Films

Aladdin : critique qui exauce les vœux si tu la frottes

Par Simon Riaux
17 février 2023
MAJ : 12 mai 2023
35 commentaires

Classique instantané du catalogue Disney, Aladdin, contrairement à la majorité des récents remake live du studio, n’a pas été précédé d’une vague d’amour inconditionnelle, la faute à une promotion discrète et à une bande-annonce repoussante. Son metteur en scène Guy Ritchie a-t-il renouvelé et secoué l’oeuvre originale avec la même réussite que lorsqu’il s’attaqua à Sherlock Holmes ?

photo, Mena Massoud

CE RÊVE BLEU…

À bien y regarder, cet Aladdin était une occasion en or pour Disney : œuvre adorée par toute une génération, forte en délires de génie, riche d’une partition renversante, dont le thème autorise toutes les outrances visuelles, et dont l’écriture originale, encore tenue par les canons classiques de Disney, pouvait se prêter à un dépoussiérage.

Malheureusement, entre mollesse, demi-choix jamais assumé et renoncements, cet énième remake est bien loin d’étreindre toutes les possibilités qui s’offraient à lui.

 

photo, Mena Massoud Mena Massoud, au centre

 

Premier constat agaçant : on a grand mal à croire que Guy Ritchie a dirigé cette nouvelle version. On peut rejeter en bloc le style du metteur en scène (et l’auteur de ces lignes est bien loin de lui être acquis) mais lui confier les clefs de la ville d’Agrabah semblait au minimum synonyme d’une relecture un peu secouée et désireuse de stimuler le spectateur.

Pour comprendre pourquoi jamais la mise en scène de Ritchie ne prend jamais son envol, il suffit peut-être de jeter un œil à son agenda, constater que l’intéressé a eu le temps de produire, tourner et monter The Gentlemen depuis la fin du tournage pour imaginer que son investissement n’a peut-être pas été aussi déterminant que sur certains autres de ses projets.

 

photo, Marwan KenzariUn Jafar dans la nuit…

 

JE N’Y CROIS PAS…

Pourtant, on sent bien, ici et là, dans la volonté d’hybrider le récit de Disney avec des références Bollywoodiennes, le goût du mélange de Guy Ritchie. Reste que tout cela s’avère souvent mécanique, visuellement inabouti (que de couleurs fades, d’étalonnage baveux et incrustations de tapis… pas franchement planantes) et handicapé par une écriture qui ne prend jamais en compte l’ADN du projet.

Car Aladdin est un film live, dont les gags, sorties de route et tentatives de folies sont le plus souvent directement reprises du dessin animé, mais qui ne parvient jamais à en repenser le tempo comique. Aperçu dans la bande-annonce, la transformation du génie en momie au détour d’une réplique en est emblématique : semblable à la lettre de l’œuvre originale, mais dénuée de son esprit.

 

photo, Will Smith Will Smith

 

Enfin, une partie du casting provoque un profond embarras, tant ce petit monde semble perdu, pour ne pas dire anesthésié au milieu de ce barnum de costumes et de fonds verts. Cette paralysie est éminemment choquante dans les cas de Marwan Kenzari (il ne reste plus rien de Jafar) mais également de Mena Massoud (Aladdin). Ce dernier va jusqu’à se faire voler la vedette le temps d’un plan par le Prince Anders de Billy Magnussen (pourtant pas une leçon de subtilité).

 

Aladdin : photo, Mena MassoudC’est toujours mieux qu’avec Kev’Adams

 

… C’EST MERVEILLEUX

Tout n’est pourtant pas à jeter, et le compositeur Alan Menken – déjà derrière la partition du dessin animé – fait régulièrement des miracles, comme le prouve l’alliance de son toujours excellent Je suis ton ami avec l’imagerie multicolore d’ILM. Qu’il redynamise ses classiques, les adapte intelligemment à cette nouvelle proposition ou présente des morceaux inédits, il parvient presque toujours à injecter vie et entrain dans ce grand corps à la dérive, à tel point qu’il fait régulièrement oublier les limites d’une mise en scène tristement programmatique et illustrative.

 

photo, Naomi ScottUne Jasmine qui ne s’en laisse pas compter

 

Deux comédiens usent de ses compositions avec réussite et s’en servent idéalement pour doper leur jeu. Naomi Scott s’impose clairement comme la révolution du film, attirant à elle la lumière dès qu’elle apparaît à l’image. Sa Jasmine a de petits airs d’Elsa (La Reine des neiges) bienvenus et c’est sans doute elle qui confère au film le plus de chair et de nervosité, tant et si bien qu’on rêverait de la voir jeter Aladdin en pâture à son immonde tigre numérique et se lancer dans une grosse battle de lyp sinc avec Will Smith.

Il est d’ailleurs l’autre réussite inattendue du blockbuster. Malgré des approximations visuelles et numériques parfois franchement gênantes, le cool et la suavité dont il inonde le personnage constituent une bonne alternative à la roublardise de Robin Williams, et entraîne par instant cet Aladdin sur un terrain qui fleure bon le groove. Pas suffisant pour faire de cette version 2019 une réussite, mais assez plaisant pour lui éviter de virer à la catastrophe.

 

Affiche française

Rédacteurs :
Résumé

Guy Ritchie semble aux abonnés absents et son énergie manque cruellement à ce récit pâlot et programmatique, sauvé lorsque le compositeur Alan Menken, Will Smith et l'excellente Naomi Scott prennent les choses en main.

Autres avis
  • Geoffrey Crété

    Non.

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Commentaires
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Flo

Guy Ritchie, ses voleurs, ses expérimentations hadardeuses sur la temporalité et le montage (il n’a toujours pas fait de SF !!). Juste un film pour (ses) enfants cette fois-ci, où son égo est mis de côté, enlevant une part de vacuité de son cinéma.
Bien sûr, il est absurde de vouloir refaire en action réelle un film dont la vélocité cartoonesque et émotionnelle est impossible à égaler… sans compter (celle de) Robin Williams – Will Smith n’a plus autant de sympathie, mais il y fait une jolie variation de son personnage de Hitch.
Pas la même énergie, beaucoup de digressions explicatives…
Comme film d’aventure pour petit(e)s et grands, ça marche bien, mettant plus de sensibilité chez ces personnages (Aladdin n’y a plus l’arrogance charmante d’un Tom Cruise), là où l’amitié entre garçons malins était plus centrale, avant.
Intéressant, mais pas abouti, le fait que héros et méchant se trouvent sur un pied d’égalité dans leur traitement, par rapport à leurs envies respectives d’indépendance.
Ritchie, lui, a déjà la sienne d’indépendance. Depuis longtemps.

Ethan

bientôt un classement des meilleurs live action

Cidjay

Ce film etait lamentable, le pire disney live que j’ai vu.

Henry Jones Sr.

Probablement la pire des adaptations live qu’il m’ait été donné de voir avec la Belle et la Bête. Je comprends ce simple « non » de Geoffrey Crété tant la découverte du dessin animé était une révélation à l’époque, et tant cette adaptation n’est pas à la hauteur de son matériau d’origine. Ce délire de couleurs, de costumes ridicules et la mise en scène de Guy Ritchie en font presque un nanar à mes yeux, ou plutôt un navet qu’on oubliera bien vite si le ticket du cinéma n’était pas aussi cher de nos jours.
Bref, un film que je trouve inutile dans l’histoire de Disney, qui illustre bien le cynisme consistant à produire des films recyclés de grandes œuvres dans le seul but de faire du fric. Ce niveau de flagrance devient artistique.

maxleresistant

Autre avis Geoffrey Crété
« Non. »

ça à le mérite d’être clair.

Ethan

Un film intéressant par son casting. L’acteur qui joue aladin ressemble beaucoup au personnage.

Les soucis du film : sa durée paraît vraiment long par rapport au dessin animé, l’aspect féminisme trop présent

Loozap

Moi j’ai très très bien apprécié ce film

Miami82

Gros doute sur les 1ères images du film avec une crédibilité de Will Smith proche de 0. Finalement, le métrage une fois commencé, se laisse regarder sans déplaisir. Et Will Smith se révèle incroyable en génie. Pour la technique, je reste d’accord avec vous, un réalisateur qu’on ne reconnaît pas (de toute manière, je ne comprends pas comment on ait pu penser à lui sur un tel film), mais qui fait sacrément bien le job. Et des effets spéciaux pour moi franchement réussis hormis effectivement le vol en tapis qui aurait mérité autre chose et le génie qui a un je ne sais quoi qui gène (mais bon, peut-être est ce fait normal). Le gros défaut à mon niveau a été les chansons que je ne supporte pas sur un film sauf si c’est un film chorale (après, c’est personnel) et sur les chanson justement des voix françaises qui ne se calent pas du tout sur les lèvres des acteurs (ce qui est rare dans le doublage français)

Simon Riaux

@Guéguette

Pas tant d’étoiles que ça, et on voit pire toutes les semaines.

Guéguette

Inregardable. Mauvais goût, réalisation plate, de la copie en moins bien,…
Pourquoi autant d’étoile?