Les Contes aux limites de la folie : critique timbrée

Christophe Foltzer | 21 novembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 21 novembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le nom de Freddie Francis n'est pas connu du grand public fan de cinéma d'horreur et c'est bien dommage car, pour le connaisseur, il est l'un des incontournables du fantastique anglais des années 60-70. Et Les Contes aux limites de la folie nous le prouve de bien belle manière. Le film est disponible en Blu-ray aux éditions ESC depuis le 20 novembre.

THÉRAPIE DE GROUPE

A la manière d'un Creepshow ou des Contes de la crypteLes Contes aux limites de la folie se prête à l'exercice de l'anthologie d'horreur. Ainsi quatre histoires fantastiques et cruelles nous serons racontées par le prisme du Professeur Tremayne, directeur d'un asile psychiatrique qui interne quatre patients dont il soumet les cas à l'un de ses collègues en pleine nuit, faisant ainsi office de lien entre les histoires dans la plus pure tradition des films anthologiques.

 

photo contes aux limites de la folieUn segment qui a bien dû inspirer Bill Watterson

 

Nous y suivrons pêle-mêle : l'histoire d'un gamin et de son ami imaginaire qui commence à énerver ses parents, un antiquaire qui se retrouve aux prises avec un étrange tableau et un bicycle tout aussi intrigant, un homme qui découvre un arbre mort et commence à développer des sentiments à son égard et enfin un homme qui doit exécuter un rituel sanglant pour acquérir les pouvoirs ancestraux de sa famille.

Si le budget est loin d'être conséquent et qu'il montre clairement ses limites dans les moments les plus ambitieux du film, il faut néanmoins reconnaitre à Freddie Francis une maitrise assez magistrale des moyens à sa disposition pour faire exister son univers. Et ce n'est pas étonnant lorsque l'on sait que le réalisateur a trainé ses guêtres du côté de la Hammer, mythique studio anglais des années 60 qui nous a offert une ribambelle de chefs-d'oeuvre.

 

photo contes aux limites de la foliePrémices d'un rituel étrange et sanglant qui risque de vous surprendre

 

LE GRAND SOIR

Francis maitrise tout aussi bien sa narration et le dosage entre humour et horreur fonctionne à merveille. Si le film ne surprendra pas autant aujourd'hui qu'il a pu le faire à sa sortie en 1973, parce que nous avons maintenant un background culturel qui n'existait pas il y a 40 ans et que l'on sait repérer un coup de théâtre quand on en voit un, l'ensemble demeure toujours aussi efficace et entrainant.

Rafraichissant même, dans sa facture old-school, avec un fantastique qui existe uniquement par ses effets de montage (à ce titre le segment avec le tableau est un modèle du genre).

 

photo contes aux limites de la folieC'est les années 70, donc y a aussi un peu de cul. Mais gentiment hein...

 

Ce qui accroche le plus dans le film, c'est bien entendu son propos. Entouré d'acteurs aussi mythique que Donald Pleasence, Kim Novak et Joan Collins, Freddie Francis se permet, en effet, avec Les Contes aux limites de la folie, de tirer à boulets rouges sur la bourgeoisie anglaise des années 70. Il gratte le vernis des apparences pour montrer l'horreur qui se cache en-dessous, là où l'éducation et le statut n'arrivent plus à masquer les bas instincts. Parce que, ce qui peut paraitre divertissant aujourd'hui et inoffensif, était clairement subversif à l'époque.

Toutes les histoires se passent dans un milieu aisé, tous les personnages sont frustrés, tous semblent prisonniers de leur condition et tous se font avoir par ce qui les définit socialement. Le fameux flegme britannique en prend un coup, c'est la bourgeoisie qu'on assassine, et c'est particulièrement jouissif parce que très bien fait. Cruel, mais drôle. Comme un EC Comics quoi.

 

Résumé

Petite perle méconnue du grand public, Les contes aux limites de la folie est à découvrir d'urgence. Parce qu'il représente une partie du cinéma d'horreur anglais que l'on ne connait pas bien, parce qu'il n'a pas vieilli, qu'il est toujours aussi efficace et parce que son propos frondeur fait du bien par où il passe.

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commentaires
Grunt
21/11/2018 à 19:01

Freddie Francis est très connu en tant que directeur de la photographie pour son travail avec Jack Clayton, Martin Scorsese ou David Lynch. Merci de m'avoir fait découvrir sa facette de réalisateur, ça donne effectivement très envie !

snake
21/11/2018 à 15:49

merci pour cette decouverte ! la critique donne vraiment envie !

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