Vivo : critique mal accordée sur Netflix

Déborah Lechner | 9 août 2021 - MAJ : 09/08/2021 16:14
Déborah Lechner | 9 août 2021 - MAJ : 09/08/2021 16:14

Après les films d'animation Les Mitchell contre les machines (critique ici) et Le Dragon-Génie, Netflix a récupéré Vivo, une nouvelle comédie musicale animée produite par Sony Animation, dont la carrière en salles a elle aussi été fauchée par la pandémie. Et vu le spectacle que Lin-Manuel Miranda nous propose, on peut encore une fois être déçu de ne pas l'avoir découvert sur grand écran.

LA MUSIQUE DANS LA PEAU

Vivo est un kinkajou mélomane qui vit paisiblement à La Havane aux côtés de l'artiste de rue Andrés Hernández, jusqu'au jour où son ami reçoit une lettre de la célèbre Marta Sandoval. Cette dernière l'invite à son dernier concert à Miami, l'occasion pour le vieux musicien de lui remettre la chanson d'amour qu'il lui avait écrite avant son départ aux États-Unis. Mais le destin s'en mêle tragiquement et Vivo décide donc de partir lui-même à la rencontre de la diva avec l'aide de Gabi, la petite-nièce d’Andrés.

Sous ses faux airs de Pixar, Vivo reprend la thématique de la musique exploitée dans Coco et plus récemment Soul, avec comme chef d'orchestre le nouveau génie de Broadway, Lin-Manuel Miranda, dont l'univers rythmique s'est parfaitement infusé dans le long-métrage. Entre les chansons de Vaiana, ses rôles dans Le Retour de Mary Poppins et Hamilton (dont il a aussi signé les partitions), la musique de La Petite Sirène qu'il composera ou le scénario du prochain Encanto, l'artiste a donc laissé ses contrats avec Disney de côté pour prêter ses talents à Sony, après avoir initialement proposé le film à Dreamworks il y a près de dix ans. 

 

photoUne chanson douce

 

Il a ainsi composé la musique avec son collaborateur Alex Lacamoire en plus de doubler le petit mammifère, tandis que la dramaturge Quiara Alegría Hudes - qui a composé le livret de la comédie musicale In the Heights de Lin-Manuel Miranda et le scénario de son adaptation cinématographique - a participé à l'écriture du film. En résulte un bel hommage à la culture cubaine et sud-américaine qui reprend les timbres chaleureux du guitariste et chanteur cubain Juan de Marcos González et de l'auteure-compositrice-interprète originaire de La Havane, Gloria Estefan.

Les séquences musicales exaltées sont clairement la plus-value de Vivo, avec des airs dansants et des mélodies entêtantes se mettant au service d'une animation généreuse, qui mélange 2D et 3D pour des passages plus oniriques où les souvenirs d'Andrés et Marta se ravivent et prennent corps. De la même façon qu'il marie une esthétique artisanale plus épurée à des graphismes numériques soigneusement texturés, le film mélange les tempos et différents styles musicaux, du rap au R&B, en passant par la pop et bien évidemment, le mambo. 

 

photoLa musique hors du temps

 

DÉJÀ-VU

Malheureusement, si on laisse la musique et le premier acte prometteur à part, Vivo se révèle être un divertissement assez générique et convenu avec des tropes familiers et des situations téléphonées. Toutefois, la bonhomie et les bons sentiments excusent le manque de relief de l'épopée qui s'avère plus touchante que dynamique ou originale. La simplicité de l'histoire sur cet amour jamais consommé et la mission de Vivo d'honorer le dernier souhait de son ami étaient un fil conducteur qui assurait une émotivité à l'oeuvre et se suffisait donc à lui-même.

L'histoire s'est malgré tout sentie obligée de verser dans les pitreries et les sous-intrigues parasites à travers des personnages maladroitement intégrés au récit comme les trois Girls Scouts et le serpent géant alors que le film se passait très bien d'antagoniste, ou encore le couple d'oiseaux inutiles qui ne sont même pas un bon ressort comique. Heureusement, le dernier acte du scénario co-écrit par Peter Barsocchini (High School Musical) se recentre tant bien que mal sur la relation d'Andrès et Marta, livrant un final un peu essoufflé, mais toujours très agréable pour les yeux et les oreilles.

 

photoMiami Vice

 

Gabi est, quant à elle, une enfant dynamique et excentrique bien décidée à suivre son propre rythme (aussi cacophonique soit-il), sorte de version pré-pubère de Katie dans Les Mitchell contre les machines (et qui n'est pas non plus sans rappeler Lilo dans Lilo & Stitch). Si sa marginalité est devenue commune (voire clichée), le film réussit néanmoins à tirer sur la corde sensible quand cette dernière laisse son côté irréfléchi et agaçant dans son sac à dos pour exprimer ses sentiments de petite fille qui n'a visiblement pas entièrement fait le deuil de son père (c'est facile, mais ça fonctionne). 

Pour finir sur une note plus positive, si le road trip est moins fun que prévu, l'animation et les décors insufflent une atmosphère différente à chaque endroit visité. Des couleurs chaudes de La Havane aux couleurs électrices d'un Miami nocturne illuminé de néons en passant par les teintes sombres et verdâtres des marécages du parc national des Everglades, l'ensemble participe grandement au dépaysement.

Vivo est disponible sur Netflix depuis le 6 août 2021 en France

 

affiche

Résumé

Vivo est une comédie musicale qui brille bien plus du côté musical que de la comédie, avec des séquences de chants et de danses emballantes, mais une intrigue moins flamboyante et des péripéties beaucoup plus convenues, qui n'enlèvent cependant rien à l'optimisme de l'oeuvre.

 

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