Mayhem - Légitime vengeance : critique chaotique

Christophe Foltzer | 8 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 8 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La vie de bureau, ce n'est plus vraiment ce que c'était. La course à la réussite, les coups fourrés pour distancer les collègues, la hiérarchie totalitaire... Oui, ça ne rigole plus. Alors si en plus on y ajoute un agent pathogène qui rend tout le monde dingue...

CULTURE D'ENTREPRISE

Le premier problème, quand on aborde Mayhem - Légitime vengeance, c'est déjà l'installation de son postulat de base et le fait qu'il aurait fait un bien meilleur film que celui auquel nous avons droit : le monde vient de subir les foudres du terrible virus ID-7, appelé "L'Oeil Rouge", parce qu'il rend écarlate l'une des pupilles de l'infecté et désinhibe totalement son hôte au point de le pousser à laisser libre cours à ses plus bas instincts primitifs. Le monde a failli basculer dans le chaos mais la situation a été rattrapée in-extremis. En parallèle, le premier cas de meurtre dû au ID-7, celui de Nevil Reed, l'a dégagé de toute responsabilité aux yeux de la loi. Nous suivons donc Derek Cho, avocat un peu arriviste, qui était en charge du dossier Reed et qui se voit virer comme un malpropre alors que le virus ID-7 refait surface dans son cabinet. Associé à Melanie Cross, une femme qui va perdre sa maison, il va profiter de la quarantaine pour atteindre le sommet du building et se faire ses patrons puisque, de toute façon, il est sûr de s'en sortir juridiquement puisqu'il est infecté.

 

photo, Steven YeunSteven Yeun

 

L'idée est plutôt bonne et rappelle un croisement entre The Walking Dead et The Belko Experiment, à ceci près que jamais Mayhem ne semble pleinement profiter de ce qu'il installe. Alors qu'on nous explique que le virus libère toutes les pulsions des infectés, à un aucun moment nous ne sommes confrontés à ce chaos pourtant promis. Et c'est là, déjà, l'erreur fatale du film, de rester dans le politiquement correct, dans l'acide de surface, pour finalement ne jamais déranger son spectateur. Certes, certaines situations sont cocasses et prometteuses, c'est plutôt violent et assez dynamique, on voit des actes gratuits quelques fois, dans le fond, mais c'est au final très ronflant et pas subversif pour un sou.

 

photo, Samara WeavingSamara Weaving

 

AMERICAN PSYCHOCHOTTE

C'est la construction même du film qui en devient son principal défaut. Son unité de temps est bien trop large (8h) pour vraiment donner un sentiment d'urgence à l'ensemble et donner un sens à la quête des personnages principaux. Le film adopte rapidement les codes du jeu vidéo avec ses différents levels, ses boss de fin, ses items à retrouver. Une idée sympa sur le papier mais qui décrédibilise totalement l'ensemble in situ, rendant le tout très artificiel.

 

photoMad Max du pauvre

 

Qu'il s'agisse d'un manque de budget, de temps ou les deux, on sent que le réalisateur Joe Lynch n'a pas eu l'espace nécessaire pour totalement s'exprimer. On se plait à rêver à ce qu'aurait pu en faire un Jan Kounen par exemple à l'époque de Vibroboy ou Dobermann. On se retrouve avec un film à l'écriture laborieuse, qui perd de son intérêt au fur et à mesure qu'il empile les cadavres et qui, surtout, nous présente des personnages particulièrement mal écrits. Si Steven Yeun et Samara Weaving sont totalement investis dans leur interprétation, ils n'ont clairement pas beaucoup de matière à disposition et leur progression dramatique s'arrête avant même d'avoir totalement commencé.

En fait, le pire dans tout ça, c'est bien son discours moral, qui n'a rien à faire ici et qui va totalement à l'encontre de ce que le film tente de nous raconter. Voir des gens infectés, donc propices à toutes les dérives, se rappeler les articles de loi, arriver à juguler leurs pulsions meurtrières pour en final s'en sortir avec les honneurs, est un contresens total qui finit d'achever l'ensemble. Bref, un beau rendez-vous manqué aux relents d'opportunisme qui a du mal à passer.

 

Affiche

Résumé

En partant d'une idée sympathique et prometteuse, Mayhem - Légitime Vengeance se vautre rapidement dans un politiquement correct des plus agaçants. Peu passionnant et contradictoire, il pourra cependant vous occuper si vous avez une heure et demi à tuer. Et encore. Disponible en DVD.

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