Downrange : critique armée et dangereuse

Simon Riaux | 24 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 24 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Entre les fantômes de nonnes défroquées et les poupées maléfiques atrabilaires, on ne voit plus tant de survival bien énervé sur nos écrans. C’était sans compter sur Ryûhei Kitamura qui parvient à transformer le point de départ simpliste de Downrange en fête de la viande aussi retorse que jubilatoire.

 

MIDNIGHT MEAT BLA-BLA-CAR

Kitamura est essentiellement connu sous nos latitudes pour Versus, l'ultime guerrier et Midnight Meat Train. Deux œuvres stimulantes, dont la richesse et la dimension anarchique a parfois agacé, ou brouillé le sens de lecture. Mais le réalisateur n’a pas chômé depuis et semble avoir finalement trouvé un écosystème dans lequel canaliser sa furieuse créativité.

Un système simple, dans lequel une poignée de jeunes adultes, réunis dans le même véhicule grâce à une application de co-voiturage, devient la cible d’un sniper en série aussi précis que cruel. Downrange désigne en anglais la distance idéale de tir. Distance que connaît parfaitement l'artiste puisqu'il vient dès les cinq premières minutes du film à bout touchant. Coincé avec ses protagonistes dans un décor aux airs de huis clos calciné, tenu à une nécessaire retenue narrative, le cinéaste ne peut immédiatement lâcher sa bride.

 

photo"Faites du stop qu'ils disaient..."

 

Ou plutôt, il doit réinventer une grammaire, qui autorise à la fois ses outrances tout en préservant l’intégrité du récit. Et ce dispositif primaire, où premier plan et arrière-plan entrent sans cesse en collision, a littéralement dopé sa mise en scène. De la gestion de l’espace, en passant l’obligation d’énergiser des séquences extrêmement statique, tout devient terrain de jeu meurtrier et euphorisant devant la caméra de Ryûhei Kitamura. En témoigne le morceau de bravoure central, qui concentre en une poignée de secondes à peu près tous les ingrédients fantasmable par le spectateur, puis les lui fait littéralement exploser au visage.

 

photoTout le monde va prendre, très très cher

 

POUPÉES DE SANG

Les plans s’emboîtent parfaitement, notamment grâce à un montage tout en rythme et en ruptures de ton. Au-delà de la maîtrise parfois effarante du réalisateur, c’est la joie, mauvaise mais communicative, qu’il nous transmet en torturant ses personnages. Fin connaisseur de la représentation de la violence, il tient parfaitement le grand écart entre crudité des mutilations et irruptions d’un rire indissociable de la philosophie gore.

 

photoLe blanc, c'est salissant.

 

Au final, malgré une situation qu’il ne peut développer très longtemps, un décor qui finit par l’enfermer, et des ambitions trop limitées pour que Downrange marque durablement le genre, le film s’avère une giclée de sang frais dans le petit monde de l’horreur brute. Rigoureux dans son déroulé, pervers dans sa mise en place, le scénario se paie en outre le luxe de ne jamais abêtir ses personnages, préférant soumettre héros et meurtrier à une égale pression psychologique.

À l’heure où le cinéma de genre paraît incapable de trancher entre catho-porn de bas étage et horreur ultra-conceptuelle, ce retour à l’aridité de la survie, à la sécheresse du danger et la puissance d’arrêt d’un simple fusil nous fouette efficacement le sang.

 

Affiche DVD

Résumé

Un concept simple, tenu de bout en bout, un réalisateur en pleine possession de ses moyens : Downrange est un survival tendu comme une catapulte chargée de missiles thermonucléaires.

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commentaires
Solo
09/11/2018 à 22:20

Un film gore qui tiens la route et c'est le cas des scènes de mutilations par balles sur de jeunes acteurs et actrices un scénario réaliste bref jubilatoire .

Karloff
26/07/2018 à 09:23

Bien aimé. Bonne série B nerveuse et tendue. Les quelques plans bien gore sont bienvenus et le final du film m'a bien fait marrer...

ratararra 789999
26/07/2018 à 00:01

Sérieux 4 étoiles pour cette bouse de l'espace ? bon ok c'est pas trop mal réalisé y'a deux trois plan intéressant les acteurs sont vraiment moyen surjoue par moment mais encore ça peut passer ... Mais alors la c'est bourré d’incohérence des angles de tirs impossible , des choix complétements stupides des perso , le pire c'est l'arrivée des policiers 4 dans un pickup armé pire que rambo qui ce font shooter comme des nazes vraiment le truc pas crédible ... et puis la seul meuf qui à un cerveau qui court pour ce sauver d'un coup elle s’arrête debout 20 secondes ce mets à réfléchir tu sais pas pourquoi et repart en sprint pour ce prendre une balle dans la tête jamais vu une scène aussi naze ... Alors écran large vous touché un pourcentage sur la VOD ou bien parce-que la cette note elle est vraiment louche §§§§!!!!!

moky99
25/07/2018 à 07:37

vu hier soir. J'en ai vu des films dans ma vie de cinéphile, de tous pays, de tous genres, de toutes qualités.
Mais alors là, je n'ai rarement vu un tel navet. Quelques moments de fulgurance mais pour le reste, jeux d'acteurs pathétiques, cadrages maladroits, de nombreuses incohérences, des longueurs interminables par moments.
A vite oublier.

Alcatrazz
24/07/2018 à 13:24

Comme dit plus bas: "vite vu, vite oublié"! Incohérent, limite stupide...ok c'est par moment gorasse mais totalement inoffensif

Chris
24/07/2018 à 12:21

Vu hier, j'ai adoré, stressant dès les premières minutes, sanglant, gore par moment, drôle aussi avec des flics stupides comme peut le faire le cinéma Coréen. La scène finale est excellente aussi. Bref très bonne surprise ce film.

Kharezmi
24/07/2018 à 12:10

C’est plutot une grosse comedie tirant vers le z qui tache...je pense que la critique est à prendre au second degré.

AyronNorya
24/07/2018 à 11:58

Mouai...pour ma part, c'est long...très long...l'impression d'avoir vu ce film 20 fois...et pas mal d’incohérences (dont des angles de tirs vraiment impossibles vu sa position, ça ma gâché une bonne partie du film). Coté gore on est servis c'est sur. Mais vite vu, vite oublié...

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