Froid Mortel : critique congelée sur Netflix

Simon Riaux | 9 février 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 9 février 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Assumant pleinement ses ambitions de super-vidéo-club international, Netflix continue de proposer des séries B aux aspirations aussi claires que séduisantes, allant du fantastique au polar énervé. Et dans cette catégorie, les productions ibériques constituent toujours un pourvoyeur de choix, tant l’Espagne s’est taillé depuis quelques années une solide réputation en la matière. Froid Mortel parviendra-t-il à réchauffer nos cœurs par l’hiver endurci ?

L’ASSAUT D’ASSAUT

Depuis Assaut de John Carpenter, le film de siège est devenu un sous-genre à part dans le cinéma d’action. Synonyme de minimalisme et de contraintes, donc d’inventivité, il met le spectateur aux prises avec des protagonistes souvent archétypaux, face à une menace protéiforme. La recette convient donc idéalement aux metteurs en scène inventifs, et offre un terreau fertile à ceux dont l’imagination est prête à transformer tout terrain de jeu physique en bac à sable métaphorique.

Et Lluís Quílez, dont c’est le 2e long-métrage après Out of the Dark, semble un temps idéalement placé pour tirer son épingle du jeu. Il parvient le plus souvent à dynamiser l’action, paraît ne pas (trop) souffrir de son principal décor (un camion de transfert pénitentiaire) et réussit à caractériser ses personnages tout en emballant de très corrects pics de tension.

 

photo, F. Javier Gutiérrez, Javier GutiérrezLe maton matera-t-il son agresseur ?

 

Malgré une photographie fadasse, qui traduit un peu trop les aléas d’un tournage aux moyens modestes et un manque de questionnement sur l’usage du numérique, Froid Mortel n’est jamais désagréable à regarder. Jusqu’au principal retournement de situation, opéré à mi-parcours, on est même franchement intrigué par une intrigue qui manie avec un bel équilibre zones d’ombre et brutalité. C’est le cas, notamment dans les différentes mises à mort, plutôt attendues, mais toutes efficaces.

 

photo, Javier GutiérrezLa vengeance est effectivement un plat qui se mange froid

 

BEAU COMME UN CAMION

Malheureusement, à trop vouloir surprendre ou subvertir les codes du genre, Quilez et son co-scénariste Fernando Navaro se piègent eux-mêmes. Lorsqu’ils choisissent de faire la lumière sur la nature de la menace qui s’abat sur leurs anti-héros, ils se perdent en une série de développement aussi inutile que dommageable pour notre suspension d’incrédulité. Définir trop précisément la nature de leur antagoniste souligne toutes les failles d’un scénario dont la crédibilité s’amenuise progressivement. Un constat d'autant plus évident que les excellents comédiens Javier Gutiérrez et Karra Ejalde ne bénéficient pas d'un espace suffisant pour proposer quoi que ce soit de vraiment convainquant.

Plus embêtant, Froid Mortel veut jouer avec notre empathie, pour mieux questionner l’allégeance émotionnelle de son public. Qui, du bourreau petit à petit humanisé, ou des héros tous moins chevaleresques qu’il n’y paraît, est vraiment le salaud ? En ne répondant pas, à côté, ou seulement par la malice, les auteurs semblent plus égarés qu’audacieux. Et le divertissement tendu se mue petit à petit en festival de cruauté, plus médiocre et épais que retors et méchant, qui déraille complètement dans ses ultimes secondes, à la défaveur d'un hommage absurde à RoboCop, où le réalisateur fait montre d'une incompréhension totale de son sujet et du statut de la violence au sein de l'oeuvre de Paul Verhoeven.

Froid Mortel est disponible sur Netflix depuis le 29 janvier 2021 en France

 

Affiche

Résumé

À trop vouloir étonner et renouveler le sous-genre dans lequel il s'inscrit, le réalisateur finit par complètement se perdre, alors que son récit bascule dans un étalage de cruauté et de complaisance absurde.

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commentaires
Pseudonaze
10/02/2021 à 06:44

En effet ce film est truffé de référence à Robocop. Elles sont maladroitement proposées et en sont presque ridicules: les séquences dans les vestiaires des flics, avec le flic qui sort de la douche avec la serviette nouée autour de la taille, pour dire j'ai même cru qu'il allait dire :"on fait grève, on les emmerde".
Toujours dans les vestiaires: le retrait de la plaque nominative dun des casiers. ATTENTION SPOILER DANS 3...2...1:
Et puis bien évidemment il y a le fameux "Bodicker's hand blowing shot" qui surgit sans réelle signification.

Phil06
09/02/2021 à 21:36

Rien ne va dans ce film.
Le scénario est prévisible malgré un twist au final poignant. On a de l’empathie pour le tueur.
Les situations ne mènent a rien, les tensions que peut proposer le scénario ne sont pas accrocheuses et previsible.
L’acteur principal a le charisme de JD washington (et encore je suis gentils).
Le Climax final est ridicule au niveau du reel, surtout que le film se veut très realiste.

Attention je Spoile!!

Les gars finissent dans l’eau glacée piéger à l’arrière de leur camion. Un prisonnier tente de retrouver un artefact en plongeant et meurt de froid.
Alors que quelques minutes après, notre si beau hero (au charisme d’une huitre fine de claire n2) se retrouve forcé à plonger dans l’eau glacée afin de sortir du camion. Celui-ci se retrouve in extremis sauvé par son compagnon de fortune car il allait mourir de froid. Quelques secondes plus tard, ce même héros, au charisme d’une huître, qui a failli mourir de froid et de fatigue se permet de poursuivre le tueur et un autre prisonnier, lui aussi trempé jusqu’aux os, dans un froid polaire. Tout ce beau petit monde se retrouve dans un village abandonné avec une température d’environ quelques degrés Celsius.
Ça cours, ça tire, ça se cache, ça se bat, et tout ça dans le froid extrême.
Et surtout le héros ne meurt pas de froid. Car dans la vraie vie il serait déjà mort depuis bien longtemps.
Eh oui! Je me suis demandé pendant quelques minutes comment il pouvait survivre avec des vêtements trempés, une temperature corporelle proche du neant et tout cela dans un froid polaire. Sans compter la baston finale. Déjà, tu restes dehors avec une température de 5° je te promets que tu as les pieds les mains et les oreilles congelés. Le moindre coup te fais souffrir le martyr
Alors je n’imagine même pas avec des vêtements trempés et une basse température ce que ça doit donner.
Je sais, c’est très con, mais je me suis attardé dessus parce que le film était chiant à mourir.

Mon cher @Simon Riaux, je trouve l’hommage à Robocop... bah en fait je trouve pas d’hommage. Je pense que c’est toi qui pense que c’est un hommage tellement tu as des ref en tête mdr


Bon, en bref passez votre chemin.
Vraiment.

zidus
09/02/2021 à 20:09

En effet plutôt moyenne la proposition de Lluís Quílez.
Toutefois toute une partie du film fonctionne bien. L'ambiance , l'attente, l'atmosphère étrange dans le convoi. Jusqu'au premier twist et aux questions qu'ils fait naître dans la tête du spectateur. Mais ça s'arrête là, pour moi en tout cas. Psychologiquement il y a plusieurs séquences qui ne tiennent pas la route et le métrage s'affaisse petit à petit sur lui-même dans sa deuxième partie. Quant à la fin, no comment.

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