Made in Abyss : L'Aurore de l'âme des Profondeurs - critique matinale

Elliot Amor | 2 octobre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Elliot Amor | 2 octobre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Diffusés en 2017, les treize épisodes de l'anime Made In Abyss ont su capter notre attention. Le studio Kinema Citrus (The Rising of the Shield Hero) nous avait effectivement proposé une série à la fois mignonne et glauque à l'univers riche et fascinant. Mais alors qu'en est-il de L'Aurore de l'âme des Profondeurs, le long-métrage qui adapte les tomes 4 et 5 du manga ? L'attente en valait-elle la peine ?

l'âme de fond

Revenons brièvement sur les événements de la saison 1 de Made In Abyss. Rico l'orpheline rencontre Légu (qui peut aussi s'épeler "Reg") l'androïde amnésique. Les deux personnages ont pour objectifs d'atteindre les tréfonds de l'Abysse, un gigantesque gouffre qui renferme des reliques d'un ancien temps. L'une s'enfonce dans le trou pour y trouver sa mère, tandis que l'autre cherche à savoir qui il est (ou ce qu'il est). Leurs liens deviennent de plus en plus forts à mesure qu'ils descendent, ils font des rencontres, y compris Nanatchy, une victime des expériences de Bondold, le vilain du film.

Dans L'Aurore de l'âme des Profondeurs, on en apprend un peu plus sur la civilisation qui peuplait autrefois l'Abysse. Et même si ce genre de détail peut sembler énorme, ce n'est absolument pas ce qui nous intéresse. On veut juste que les protagonistes (qui sont des enfants, rappelons-le) atteignent leur objectif, tant les épreuves à surmonter sont terrifiantes.

 

photoC'est l'histoire d'un robot, un lapin et une écolière qui vont dans un champ...

 

Ce n'est pas illogique si la suite de la première saison est un long-métrage. Les protagonistes sont « bloqués » en bas du cinquième niveau de l'Abysse après le premier quart d'heure du film tandis que la saison 1 évitait de laisser ses personnages plus de trois épisodes dans le même décor. En plus d'abriter l'antagoniste, le sanctuaire où sont les héros servait autrefois à créer des « pierres de reflet de vie », la relique qui permet la fabrication des sifflets blancs. Pour rappel, les sifflets blancs sont portés par les explorateurs les plus haut gradés de l'Abysse, derrière eux se trouvent les sifflets noirs, violet, bleus et les rouges.

Dans ce décor lugubre, on fait la rencontre de Prushka, la fille adoptive de Bondold. Cette dernière est étonnamment importante dans l'intrigue puisqu'elle permet à Rico d'obtenir un sifflet blanc. Cet artefact a une valeur symbolique gigantesque pour l'héroïne, car en plus de mettre sur un pied d'égalité avec sa mère (une des plus grandes exploratrices de l'Abysse), il témoigne des épreuves qu'elle a dû surmonter avec ses amis. D'ailleurs, ces épreuves n'ont rien d'indolore, surtout quand elles impliquent la torture, la perte, l'échec… Et plein d'autres concepts qu'on adore.

 

photoCool, encore des masques.

 

le château dans le sol

Dr Doom dans les comics Marvel, Tobi dans Naruto, Zero dans Code Geass, Dark Vador… Y a pas à dire, les masques donnent du charisme, surtout aux méchants. Et Bondold, lui, il a un très beau masque. Cet antagoniste, dans un premier temps énigmatique, fait le mal de façon complètement banale. Il n'éprouve aucune haine envers les enfants qu'il a enlevés, séquestrés, démembrés et tués (ou transformés en créatures difformes qu'il jette dans le fond du cinquième niveau). Et histoire de rendre ça encore plus dérangeant, le mec est gentil.

Bondol se comporte comme un papa modèle avec Prushka et Nanatchy (qui a littéralement envie de l'étriper). Il trouve ça parfaitement normal d'aimer un enfant tout en le traitant comme du bétail qui servira ses expériences, il y a là un petit point commun avec The Promised Neverland. Il a perdu son humanité depuis bien longtemps, il est pratiquement immortel, car il transfère son âme dans des clones qui font penser aux médecins de la peste du XVIIe siècle, il utilise des reliques qui lui confèrent des pouvoirs monstrueux. Et il devient littéralement un monstre durant le combat final.

 

photoAvoir les yeux en face du trou

 

On se demande si les sifflets blancs ne prennent pas un malin plaisir à mettre Rico et ses amis à l'épreuve. Si c'est le cas, Bondold va peut-être un peu trop loin. Mais le trio excentrique ne se laisse pas abattre, Rico parvient à surmonter la malédiction de l'Abysse, la maladie qui frappe celles et ceux qui remontent de quelques mètres. Nanatchy crache au visage de l'homme qui la terrifie, pour ensuite être attendri par ce dernier.

Légu, de son côté, a rechargé ses batteries. Après s'être fait torturer par les clones larbins du méchant, après avoir perdu un bras et après avoir sauvagement haché un des corps de Bondold sous les yeux de Prushka, eh bien le petit androïde se transforme en berserker, il fait (presque) peur. Et Prushka, la petite nouvelle, est celle qui nous fait penser que, peut-être, Bondold n'est pas si méchant. Ce monstre n'est effectivement pas si méchant, il est juste fou.

 

photoPrushka découvrant comment son papa « étudie » les enfants

 

le lièvre et la torture

Made In Abyss envoyait déjà du très très lourd visuellement. Eh bien L'Aurore de l'âme des Profondeurs continue dans cette lignée avec une animation magnifique, des scènes d'action bien spectaculaires (même si on en voulait une ou deux de plus) et des décors contemplatifs. Mais hélas, le film nous fait un peu moins voyager que la saison 1. Et c'est normal, car comme on le disait plus tôt, l'obstacle est trop grand pour que les personnages avancent aussi vite qu'avant.

La mise en scène exploite très bien le design tout mignon des personnages qui subissent des atrocités durant le film, surtout Prushka qui va jusqu'à nous faire déprimer et Légu qui nous le fait le même coup que Gon à la fin de Hunter x Hunter. On retrouve aussi quelques références à DevilmanAkiraGhost in the Shell et d'autres animes et mangas très joyeux qu'on connaît bien.

  

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Et comment oublier la bande originale du brillant et prometteur Kevin Penkin. Fidèle à lui-même, le compositeur australien qui a souvent travaillé au Japon et à qui on doit les musiques de The Rising of the Shield Hero et Tower of God, nous propose une partition aussi agréable que la saison 1 de Made In Abyss. Ce mélange de musiques symphoniques sert admirablement la mise en scène, qu'il s'agisse de scènes contemplatives, des quelques moments mignons ou des séquences de bagarre et de torture.

Et sinon, en ce qui concerne les péripéties morbides que devront se coltiner Rico, Légu et Nanatchy, et ce sera sans doute pire. Les lecteurs et lectrices du manga le savent en partie. En espérant que le petit androïde va avoir un nouveau bras, que le sifflet blanc de Rico va se rendre utile, que Nanatchy continuera… d'être là, et que l'Histoire avec un grand H de l'Abysse va bien se développer.

Made in Abyss : L'Aurore de l'âme des Profondeurs est disponible depuis le 25 septembre sur la plateforme de streaming Wakanim.

 

Affiche officielle

Résumé

Made in Abyss : L'Aurore de l'âme des Profondeurs, un conte noir mêlant Lewis Carroll, l'Enfer de Dante et One Piece, nous dérange intelligemment tout en nous attendrissant et en nous faisant rire. Trois ans d'attente, ça fait peut-être un peu trop pour un film de 100 minutes et surtout qu'il est difficile de savoir quand la saison 2 débutera. On sait que ça ne sera pas avant l'arrivée du tome 2 du manga en 2021.

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Lecteurs

(4.5)

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commentaires
Elliot Amor
04/10/2020 à 13:07

@Guéguette

Une petite allusion douteuse au milieu du film. Et quelques blagues sur le zizi de Légu.

Guéguette
03/10/2020 à 21:05

Pas trop de fausses notes pédoph?

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