L'Appel de la forêt : critique montagnarde

Simon Riaux | 23 avril 2023 - MAJ : 24/04/2023 10:53
Simon Riaux | 23 avril 2023 - MAJ : 24/04/2023 10:53

Comptant parmi les grands classiques de Jack London, L'Appel de la forêt a été maintes fois adapté. La version de Chris Sanders avec Harrison Ford qui nous parvient sous l’égide de Disney (quoiqu’initiée par la Fox avant son rachat) entend doper ce récit matriciel à coup de technologie numérique et de casting hollywoodien.

L'INCROYABLE FOIRAGE

Récit d’aventures classique, pour ne pas dire à l’ancienne, L'Appel de la forêt est-il un projet que l’industrie du divertissement peut saisir à bras le corps, quand les tendances actuelles favorisent la production de giga-blockbusters mettant en scènes moult super-héros et destructions planétaires ? En découvrant la narration bizarroïde du film, on est en droit de se poser la question. En effet, le film de Chris Sanders ne sait pas sur quelle patte danser. Si son récit est vu à travers les yeux du chien Buck, c’est la voix off d’Harrison Ford, comme hors sujet, qui vient scander cette épopée.

Comme si personne n’assumait vraiment de laisser les rênes au véritable personnage principal, le récit a beaucoup de mal à trouver un point d’équilibre entre ses protagonistes humains et animaux. Il faut dire que dès sa genèse, L'Appel de la forêt a paru incertain. Réalisateur de Lilo & Stitch ou encore de Dragons, Sanders souhaitait mettre en scène un long-métrage d’animation, et cela se sent. Mais prises de vues réelles et création numérique ne générant pas les mêmes possibilités, le film est le plus souvent le croupion entre deux canoës.

 

photo, Harrison FordHarry sonne fort

 

On alterne ainsi entre fonds verts parfois immondes, envolées proches du cartoon (et peut-être de l’intention de base de l’auteur) et dialogues empesés, avant d’avoir enfin droit à quelques très belles séquences en extérieur, quand le scénario nous emmène enfin dans les grands espaces du Yukon. De même, on se désole souvent du choix – rationnel, mais plastiquement désastreux – d’user quasi exclusivement d’animaux numériques. Une orientation teintée d’anthropomorphisme qui aboutit à nous flanquer d’un clébard cauchemardesque, évoquant une sorte de Roland Magdane à poil dru issu d’un fantasme inavouable de développeur déviant.

 

photo, Omar SyOmar Sy

 

HARRISON FORT

Mal raconté, incapable d’appréhender l’âpreté de l’œuvre de Jack London et d’une copieuse laideur durant toute sa première heure, L'Appel de la forêt surprend néanmoins lors de son dernier mouvement.

Quand intervient finalement le personnage de Thornton, vieux vadrouilleur en quête d’isolement, on se surprend à retrouver foi en Harrison Ford. Et pour peu qu’on fasse abstraction de la quantité de subterfuges scénographiques dont use le film pour maintenir le personnage en position assise, couchée, ou avachie, on se réjouit de retrouver le comédien au meilleur de sa forme.

 

photo, Harrison FordAlain Chabat et Roland Magadane préparant leur nouveau spectacle

 

À des encablures du non-jeu d’un Blade Runner 2049, ou de ses apparitions fantomatiques dans les derniers Star Wars, Ford semble prendre un grand plaisir à prêter ses traits à un homme fatigué, revenu de tout, à peu près aussi bourru que l’artiste a la réputation de l’être, qui va retrouver un peu d’humanité et de chaleur au contact d’un animal qui en a peut-être plus bavé que lui.

Quand pointe cette émotion, c'est pour mieux se marier aux rares extérieurs du film, qui viennent souligner combien le numérique est encore incapable d'émuler une vraie illusion épique. Le résultat ne sauve pas L'Appel de la forêt, mais il lui permet de rattraper in extremis le spectateur. C’est peu, mais pour qui a parcouru les arcanes de la cinéphilie avec le souvenir d’un certain aventurier bougon, retrouver cette flamme dans le regard d’Harrison Ford a quelque chose de précieux.

 

Affiche fr

Résumé

Harrison Ford et une poignée de beaux paysages permettent à cette adaptation bancale de Jack London de survivre à ses effets numériques douteux et à une écriture boîteuse.

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Lecteurs

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commentaires
AVA
30/04/2023 à 01:49

Il n'y aurait jamais du avoir d'autres versions que le petit chef-d'œuvre en N&B des années 30 avec Clark Gable et Loretta Young!

iGREKKESS
24/04/2023 à 20:09

Il semble qu'on soit nombreux à avoir une histoire avec ce film. Pour ma part, c'était mon premier film vu seul dans une salle, rien que pour moi.
Et si je venais avec un préjugé négatif (chient en synthèse), surtout pour voir Harrison Ford, j'ai finalement été plutôt agréablement surpris, puisque le chien en synthèse n'est pas juste un gadget, mais sert justement le récit en offrant un angle inédit, en permettant que tout le film soit vu par les yeux du chien. Pour le reste, c'est un divertissement gentillet, un peu fade et convenu, mais on ne passe pas foncièrement un mauvais moment.

Rorov94m
23/04/2023 à 20:46

Mon dernier film en salle avant le confinement, mardi 17 mars 2020 au matin.
Je sors du cinoche et l'ouvreuse, émue, me dit que j'étais le dernier client (ils fermaient derrière moi).
J'ai sifflé "La dernière séance" en rentrant chez moi.
Finalement, pas si mal que ça ce film...

l'appel99
23/04/2023 à 20:30

A des années lumières du classique avec Charlton Heston de 1972. Ce chien numérique en vedette gâche tout et seul Harrison Ford parvient à donner de la vraisemblance à toute l'entreprise avec certains plans magnifiques du Yukon.

Flo
03/01/2023 à 13:48

Curieux hybride que cette nouvelle adaptation de Jack London, à moitié un bon film d’aventure familial à l’ancienne, un peu philosophe, ne rognant pas trop sur les moments rudes et violents…
Ce qui explique peut-être que Harrison Ford, dans le rôle du dernier compagnon du chien Buck, y soit aussi grave, attendrissant… Bref, plus impliqué en tant qu’acteur qu’il ne l’a jamais été ces 20 dernières années… alors qu’il joue la majorité de ses scènes face à Terry Notary, délaissant ses fameux singes pour interpréter un chien en motion capture.
C’est à dire pas un vrai chien à l’image – surtout que, en raison de scènes très risquées (mais aussi exagérément musclées), ce genre de tournage va maintenant se faire sans risque pour des animaux… Mais on a un, et même des chiens typiques de films d’animation américains. Certes hyperréalistes, mais ayant une gestuelle et des regards trop vifs et sophistiqués par rapport à de vrais animaux.
Normal : c’est le premier film en action réelle de Chris Sanders, un animateur à la base (lui aussi va caser ici une référence à la salle de classe A113 du studio CalArts). Ce qui donne l’impression de rester encore dans un film d’animation, dans lequel quelques acteurs humains interagissent… Puis, au fur et à mesure que l’histoire se fait intimiste et qu’on s’approche d’une rupture cruelle, de moins en moins d’humains.
De beaux paysages à l’écran, quelques visions surnaturelles et une morale qui enjoint à être son propre maître… le résultat, bien que pressé, est honorable.

Lili
15/12/2020 à 01:57

Mr Simon riaux pourquoi tant de fiel ? J'ai l'impression que vous en tirez tellement de plaisir que je me dit qu'après tout si ça vous fait du bien... J'ai regardé ce film en famille et nous avons passé un très bon moment Mais je suppose que c'est parce que on ne connait rien au cinéma

Maxproducts
14/12/2020 à 07:05

Disney a fait mieux avec l'animation de Bambi. Ici les chiens numérique ont un mouvement pixellisé. Néanmoins cette aventure fait découvrir le livre. Le premier film que j'ai vu après le premier confinement ????

Francis Bacon
14/12/2020 à 01:52

En effet la narration est bancale avec la voix off d'Harrison Ford qui décrit la vie de Buck alors qu'il ne le rencontre qu'à mi-parcours. Bon pour les effets spéciaux (décor et animaux numériques) je serai moins critique que vous, après j'ai une mauvaise vue et une petite TV alors je fais partie du public sur qui ça marche. Par contre un petit désaccord, il me semble qu'utiliser des animaux numériques, loin de faire preuve d'anthropomorphisme, permet de montrer à l'image des animaux, sans qu'ils n'aient été dressé à coup de ceinture pour 30 sec de pellicule. Ça me semble donc mieux éthiquement parlant.

Patou8313
13/12/2020 à 22:51

Je ne me souviens plus de l'original du film mais tout ce que je sais cette version et faite pour ceux qui aiment les animaux, j'ai beaucoup aimé le film avec Harrison Ford et Omar Sy et le chien Buck même si c'était une image de synthèse je l'ai vraiment trouvé réelle et très attachant, ce film il est à la fois drôle et triste en même temps, alors tant pis pour ceux qui n'aime pas cette version cela prouve que vous n'aimez pas les animaux alors ne dégoûté pas les autres rester avec l'ancienne version même si elle n'a rien avoir avec celle-ci qui me plaît beaucoup et que j'ai déjà regardé trois fois car j'ai gardé au fond de moi une âme d'enfant car aujourd'hui j'ai 65 ans et j'aime les animaux et je ne supporte pas qu'on leur fasse du mal, mais je déteste certains humains qui détruise le monde et le pollue et tant pis son texte déplaît à certains je m'en moque complètement. Bonne soirée.

Marc
30/06/2020 à 20:29

Le premier film vu dans une salle de Ciné. J'aurai préféré voir TENET. Pour un public très jeune l'appek de la Forêt c'est pas mal du tout le chien Buck passe bien et surtout les passages dans la forêt avec les loups bien réalisé. Malgré c'est qualités j'ai souvent regardé la montre . Bon film de famille qui aime les toutou et les grands espaces seront ravis

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