La Nonne : critique qui boit le vin de messe
L’univers Conjuring continue de s’étendre et accueille, après deux épisodes annexes dédiés à la maléfique Annabelle, une nouvelle intrigue secondaire, située dans les années 50 au cœur de la Roumanie. Prosternez-vous devant La Nonne réalisé par Corin Hardy avec Demian Bichir et Taissa Farmiga !
HARDY LA NONNE
On avait remarqué Corin Hardy grâce à son Sanctuaire. Une série B relativement classique, servie par une atmosphère séduisante, ainsi qu’une direction artistique et une photographie très réussies, qu’il avait su impeccablement mettre en valeur. Il est donc plutôt logique de le retrouver aux commandes de cette production, qui délaisse les Etats-Unis et l’Angleterre pour se plonger - de prime abord - dans les ténèbres épaisses de l’héritage Hammerien.
Un couvent vraiment pas flippant du tout
Et passé une introduction aussi absurde qu’efficace, on comprend que le projet porté par La Nonne sera tout autre. Dès la deuxième séquence, nous sommes aux côtés de Frenchie (Jonas Bloquet), un Français qui s’avérera Canadien, mais se planque en Roumanie, où il nourrit les bonnes sœurs d’un couvent reculé.
C’est justement ce à quoi il s’affaire, quand il tombe sur le corps pendu de l’une d’elle, passablement amoché par des corbeaux voraces. Effets sonores tonitruants, maquillage gore inattendu au sein de la saga Conjuring, effets physiques craspecs et décors manifestement artificiels… à bien des égards le film tranche stylistiquement avec ceux qui l’ont précédé et renouvelle leurs codes de fort belle manière.
"Hein ? Franchement ? Qu'est-ce qui pourrait bien nous arriver ?"
MANGEZ DES NONNES
Là où James Wan avait imposé un recyclage en règle des figures de style du cinéma de genre des années 70/80, ainsi que du cahier des charges établis dès Insidious, Corin Hardy joue une carte beaucoup plus européenne et excessive. Il s’amuse ainsi à jouer en permanence la carte de l’outrance et de la sur-stylisation, tantôt gothique, tantôt franchement bis.
Ici, le sol est toujours recouvert d’un brouillard bleuté, là, les croix biscornues projettent d’invraisemblables ombres, tandis qu’ailleurs, nos héros se baladent pépouze dans des cryptes couvertes de toiles d’araignées géantes, éclairées à coups de gélates fushias, quand ils ne causent pas avec des spirites squelettistes aux voix d'outre-tombe. Ici, la folie et le délire semblent toujours guetter au coin de la moindre image.
Et par conséquent, les références au cinéma bis, voire Z, pleuvent. Qu’une nonne zombie piège un malheureux curé dans un cercueil, et Corin Hardy peut déployer toute une collection d’hommage à La Maison près du cimetière, de Lucio Fulci. Après presque 40 ans, Le Manoir de la terreur n’est pas devenu un matériau plus respectable, mais en voir les motifs poindre dans une production calibrée de studio a quelque chose d’aussi étonnant que réjouissant.
QU’EST-CE QU’ELLE EST NONNE
Toutefois, si cette énergie surprend et rend souvent La Nonne divertissant et inattendu, le film ne se contente pas de digérer une partie de la charte graphique du bon vieux Z over the top d’antan. Il en possède également plusieurs caractéristiques narratives, plus problématiques. Les personnages de la saga Conjuring sont tous célèbres pour avoir survécu à d’importantes ablations du cerveau, mais ceux de ce nouveau spin-off poussent la stupidité dans des retranchements qui auraient de quoi transformer la tombe de Charles Darwin en turbine thermonucléaire.
Rarement aura-t-on vu des protagonistes agir à ce point en dépit du bon sens, suivre une silhouette menaçante psalmodiant des menaces en latin juste après avoir échappé à une horde de cornettes cannibales en descente de LSD. La mine atrabilaire de Demian Bichir ne peut faire oublier le choix curieux de Taissa Farmiga, dont la soeur Vera joue Lorraine Warren. Une proximité qui parasite quantité de scènes.
Interprété par l’excellente Bonnie Aarons, le démon Valak (qui devrait plutôt se prénommer Balek) semble toujours agir au hasard et on ne comprend pas du tout la logique derrière ses apparitions ou attaques. Dès lors, malgré quantité de passages excitants ou créatifs (l’ensemble lorgnant clairement plus du côté de l’aventure horrifique que du fantastique), impossible de complètement se passionner pour cette sympathique Nonne.
Lecteurs
(3.5)02/11/2019 à 15:01
Je m'attendais à une série B horrifique sympa ! et finalement on est plus proche du z ! . Tout est recyclé , déjà vu ! . Pas d'inventivité dans la mise en scène , les scènes sont répétitives ( les apparitions de " La nonne " ) . Le film a malgré tout bien marché : comprenne qui pourra !
30/10/2019 à 21:29
Plaisir coupable pour ce nanar (qui semble rendre hommage aux nanars italiens des années 70/80).
Tout est très con et incohérent mais l’image est belle et quelques scènes sont flippantes. J’aime et je valide ce « conjuring universe » qui assume être de la série B efficace (je mets de côté les Conjuring qui sont pour moi des vrais films d’auteur).
22/01/2019 à 00:44
A l'image de cette critique, on est très content des décors très travaillés, de la sur-stylisation de chaque scénographie/atmosphère mais les personnages ne sont pas vraiment éveillés...les acteurs sont pourtant sympathiques mais la mise en scène abuse des effets à la mode (jump scare trop prévisibles, ombres qui bougent dans le fond du cadre, hors-champ pas très imaginatifs...) et surtout fais n'importe quoi avec sa propre logique : dans le surnaturel si tu sors un crucifix ça fait normalement plus d'effet que de tirer avec un fusil sur un spectre...En plus de montrer du grand n'importe quoi (quelque fois réjouissant, quelque fois consternant) avec l'imagerie catholique : le coup de cracher le sang de la sainte relique à la fin non mais là faut arrêter de sniffer du Cif ammoniacal...En fait c'est un mélange batard entre Fulci et Jusqu'en enfer de Sam Raimi mais moins "chic" que les Conjuring...
23/09/2018 à 16:24
On passe un bon moment malgré tous les poncifs présents sauf, bizarrement, la pluie et l'orage absents. Le père Burke est étonnant :
Frenchie : "-Hé, le cadavre à bougé !
Père Burke : -Bof, j'ai déjà vu ça des cadavres aller s'asseoir".
21/09/2018 à 14:57
3/5, film très attendu qui remplit ses fonctions. Décors incroyables, ambiance sombre, casting réussis. Voir Taissa Farmiga (American Horror Story) interprété un rôle dans un film d'épouvante n'est pas une surprise. Le suspense est maintenue comme il se doit. L'histoire aurait pu être un poil plus riche et en lien avec Conjuring. On déplore le fait qu'il n'y ait pas de liens de parentés entre Sœur Irène et Lorren Warren, pourtant pourvus des mêmes capacités psychiques. Film bon dans l'ensemble avec juste un manque de profondeur scénaristique.
17/09/2018 à 16:03
Sur l'affiche son pif est bizarre...Nan ?
Un message peut-être...
Mais lequel ?
C'est imbitable...
14/09/2018 à 15:11
mwai les monstres, y'a aussi les monstres de la pression sociale, du mimétisme de masse,....
Genre si ils faisaient pour changer, un film d'horreur, sur les chevaliers ex-celtes, de savoie, qui sont revenus de croisades au 11e siècle, qui avaient passés contrat de protection de leur mode de vie avec le compte de savoie, en échange de leurs services, revenus dans leurs villages, en voyant leurs villages et les corps calcinés de leurs familles laissés à l'air libre. Puis en se faisant laissé le choix par l'inquisition, de choisir entre la conversion et partir colonisé un hameau en montagne haute ou subir le même sort. Horreur psychologique, ça ça changerait.
14/09/2018 à 13:48
Apparemment Floflo83 est très à cheval sur la généalogie de la famille Farmiga !...
14/09/2018 à 13:06
vera est sa soeur pas sa mère cher ecran large
14/09/2018 à 12:24
@Floflo83
Elles sont bien évidemment soeurs. Je m'emmêlais les pinceaux avec les multiples théories qu'amène ce choix de casting, sur la relation entre les deux personnages, et non les deux actrices.
@Towanda
Telle qu'exploitée dans le film, la bande originale n'a pas le moindre intérêt, elle est souvent écrasée par les effets sonores.