L’EMPRISE DES PARIS
22 millions d’euros de budget pour L’Empereur de Paris n’est pas une mince affaire. C’est un peu plus que Taxi 5, sorti plus tôt cette année pour rencontrer un succès relatif au sein de la saga, avec tout de même 3,6 millions d’entrées. C’est donc un énorme pari pour les producteurs, qui ne pourront totalement échapper à la mention du four Vidocq, la superproduction de Pitof avec Gérard Depardieu, vendue comme une révolution mais enterrée par le public et la critique en 2001.
Eugène-François Vidocq est donc de retour, avec l’intention claire de récupérer cette petite noblesse héritée de Claude Brasseur dans la série des années 70. L’ambition est évidente : offrir un grand film d’aventure populaire, susceptible de rassembler des millions de spectateurs en rappelant que le cinéma français est capable d’emballer du divertissement fédérateur.
Vincent Cassel mène la danse dans ce récit qui affiche ses grandes reconstitutions historiques de Paris, et rassemble une belle distribution hétéroclite (Olga Kurylenko, Fabrice Luchini, Patrick Chesnais, James Thiérrée, Denis Lavant ou encore Denis Ménochet). Hélas, cette bonne volonté semble étouffer le nouveau Vidocq, aussi fougueux et téméraire dans l’intrigue, que lisse et désincarné à l’écran.
L’INSTINCT DE VIE
Difficile d’attaquer L’Empereur de Paris d’un point de vue purement technique. Jean-François Richet a prouvé avec Assaut sur le central 13, Mesrine : L’instinct de mort et Mesrine : L’Ennemi public n°1, sa capacité à filmer et organiser l’action, et lui donne une ampleur. Il a ici les moyens d’une partie de ses ambitions, et a pu reconstituer une partie du vieux Paris en France, et non dans les rues de Prague, souvent utilisées pour les tournages. D’où une sensation très globale d’avoir sous les yeux du vrai et de la vie, autour des acteurs.
C’est particulièrement excitant dans le prologue, où Vidocq le bagnard est découvert dans les cales d’un bateau. Cette première image de rat écrasé, dans cette atmosphère, vend même un peu de rêve. Sans étalage démonstratif et ostentatoire, ni impression de carton-pâte et mouvements réduits, il y a donc un vrai soin apporté au film en matière de décors, accessoires, et costumes. Il y a là la preuve évidente d’un vif désir de producteurs et réalisateur de se réapproprier un terrain trop délaissé dans le cinéma français. C’est un argument de taille, qui impose le respect et intrigue beaucoup.
Mais très vite, ce petit monde semble étonnamment limité. Les ruelles et les intérieurs manquent de perspectives, les grands décors comme celui du lavoir ont vite des airs de studio, et le climax étiré entre des sous-terrains proprets et une église vide est bien sage. Et ce ne sont pas les quelques scènes où la poudre parle, entre petites bastons et quelques balles tirées, qui permettent à la chose de devenir un digne film d’aventure.
Vincent Cassel et August Diehl, frères ennemis
PARIS DES ILLUSIONS
Mais surtout, L’Empereur de Paris manque terriblement de souffle dans ce qu’il raconte. Nul doute que ce Vidocq est un personnage passionnant de par sa place dans l’Histoire de France, comme un trait d’union romanesque entre Louis XVI, la Révolution française et le Second Empire. Mais à l’écran, il n’y a rien de plus qu’un pseudo anti-héros à la trajectoire bien classique.
De son amourette avec une fille des rues (qui deviendra bien évidemment un enjeu dramatique banal dans le dernier acte) à sa bataille contre un frère de chaîne (qui passera bien évidemment d’allié à ennemi), ce Vidocq est engoncé dans le costume du héros d’un programme trop cadré, qui semble tout sacrifier à l’ambition d’offrir ce grand et noble divertissement populaire. Une idée fixe qui semble diriger tout le film, quitte à l’étouffer et le priver de vie.
C’est un problème pour les personnages, la plupart restant sous-écrits, comme la grotesque baronne de Giverny. Annette, Maillard et Dubillard auraient eu besoin de plus de scènes pour prendre véritablement vie, quand le fascinant Nathanael de Wenger est réduit à peau de chagrin malgré un rôle d’antagoniste qui, sur le papier, est particulièrement fort.
Baisser la tête et rester digne
C’est aussi un problème de taille pour le récit d’aventure que cet Empereur de Paris voulait être. Le film a beau se regarder sans réel ennui, il laisse la vaste sensation d’avoir sous les yeux un spectacle scolaire, d’où rien ne dépasse. Pas une séquence marquante, pas une image folle, pas un moment de pur cinéma. Vincent Cassel et Fabrice Luchini ont beau avoir quelques beaux discours à défendre, sur la France et l’honneur, l’énergie n’y est pas.
Aux antipodes d’un Vidocq assassiné sur la place publique à cause de ses appétits trop grands, et qui ne ressemblait à rien d’autre de connu, L’Empereur de Paris est la version polie et polissée. Il n’y a certes plus de raison de créer la discorde, la moquerie et l’esclandre. Mais il n’y a plus de raison de s’exciter, puisqu’il n’y a plus vraiment de folie, de fantaisie et de souffle.
Richet ne choisit décidément pas la facilité : il s’engage sur une grosse production d’époque, avec un protagoniste à la fois réel et mythique (Vidocq)… Et le résultat n’est Pas un grand film historique épique, virevoltant, comme ont aurait pû (dû) s’y attendre. Mais plutôt la reconstitution minutieuse d’un âge (transitoire) qui vient influencer la psyché du héros, qu’on identifie clairement comme un Mesrine inversé : certes un évadé continuel, quelqu’un qui fraye constamment avec l’illégalité, et toujours interprété par Vincent Cassel.
Mais à la culpabilité évidente de l’un répond l’honnêteté de l’autre. Au machisme beauf de l’un, le romantisme fragile de l’autre. À la gêne humiliante que l’un représente pour le Pouvoir en place, le bénéfice ferme que représente l’autre. À la folie théâtrale de l’un, le calme olympien de l’autre – sauf dans une scène impressionnante où il rappelle sa place réelle par rapport autres criminels, tout en faisant preuve d’une part de compassion.
C’est un peu le problème de ce film : il ne peut exister individuellement, pas sans le diptyque « Mesrine » dont il représente une sorte de prequel. Mais quand on le comprend, il en devient plus abordable, et demande plus d’exigence de la part du spectateur.
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Et il y a encore plusieurs opus en un – on passe d’un film de prison/évasion, à un film d’équipe, pour aller vers un revenge movie, le tout mâtiné de plusieurs apartés politiques (la baronne « mafieuse » que joue Olga Kurylenko a un intérêt limité)
et autres commentaires habituels sur le système policier. Bien entendu le casting s’en donne à cœur joie, et les interventions de Luchini en Fouché sont particulièrement savoureuses de cynisme.
Chaque séquence se voit comme un petit tour de force – une mise en scène plus calme, des idées de cadrages étranges – mais qui ne s’amalgame pas avec le reste, à l’image de l’équipe que constitue Vidocq, constituée d’individus disparates qui ne sont pas destinés à survivre (notamment l’ex guerrier napoléonien que joue James Thierrée, dont l’allure et la virtuosité physique font déjà partie d’un autre temps).
Et avec un antagoniste très bd (August Diehl se prend-il pour le Joker ?), symbole de la propre culpabilité du héros, on a comme un « Vidocq Begins » qui se contentera de décrire la formation de ce personnage tragique… Condamné à vivre glorieusement mais sans être libre, car il est trop utile à beaucoup de monde.
Comme le souligne un dernier plan significatif montrant l’équivalent d’une cage, jusqu’à ce qu’on comprenne enfin qui est ce fameux Empereur de Paris.
Malheureusement mauvais avec cassel à la limite de la parodie.
Bien d’accord avec vous EL, 22mEUR bien foutus en l’air, quel ennui ce film. Quel scénario banal, quel film convenu!
@Gacho
Vous ne semblez pas particulièrement familier avec le sujet pourtant.
Les deux éléments que vous avancez sont subjectifs. Libre à vous de considérer ces scènes comme très impressionnantes. Et libre à l’auteur de ce papier de les considérer autrement.
Les notions de mensonge ou vérité n’ont aucun rapport.
On n’estimera pas pour autant que votre pensée souffre d’un quelconque vide.
Erratum
Il faut employer les bons mots quand on connait le cinéma.
Il faut juste ne pas etre malhonnete. Le capitaine qui s’empale sur l’autre à la fin aprés en avoir tué 4 avant… Une petite baston ??
Alors oui bien entendu mais desolé il y a des mots qu’il faut savoir employé quand on connait pas le cinéma.
Il parle de petite baston.
Je suis désolé mais meme si on aime pas le film ceci est un mensonge.Aucune scene marquante ceci est encore un mensonge.Ce n’est pas tant sa notation qui me dérange ce sont ses phrases ttes faites pour combler le vide de sa critique.
@Gacho
Bonjour,
Vous venez de découvrir le désaccord. C’est un sentiment étrange, dont l’occurrence trouble parfois ceux qui en font l’expérience.
Votre interlocuteur a tout simplement une opinion différente de la vôtre. Et à en juger par l’indifférence polie avec lequel critique et public ont accueilli le film, il y a fort à parier que le point de vue développé par Geoffrey soit partagé par pas mal de monde.
Cette divergence ne fait ni de lui un incompétent, ni de vous un imbécile; Juste deux personnes qui peuvent soit échanger leurs points de vue, ou se lancer des noms d’oiseaux et autres invectives.
Incroyable critique.de Geoffrey Creté.. Desolé mais tu n’as aucun talent d’analyse de film.Ce Film est un chef d’oeuvre. Je viens de revoir le film une 2eme fois.. Les dialogues sont énormes,ensuite vous parlez de petite baston… Avez vous vu le combat au sabre du capitaine ? Le face a face fouché et vidocq sans énergie ? Jai revu la scene 4 fois c’est magistral.Un film bien sage ?? Il est assez violent tt de meme. Je suis souvent d’accord avec vos critiques mais la celui qui a noté le film désolé il n’a aucune psychologie ? Aucune scene marquante ?? Le monologue de Cassel dans la cellule avec tt les prisonniers c’est de la tension maximale. ECRAN LARGE SILVOUS PLAIT choississez mieux vos chroniqueurs.
En effet, en sortant de la salle, il y avait comme un goût d’inachevé, l’impression de ne pas avoir vu vraiment Vidocq. Les acteurs semblent bons, les décors grandioses, mais le film plat. Il ne restera peu ou pas de souvenir de ce film dans quelques jours ! Et c’est à ça qu’on reconnait un bon film, à la trace qu’il laisse dans notre mémoire….
Les critiques négatives que je lis sur ce film sont une honte pour ceux qui les écrivent.Ce film est effectivement un chef d’oeuvre,n’en déplaise à tous ces rageux de tous poils incapables d’écrire et réaliser ne serait ce que le début du commencement d’une scène de ce film dans lequel le casting est excellent au contraire de tout ce que j’ai pu lire.Alors vous qui n’avez pas encore vu ce film précipitez vous et permettez ainsi que d’autres films de cette trempe puissent exister…(je ne parlerai pas du film de Pitof qui pour le coup m’a paru imbuvable…)