Détour mortel : La Fondation - critique du red net

Mathieu Jaborska | 7 juin 2021
Mathieu Jaborska | 7 juin 2021

Pourtant très vite ridiculisée sur son propre terrain par La Colline a des yeux d'Alexandre Aja, la franchise Détour mortel a su tracer sa route dans le bis fauché post-2000 avec six opus ne misant en général que sur une dose non négligeable de tripaille. Il ne lui manquait plus qu'un reboot. Et c'est désormais chose faite avec un long-métrage sobrement intitulé Wrong Turn au pays des rednecks, retitré Détour mortel : La Fondation chez nous. Mais les fans de la première heure risquent d'être déçus. Les autres aussi.

Discours mortel

Disons-le tout de suite : ce reboot entend bien complètement abandonner la mythologie de la saga pour déconstruire son sous-genre. Et le redneck movie en avait bien besoin. Les années 1980 ont entrepris de le vider de sa substance politique, pourtant évidente dans le classique absolu (Massacre à la tronçonneuse) qui a figé ses codes, pour mieux le conformer aux prérequis des slashers alors en vogue. Depuis, il n'est que prétexte à un festival de boyaux réjouissant, mais inconscient de sa participation à une fracture sociale typiquement américaine (quoique les Wolf Creek élargissent un peu le point de vue).

La franchise Détour mortel incarnant finalement parfaitement ce paradoxe, et ce dès un premier opus qui coche toutes les cases, la martyriser quelque peu (quitte à froisser les quelques fans qui lui restent) pouvait s'avérer passionnant, pour peu qu'on accorde les moyens de ses ambitions à Alan B. McElroy, curieusement déjà scénariste sur l'original. Très vite, le tour de passe-passe se devine : composée de clichés de hipsters urbains venus se mettre au vert chez les bouseux, la petite troupe de héros va souffrir de ses propres préjugés.

 

photo"C'est par ici, le brunch ?"

 

Malheureusement, les dialogues écrits à la truelle caricaturent vite un propos attendu dans la première partie, très douteux dans la deuxième. Alors que nos héros à la stupidité tristement premier degré sont mis face à leurs défauts, le film commence à s'embourber dans des poncifs pseudo-politiques de plus en plus absurdes, dignes des pires des divertissements reaganiens des années 1980. La démystification de la figure du redneck se fait au prix d'un revirement idéologique à la limite de l'anticommunisme primaire, d'autant plus bête que les derniers retournements de situation explosent toutes les limites du plausible.

Personne ne s'attendait à voir un Détour mortel prôner les valeurs familiales américaines avec un sérieux aussi papal. En prétendant nuancer la dichotomie biaisée qui défigure les États-Unis (surtout en ce moment), il fait de la violence un instrument essentiel d'émancipation pour une jeunesse qu'il méprise. Tout l'inverse d'un Tucker & Dale fightent le mal, par exemple, qui partait pourtant du même postulat, mais désamorçait par l'humour et une certaine bienveillance les conflits qu'il abritait.

 

photoUne tête de porte-bonheur

 

Rendez les monstres !

Si Eli Craig a su faire un bien meilleur film d'un pitch aussi ambitieux, c'est aussi parce qu'il assumait de parodier des codes plutôt que de méditer gravement sur ses personnages. À force de déballer son discours politique boiteux, Détour mortel : La Fondation sacrifie à peu près tous les acquis horrifiques de la saga qu'il adapte. Complètement plombé par un montage parallèle censé relancer le récit alors qu'il tue dans l'oeuf toute tension, il étire ses enjeux et provoque bien plus de bâillements que de frissons.

Le coeur thématique de l'essai devient dès lors son ventre mou, avec une partie centrale très pauvre visuellement, qui achève un rythme déjà timide. Bien conscient qu'il doit un minimum donner l'illusion de se rattacher à la saga, le scénariste ménage néanmoins quelques instants-choc, servis par des effets pratiques potentiellement bien craspec, si l'étalonnage bleuâtre typique des films d'horreur prétentieux et une mise en scène d'un académisme à peu près aussi déprimant nous laissaient les contempler.

 

photoMort, mais pas sans défense

 

On se contentera d'une punition fort cruelle donnant lieu à la meilleure et bien trop courte séquence du film. Passionnant sur le papier, ce reboot finit par nous faire regretter les rednecks cannibales consanguins des deux premiers opus, certes vachement moins réalistes (quoique), mais mis en scène avec beaucoup plus de passion. Car la manoeuvre derrière ce Détour mortel au rabais est finalement bien moins bêtement idéologique que bassement mercantile, même si ces deux aspects se nourrissent l'un l'autre sans mal.

 

Affiche

Résumé

Empêtré dans des raisonnements politiques caricaturaux, ce reboot est autant une relecture douteuse qu'un piètre film d'épouvante.

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Lecteurs

(2.4)

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commentaires
Neck red
11/10/2023 à 23:00

Pas mal du tout

Neck red
11/10/2023 à 22:59

Pas mal du tout, faut arrêter de taper dessus en croyant que c'est un remake

Sasab54
08/06/2021 à 06:11

Pas vu mais faut qd même que je le matte je dirais ce que j en pense

Ethanhunt
07/06/2021 à 20:00

Complètement pourrave!!!

Vms21138506
07/06/2021 à 16:15

C’était d’un chiant, c’était d’une mollesse, c’était pompeux, c’était long Dieu que c’était long.
La seule vrai bonne idée du film c’est la « scene » qui invite le spectateur à regarder la distribution en entier !!!

gnorki
07/06/2021 à 13:32

une belle réussite

Tuk
07/06/2021 à 13:27

.J'oubliais.... J'ai regardé ce film en me disant que cela n'avais rien a voir avec la franchise Et l'ai regarder comme un tout autre film... Peut-etre pour cela que je l'ai trouvais plaisant.

Tuk
07/06/2021 à 13:17

Trés regardable pour ma part.

amds
07/06/2021 à 12:41

une belle catastrophe

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