NOIR C’EST NOIR
Dominik Moll nous a habitués à ses rêveries déviant invariablement vers le cauchemar, de Harry, un ami qui vous veut du bien au Le Moine. Avec Seules les bêtes, il renverse le principe actif de son cinéma, partant du roman éponyme de Colin Niel, épousant son réalisme pour y distiller très progressivement le sens de l’étrange que nous lui connaissons. Et contre toute attente, cette orientation n’a rien d’un renoncement, tant elle permet au réalisateur de faire montre d’une maîtrise narrative et stylistique qu’on ne lui connaissait pas.
Au fur et à mesure que se déploie son intrigue, Seules les bêtes dévoile un cœur noir, aux pulsations imprévisibles et profondes. Ce qui démarre comme une recension de fait divers assez banal braque soudain vers une poésie glauque, alors qu’un homme perdu se prend d’amour et d’affection pour un cadavre, avant de soudain virer vers le pur romanesque, jusqu’à ce que le spectateur réalise qu’il assistait depuis le début aux prémices d’une tragédie totale, jouant avec le registre du pathétique avec une intelligence rare.
Dominik Moll se révèle très à l’aise dans le registre du bizarre, ce qui ne surprendra personne, mais il se sert ici de l’ancrage à priori réaliste de son intrigue pour ausculter des personnages passionnants. Sur le causse, tout le monde courbe l’échine, en rêvant de se redresser. Misère, pression économique, rapports de domination et humiliations sociales écrasent chaque protagoniste à sa manière. Jusqu’à la rupture, la transcendance ou la chute. Alors que cette boule à facette funèbre prend de la vitesse et provoque une certaine ivresse chez le spectateur, c’est le portrait d’une France rurale en état d’asphyxie qui apparaît, par petites touches, discrètes, mais décisives.
PARTIE DE CAMPAGNE
Si le cinéaste a toujours été un excellent directeur d’acteurs, ses personnages, notamment dans Lemming ont parfois été un peu écrasés par sa mise en scène, ou renvoyés à une dimension un peu artificielle, car totalement soumis aux exigences du découpage et de la narration. Dans Seules les bêtes, Moll laisse ses comédiens s’approprier la chair de chaque personnage, et insuffler en chacun une humanité qui vient toujours nuancer leurs actions.
Au centre du dispositif, Laure Calamy et Denis Ménochet génèrent une dynamique étonnante. Couple qui se délite au point de ne plus partager que ses mensonges, l’entité monstrueuse qu’ils créent s’avère le centre de gravité de tout le métrage, une matrice émotionnelle forte. L’une est visiteuse pour une mutuelle, l’autre est un agriculteur que le désamour et la crise rongent progressivement. Ennemis de film noir, tous deux pourraient former les anti-héros magnifiques d’un certain cinéma social. Devant la caméra de Dominik Moll, ces deux univers se marient et se nourrissent, avec force et gravité.
Ainsi, les circonvolutions du récit et ses nombreux twists, pour saisissants qu’ils soient, demeurent toujours cohérents et portés par les traumas ou névroses des figures qui peuplent le film. Autant d’âmes délaissées, progressivement contaminées par un mal banal, un ennui insondable, soit les poisons que Giono décrivait avec génie dans son Roi sans Divertissement. Cette équation prend forme lors de la grande bascule de Seules les bêtes, alors que l’éleveur interprété par Damien Bonnard contemple un gouffre sans fond, que le scénario et la mise en scène parviennent miraculeusement à fracturer, pour y laisser poindre un peu de lumière.
Scénario à tiroirs, excellentes interprétations, ambiance âpre et glacial à la fois. Décidément j adore le cinéma de Dominik Moll.
Très bon film !!
JE N’ai pas compris la fin. QUi envoie encore un message à Michel à la fin sur son ordi disant « tu es là mon amour », est ce sa femme qu’il va retrouver sur le causse ?
Waouh, un film tout en finesse, ambiance, en progression avec un ton unique sans l’air d’y toucher, qui surprend au fur et à mesure de l’avancé de l’histoire et ce jusqu’à la toute dernière image et le twist final.
Brillant, vertigineux, le grand hasard ou une bien belle démonstration du déterminisme.
Il y a longtemps que je n’avais été aussi surpris par un thriller français. Chapeau Mr Moll.
J’ai découvert ce film en lisant les avis dans le magazine « Les Années Laser » et j’avoue que lors de sa sortie en blu-ray il y a quelque mois je me suis précipité pour l’acheter. C’est un des films qui m’a le plus touché et bouleversé par sa trame narrative à tiroir. Je me suis empressé une fois visionné de le revoir avec ma compagne puis de le faire partager à tous mes amis car ce film passé un peu inaperçu mérite vraiment d’être connu et reconnu. Un petit choc cinématographique avec ses nombreux twists. Bravo et chapeau au réalisateur ainsi qu’aux acteurs qui jouent parfaitement.
J’ai découvert ce film en lisant les avis dans le magazine « Les Années Laser » et j’avoue que lors de sa sortie en blu-ray il y a quelque moi je me suis précipité pour l’acheter. C’est un des films qui m’a le plus touché et bouleversé par sa trame narrative à tiroir. Je me suis empressé une fois visionné de le revoir avec ma compagne puis de le faire partager à tous mes amis car ce film passé un peu inaperçu mérite vraiment d’être connu et reconnu. Un petit choc cinématographique avec ses nombreux twists. Bravo et chapeau au réalisateurs ainsi qu’aux acteurs qui jouent parfaitement.
Superbe je me réconcilie un peu avec le cinéma français.
Excellent film. Une preuve de plus que Denis Ménochet est un des meilleurs acteurs Français.
Voilà une de mes prochaines séances! 😉
J’ai rencontré l’auteur et avais acheté son livre, que j’avais trouvé très bien construit. je conseille la lecture des ses autres romans policiers se déroulant en Guyane d’ailleurs. Mais bref si le film est aussi réussi que le roman ça me va, en plus avec ce réal et ses acteurs, je pars confiant