Detective Dee : La Légende des Rois Célestes - critique écarquillée
Troisième épisode de la saga de Tsui Hark initiée en 2010, après Detective Dee et Detective Dee 2, Detective Dee : La Légende des Rois Célestes vient chambouler l’été hexagonal pour nous rappeler que loin des codes figés des blockbusters standardisés, il existe des territoires et des auteurs prêts à y injecter une démesure salvatrice. Tsui Hark est de retour.
TRIPES ET DRAGON
À la croisée des chemins entre Vidocq, Sherlock Holmes et le héros traditionnel du Wu Xia (film de capes et d’épées chinois mâtiné d’arts-martiaux), Dee officie comme enquêteur et conseiller impérial, quand un vaste complot va le plonger au sein d’une machination démente. Tsui Hark, après avoir installé son univers, établi ses personnages, lâche totalement les vannes de sa créativité et projette à l’écran des dragons affamés, des gorilles mystiques, des conjurés masqués, des hallucinations virales, des géants énervés, des globes oculaires gloutons et quantité de lames boomerangs des enfers. Tout un programme.
Mark Chao est Detective Dee
Programme qui se révèle particulièrement impressionnant, tant le cinéaste déchaîne le savoir-faire accumulé depuis bientôt 40 ans. On finit la séance sur les rotules face à l’exceptionnelle inventivité des joutes, le trop plein d’idées qui dynamise constamment l’action et énergise jusqu’à la plus insignifiante transition. Et quand la voltige s’arrête, c’est pour mieux humaniser ses seconds couteaux, à l’image de la drôle et pourtant troublante Sichun Ma, amazone caractérielle et rigoriste.
3D MASTER
Tout cela se voit encore rehaussé par un usage fabuleux de la 3D, qui préserve constamment la définition de l’image et l’invraisemblable palette colorimétrique déployée par Detective Dee : La Légende des Rois Célestes. Au-delà de la jubilation foraine provoquée par le dispositif, il vient servir le discours qui sous-tend le récit.
Le blockbuster de Tsui Hark se fait ainsi un malin plaisir d’interroger les notions d’illusion et de superstition. Avec la malice qui le caractérise, il détourne les attendus de la censure chinoise, tout en attaquant le concept même d’opium du peuple, rappelant au passage qu’un pouvoir impérial a plus souvent qu’à son tour des crimes à planquer sous le tapis.
Etonnante Ma Sichun
Cette richesse et ce discours (déjà présent dans les deux opus précédents, mais nettement plus prononcé ici) font de Detective Dee : La Légende des Rois Célestes un festin perpétuellement renouvelé, qui prend toutefois le risque d’écoeurer un peu le spectateur. En effet, impossible de tenir sur les 2h15 que dure le métrage un rythme aussi tenu que celui de son ouverture, impossible de soutenir la tonicité du récit sans céder parfois à la confusion, ou à une surenchère – presque brouillonne. Autant de défauts de riches, de soucis de trop plein, qui feraient presque office de qualité face à l’appauvrissement contemporain du cinéma de divertissement.
Lecteurs
(3.5)27/08/2018 à 14:05
Le meilleur des 3 volets.
Une inventivité de tous les instants dont beaucoup de blockbuster (et pas que d'ailleurs) devraient s'inspirer.
Peut être en bémol 1/4 d'heure de trop au montage.
Mais pour moi les Detective Dee ont toujours été un peu long.
28/07/2018 à 10:37
je trouve ce troisième volet encore plus aboutis que les deux premiers, je n'ai pas vu le temps passé devant ce spectacle fantasmagorique,
a voir absolument en 3D
26/07/2018 à 09:02
Vu que le 1, déjà un bon gros kiff.
Celui là à l'air dingue.
Et ça va changer un peu du train train des blockbusters américains.
25/07/2018 à 18:14
comme pour le second volet à l'époque, ça devrait être le film de l'année, assez tranquillement.
25/07/2018 à 13:44
Je suis complètement passé à côté de cette trilogie, j'en ai l'eau à la bouche ! Merci, EL !
25/07/2018 à 13:25
@Simon Riaux
Merci!
25/07/2018 à 13:17
Oui, le film est tout à fait visible indépendamment des deux précédents.
25/07/2018 à 13:13
Est-ce qu'on peut regarder ce film sans avoir vu les 2 premiers? Je les ai loupé en salles pas rattrapé depuis.