasady alias Carnage et Frances Barrison et Shriek sont écrits à la cruelle truelle, pour rivaliser de bouffonnerie avec le héros. Ou peut-être parce qu'entre leurs vieilles perruques et les océans de CGI où ils baignent les 3/4 du temps, ils n'ont aucune échappatoire. Inutile de chercher du côté des motivations, tellement proches du néant que leurs quelques lignes de dialogue dans le climax donnent l'impression d'avoir raté des scènes pour comprendre.

 

photoSigner un contrat avant de lire le scénario, mais c'est trop tard t'es piégé : allégorie

 

THE SHITshow MUST go ON

Responsable du premier Venom (mais également de Gangster Squad, Retour à Zombieland et le film Uncharted / insérer rire nerveux), le réalisateur Ruben Fleischer va pouvoir respirer. La honte pourra être un peu partagée avec son successeur Andy Serkis, la tête invisible derrière Gollum et King Kong, qui s'était fait la main comme réalisateur de seconde équipe sur la trilogie du Hobbit avant de prendre les commandes seul sur la superproduction Mogwli.

Le bon côté : l'harmonie dans l'horreur est assurée dans cette suite. Malgré 110 millions de budget et le directeur de la photo Robert Richardson (collaborateur privilégié de Tarantino et Scorsese), Venom : Let There Be Carnage est une abomination. La direction artistique est toute aussi pauvre, avec les sempiternelles rues au goudron mouillé, et autres intérieurs qui pourraient servir à tourner des pilotes de série.

Le grand méchant Carnage n'a pas à rougir devant Venom puisqu'il est encore plus laid, et semble tout droit sorti d'une cinématique d'un mauvais épisode de Resident Evil. Encore une fois, le climax devient un défilé CGI collection automne-hiver 2021, avec zéro inventivité dans la mise en scène. La seule idée ludique est pompée à Spider-Man 3, et le découpage est parfois si nébuleux que l'action devient incompréhensible. Le film n'est certes qu'un symptôme de cette maladie chronique à Hollywood, mais la paresse à l'œuvre donne des envies de meurtre.

 

photoMême pas envie de trouver une légende

 

Inutile de rouvrir le dossier violence, puisque ce Venom 2 est encore plus poli et mignon que le premier. Quand le symbiote se goinfre de chocolat parce qu'il ne peut se résoudre à bouffer ses poules dénommées Sonny et Cher, le film semble sortir de la stratosphère pour disparaître dans le cosmos de la connerie. Du moins jusqu'à ce que Venom se promène dans une soirée fluo, et finisse sur scène comme le Eminem de 8 Mile parodié dans Scary Movie 3.

Venom : Let There Be Carnage se traverse comme une hallucination de tous les extrêmes, écrite, filmée et montée comme une gigantesque plaisanterie - une telenovela occupe tout l'écran pour une blague à la fin, histoire d'enfoncer le clou. Un peu comme si le magicien d'Oz des producteurs avait retiré tout le superflu pour assembler le blockbuster parfait : des blagues, du bruit, des effets spéciaux, des acteurs connus, et rien d'autre. Trois miettes de dramaturgie, une intrigue qui n'a aucun sens, et une sensation de roue libre totale. Le tout emballé en 90 minutes, pour un cycle de digestion des popcorns, et sans avoir besoin d'aller vidanger après le litre de soda.

Et ce n'est pas la fameuse scène post-générique, parfaite diversion, qui va arranger les choses. Tout ce cirque n'est qu'un miroir aux alouettes, une ligne dans un tableau Excel d'univers étendu, et une fumisterie qui ne prend même plus la peine de cacher son visage monstrueux avec un minimum de savoir-faire.

 

Affiche française

Résumé

On avait mis 1/5 au premier Venom parce que c'était affreusement nul. Comme Venom 2 est pire, il a le privilège d'un 0,5/5, mais ne le prenez pas comme un signal de bon nanar : c'est un doigt d'honneur qui ne devrait pas donner envie de rire, mais de tout brûler.

Autre avis Simon Riaux
Rarement aura-t-on vu film plus cohérent en matière de néant. Authentique matière noire venue d'ailleurs, cette suite de Venom déploie de sidérants efforts pour se rouler dans sa propre fange.
Autre avis Arnold Petit
Venom : Let There Be Carnage est une infamie abjecte, un outrage au bon sens et une vile insulte envers le cinéma, les comics, leurs lecteurs et à peu près n'importe quelle personne qui dispose du sens de la vue.
Autre avis Mathieu Jaborska
L'échec est d'autant plus cuisant que le film avait tout pour devenir un gros divertissement bien bourrin : deux des monstres les plus jouissifs de l'univers Marvel, une galerie de comédiens aussi talentueux que cabotins, un bon directeur de la photographie... Mais le cynisme hollywoodien l'emporte largement sur leur talent. Un monumental gâchis.
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Lecteurs

(2.9)

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commentaires
Davidou28
20/05/2022 à 20:50

Le premier m'avait déçu par son approche et sa vision de Venom...mais bon, je m'y suis fait en cours de film, et j'ai pu allez bout du film (certes, ça ne me laissera pas un souvenir imperrissable, loin de là...le truc qui me donnera pas spécialement envie de mater la télé quand il y repassera). Mais alors celui-là!!! Ah nan, pas possible...même 1h30, j'ai lâché avant la fin...je suis même pas dégoûté, Venom était déjà "mort" dans le premier, pour moi...mais je m'interroge, je suis vraimenbt perplexe: comment peut-on surenchérir dans la médiocrité?? Ah un moment, on ne se dit qu'on ne peut pas aller plus bas....et bien si, eux, ils peuvent. Incroyable...je ne comprends pas comment certains peuvent se satisfaire de ce "spectacle". Bon, on veut faire de Venom le comique du quartier? Bon ben tant pis, j'ai pas mon mot à dire de toute façon...mais dans ce cas, faut au moins faire en sorte que ça soit drôle!

Balek man
22/04/2022 à 00:34

Mec saoulé, peut importe si tu t'y connais ou pas, je pense que se qui critiques négativement sont ceux qui connaissent bien ces personnages et sont donc les plus déçu de les voire se faire en**ler leur image par ces films sans passion. Perso j'ai attendu tout ma vie pour voir ses deux symbiotes s'affronter au cinéma, j'attendais un Venom flippant et charismatique, un Carnage sanguinaire qui aurait inspiré le dégoût, le malaise et la peur à chaque apparition, mais au lieu de ça j'ai u un Venom qui est aussi méchant qu'un bisounours, qui blague tout le temps au point où à chaque fois qu'il apparaissait j'avais envie de lui dire la ferme. Et parlons en de Carnage, alors dite moi les gens qui a senti un réel danger venant de sa part ? On le voit jamais tué ni manger des gens puis sont personnage n' est pas du tout dérangent ni miséreux ni sanglant, je n'ai même pas senti un brin d'ADN du vrai Carnage dans se personnage. J'ai envie qu'ils refasse se film. C'est une tragédie que le film ou Venom et Carnage qui s'affronte soit aussi raté et je ne parlerai pas du 1 qui n'a encore moins de sens, un film avec la création de Venom sans spider man, mais quelle bêtise. Enfin bref tout se qui on une critique négatif sur se film comme moi sont ceux qui sont dépité, exaspéré et dégouté du destin cinématographique de ses deux personnages que l'ont adore tant.

popit
06/03/2022 à 20:47

franchement tt ceux qui disent que c nul respect moi je trouve incroyable

yo
10/01/2022 à 13:14

Bonjour j'adore ce film !

Auryon
21/12/2021 à 03:40

Comment un film comme ça peut-il avoir été pensé, tourné, monté et projeté dans des salles de cinéma ?!

Ah Bé si en fait, à en croire certains commentaires sous cette critique.
Il y a des clients…

Mon dieux, quel étron cosmique.

Grace
06/12/2021 à 20:29

Ce film est dégoûtant. J'avais hâte que ça finisse. Une créature ignoble qui torture le personnage principal du début à la fin, et se plaint en plus. Extrêmement violent. Je demandais : Tom Hardy n'a vraiment aucune pichenette pour se défendre contre ce monstre?
L'intrigue est bidon. Avec un méchant qui se crée vers le milieu du film comme ça par hasard, par une goûte de sang. Quelle foutaise. Et comment une goûte de sang produit une créature avec une conscience et une personnalité. Et pourquoi il est même méchant déjà, alors que la primitive est "gentille"? Pourquoi nous envoyer un méchant semblable au précédent ? Ne pouvaient-ils pas passer à autre chose?
Ce film me dégoûte. Si on pouvait tout simplement le supprimer de tous les supports où il est stocké en sorte que ce soit comme s'il n'avait jamais existé

Lenny Kravitz
05/12/2021 à 15:55

Très bon film seulement trop court.

Neji
29/11/2021 à 21:15

C'est drôle un quart d'heure ensuite c'est pathétique la relation entre les deux, le montage du film , d'ailleurs à peine 1h30, la musique, les acteurs en roue libre c'est tellement WTF.
COMMENT PEUT-ON SORTIR UN PROJET FINI COMME CELA EN SALLE..
J'avoue que pour moi c'est une énigme tout le long du visionnage je me suis demandé si c'était bien possible de sortir un produit fini comme ça..

Giorno Giovanna
29/11/2021 à 06:38

Ils vous faut vraiment penser à autre chose comme activité, je m'attendais à quelque chose de mauvais, ben non c'était géniale, mon pote et moi on était mort de rire, ok c'était pas l'effet voulu mais le résultat à là, c'est drôle, les effets sont bien foutu, pas trop long, je trouve totalement injuste les critiques alors qu'on glorifie des bouses comme titane. Pour 1 h 30 de détente sans prise de tête.

Wtfesque
26/11/2021 à 01:17

Ce Film. Bordel. Cette perte de temps ! Cette perte d'argent ! J'ai rarement vu pire film, si encore ça se présentait comme étant un film comic/navet, like Sharktornado 1 2 3 4 5 et j'en passe et des brouettes, mais nan ! C'est un MARVEL !
Rien ne tient, du début à la fin, s'en est gênant. Du début à la fin on a l'impression que les acteurs sont en souffrances, Tom Hardy, le principal, pire héros du monde.. Même pas on lui trouve une utilité si le blob noir n'est pas là. Dans le 1 c'était déjà effectif, mais alors dans le 2... La potiche, c'est pas la blonde à mes yeux ; enfin, pas la seule en tout cas !
Les """""Méchants""""" ont zéro charismes, des lignes de dialogues dignes des méchants de power rangers, les personnages secondaires bidons as fuck.. Et cette fin. Ce méchant qui essaie de nous attendrir tant sa connerie atteint la stratosphère.. Bordel cette fin. J'vous jure, j'me suis facepalm. Et j'étais pas le seul dans la salle.
J'espère VRAIMENT qu'il n'y aura pas de suite. Ca ne le mérite en rien. Autant d'argent pour produire ce film ?! Ignoble.

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