Jigsaw : critique piégée

Simon Riaux | 2 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 2 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Qu'on adore Saw ou qu'on voue la saga aux gémonies, elle constitue un cas presque unique dans l'histoire du cinéma d'horreur, qui ne saurait être envisagé avec dédain. Saga initiatrice d'un mouvement extrême (le torture porn), à la brièveté et aux incarnations non moins extrême, la série de film a été produite avec une rapidité, une efficacité et un mépris pour son public qui en font à la fois un des délires horrifiques et populaires les plus tordus qui soient, et une singularité cruelle résolument à part. Après trois années de pause, on pouvait donc espérer que Saw ait enfin trouvé l'énergie de se renouveler, la possibilité d'enrichir un peu une recette initiale que six suites avaient fini par siphonner totalement.

JIGSOT

 

Revoici donc la fresque des viandards, le grand spectacle des chairs suppliciées, la lessiveuse à seconds rôles interchangeables. Sauf que pour une fois, on a confié la mise en scène à deux frangins tout à fait compétents (une première depuis l'alliance James WanLeigh Whannell  du chapitre initial). Il s'agit des frères Michael  et Peter Spierig, qui ont fait quelques merveilles de série B avec le très sympathique Daybreakers et l'intelligent Predestination. Malheureusement, personne ne semble ici leur avoir donné l'opportunité de proposer quoi que ce soit.

 

Ce qui étonne le plus quand on découvre cet énième récit de boucherie faussement complexe, c'est de voir ce nouveau segment ignorer jusqu'aux rares qualités des précédentes itérations. Oubliez donc l'inventivité craspec des pièges, tout comme la cruauté totale de la saga. En effet, Jigsaw refuse la complaisance de bout en bout. Une bonne nouvelle s'exclameront les âmes sensibles, qui supportaient mal de mater des quidams se noyer dans des excréments de porcs pendant que des pièges à ours leur malaxaient les gonades. Mais cette orientation constitue également une normalisation problématique.

  

 

Photo

 

L'originalité, la particularité et l'identité de la franchise ont toujours résidé dans son rapport discutable et discuté à la violence. L'évacuer, sans proposer quoi ce soit pour relever notre intérêt ou aiguiser notre curiosité, c'est remplacer le Freddy des Griffes de la Nuit par Casimir et espérer que le public des multiplexes sera trop gavé de sucres pour remarquer quoi que ce soit. Il reste bien quelques plans graphiques, mais si vous espérez regarder des anonymes se faire démembrer tout en imaginant à leur place votre comptable, non sans apprécier la palpitation louche mais voluptueuse du corps caverneux de votre voisin contre votre cuisse froide, vous en serez pour votre argent.

 

Affiche

Dans le cochon, tout est bon

 

SAW : CHAPITRE MINABLE

 

Débarrassée de son goût pour les rodomontades moralement douteuses, la franchise ne s'illustre pas non plus scénaristiquement. Si les derniers épisodes paraissaient écrits par un enfant de huit ans exorcisant maladroitement les traumas consécutifs à une cousinade un peu trop portée sur la profanation de corps consanguins, leurs outrances ne manquaient pas de charme ni d'excès. Dans ce domaine également, Saw a été manifestement hygiénisé, ou plutôt débarrassé de tous ses traits de caractère.

 

Photo Laura Vandervoort

 

Ne domine désormais qu'un grand rien terriblement inconsistant, comme en témoigne la photographie du film, glaciale et dénuée de caractère. Signe de la contamination de l'époque : les personnages, une nouvelle fois interchangeables, en sont réduits à faire des blagounettes sinistrement nulles, qui feront regretter au spectateur que tout ce petit monde ait à souffrir d'interminables pièges pour décéder, plutôt que d'être collectivement foudroyés par un AVC.

 

Affiche française

 

Résumé

Pour minable qu'aient été les derniers chapitres de la saga, ils conservaient un mélange de crétinerie et de cruauté qui leur conférait de la saveur. Ce huitième épisode n'aura même pas été capable de les conserver.

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commentaires
anonyme
13/12/2017 à 12:48

yep

SolaireLunaire
17/11/2017 à 04:01

Eh ben, c'est la première fois que je viens ici, pourquoi tant de haine ? Où est votre sens du second degré ?
Moi, je vous trouve très bien Simon Riaux. Je vous apprécie beaucoup dans "le Cercle" et je trouve votre critique du film très rigolote, na ! Et en plus, je vous trouve très beau, donc gros bisous ;-)

RiffRaff
09/11/2017 à 15:38

Vu... et ce n'est guère brillant. Déjà faire revenir Tobin Bell alors que son personnage est mort depuis le 3ème opus est lourdingue et n'aide pas vraiment à se laisser prendre par l'histoire. Ensuite bon nombre de points du scénario ne sont là que pour les spectateurs et n'ont pas d'intérêt ni de justification dans le monde décrit par le film. Enfin le twist final est tellement proche de ceux des précédents opus qu'il en perd toute force. Pas grand chose à sauver au final

lemon
06/11/2017 à 10:56

Déjà, se payer une place de ciné à plus de 10 euros pour voir des gens innocents être torturer à mort sans raison, c'est gênant. Mais comme a dit Trump hier après la tuerie de 26 personnes au Texas : "les armes ce n'est pas le problème".

FloCon
04/11/2017 à 08:10

Je suis venue sur le site pour lire quelques avis avant de me décider à aller voir Jigsaw. Et je dois avouer que je suis déçue de vos réactions. Certes l'auteur de la critique donne son point de vue qui ne plaira pas forcément à tout le monde, mais de là à être aussi méchants entre vous, je ne comprends pas tout. Au final je ne sais toujours pas si j'irai voir ce film que j'ai attendu avec impatience, de par l'absence d'avis constructifs (mis à part deux ou trois avis noyés dans le tas, qui sauvent difficilement les meubles face à toutes ces insultes) Merci beaucoup !!!

Kaopics
03/11/2017 à 02:29

Soit l'auteur de cet article n'a pas vu le film, soit il pousse la volonté de ne rien spoiler a l'absurde.
En tout cas je n'avais pas lu de critique aussi pédante depuis des années.

Piwi
03/11/2017 à 00:54

@Y Boy

TELLEMENT d'accord
D'ailleurs on peut noter qu'on se retrouve avec ce niveau d'insultes et d'agressivité sur cette critique, celle de Geostorm... mais rien de semblable sur Mise à mort du cerf sacré ou D'après une histoire vraie !
De là à en tirer un portrait sociologique rapide...

Kolby
03/11/2017 à 00:32

Comme j'ai l'habitude de le dire très souvent sur ce site, regardons les films avant de nous prononcer sur l'analyse ou les critiques, ça serait mieux pour tout le monde.
Quand au rédacteur, il ne fait que son job... Le problème est qu'il a un parti pris sur son sujet.(paradoxe...)

Kolby
03/11/2017 à 00:15

Ce serait mieux dans ce cas là, que chaque personne reste fidèle a son pseudo. Ça deviens ridicule de changer a tout moment un pseudo pour faire croire a finalement rien.... Suivez mon regard

Titou33
02/11/2017 à 21:40

@Dpo
Arrête de jouer les donneurs de leçons et vas te faire dégonfler le melon sa te fera du bien...

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