Petite maman : critique qui dit que le conte est bon
Petite maman est ce soir à 21h05 sur France 4.
Après sa consécration cannoise et internationale en 2019 avec Portrait de la jeune fille en feu, comment Céline Sciamma reviendrait-elle au grand écran ? Par le biais d’un conte fantastique, humble et ambitieux, tantôt vertigineux tantôt évident, intitulé Petite maman.
KIDZ ARE ALL RIGHT
Que faire de ces souvenirs qu’on n’aura jamais ? Quand débute Petite Maman, la jeune Nelly fait ses adieux aux pensionnaires de la maison de retraite qui accueillait sa grand-mère, qui vient de mourir. Nelly voudrait connaître les arcanes de l’enfance maternelle, la matière mystique reliant sa mère et sa grand-mère, mais on ne l’écoute qu’à moitié, on se dérobe. Jusqu’à ce qu’elle rencontre une autre gosse aux environs de la maison familiale. Marion.
Et Marion, pense Nelly, n’est autre que sa mère. Cette histoire qui démarre de manière très similaire au récent ADN de Maïwenn explore des thématiques voisines, mais choisit de pulvériser avec indolence le cadre étriqué du réel. Ou du moins de sa perception.
Mère et fille ?
Céline Sciamma a expliqué durant de nombreuses interviews qu’elle avait tourné son dernier film en se demandant à plusieurs reprises comment un auteur tel que Miyazaki aurait abordé son récit. La référence peut paraître écrasante, ou bien éloignée des canons esthétiques de la cinéaste, mais elle apparait singulièrement juste, dès les premières scènes du métrage. La caméra y saisit une idée formidablement intense, dépouillée, mais puissante, du fantastique, et de la manière dont il surgit dans nos vies sitôt celle-ci immergée entre une nature forte et des émotions irrépressibles.
Cette bascule sensible est formidablement payante sitôt l’intrigue focalisée sur les deux enfants interprétées par les lumineuses Joséphine Sanz et Gabrielle Sanz, toutes deux impressionnantes et désarmantes. Montage et mise en scène perdent un peu en puissance évocatrice sitôt les adultes en scène, et on attend souvent qu’une séquence intelligente (presque trop) dont le propos limpide se voit soudain souligné, s’achève, pour retrouver l’énergie salvatrice de deux gosses défrichant des rives surnaturelles.
À l'abordage
NAISSANCE DES CONTES
On aura parfois reproché au cinéma de Céline Sciamma une forme de retenue confinant à la froideur, peut-être serait-il plus approprié d’y voir la marque d’une autrice qui a souvent donné la primeur au scénario, comme vecteur du sens et du signifiant. C’est de cette propension à écrire d’abord le récit par le verbe qui faisait de Tomboy un exposé sensible aussi juste, de Portrait de la jeune fille en feu une déclaration d’amour où la fièvre était d’abord intellectuelle.
Ici, les dialogues sont parfois de première importance, mais on sent en permanence que l'intrigue se noue ailleurs. Que derrière quelques bons mots ("Je pense déjà à toi") se joue perpétuellement un autre régime poétique, purement évocateur et aux antipodes de toute démonstration de force.
L'enfance retrouvée
Voir la réalisatrice s’essayer au conte fantastique et se promener du côté du réalisme magique était d’autant plus prometteur que Petite Maman est un récit à hauteur d’enfants. Il ne se prive certes pas de tisser des liens extrêmement fins, complexes, entre ses personnages, mais leur laisse beaucoup plus souvent insuffler au récit leurs pulsations propres, plutôt que de les enchâsser à un scénario qui les contraindrait. Alors que sous nos yeux se déploie l’imaginaire de Nelly, la mise en scène se fait plus sensorielle, douce, bienveillante.
Jusque dans ses moments de dureté, le regard affûté de cette gosse essayant de cartographier une certaine mémoire familiale, alors que celle-ci semble sur le point de s’éteindre nous parvient avec une justesse désarmante. Sciamma trouve une distance idéale, qui ne renie jamais ses aspirations plastiques, mais cherche constamment l’équilibre avec ses sujets. Qu’ils soient riants, gambadant, son duo de petites filles se scrutant mutuellement ou accédant soudain à quelques secrets métaphysiques irradie constamment.
Lecteurs
(3.5)26/05/2023 à 23:20
J'ai cru voir l'invention de l'année du concours Lépine, des enfants téléguidés, ça pourrait être pratique parfois. Dommage que ce ne soit pas le scénario. Aucune émotion et pourtant j'en voulais, mais c'est surfait et glacial. Fausse bonne idée.
04/06/2021 à 18:22
J'en sors... avec ma fille de quasi 12 ans
Un beau moment pour nous deux.
Un doux cadeau d'anniversaire pour moi.
J'ai regretté d'avoir vu la bande annonce avant, lors du visionnage d'un autre film...je pense que cela déflore la puissance évocatrice de ce"court long métrage"...et en dit trop.
Le film peut en effet évoquer un chouïa Dark ou même Ricky... par son onirisme son irréalité et la difficulté à savoir où se situe l'imaginaire enfantin et qui en est le maître.
02/06/2021 à 19:30
Film très fin et émouvant
02/06/2021 à 19:16
C'est vrai que cette confusion entre rêve et réalité de l'enfance peut faire penser à Totoro ou Chihiro mais en moins animé... Ça m'a aussi fait penser à la série Dark, cette faille temporelle dans les bois, mais en moins Rock...
02/06/2021 à 19:08
La bande annonce , on dirait une pub herta , mais Why not