Stupid Things : critique contemplative

Simon Riaux | 27 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 27 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Il est de moins en moins fréquent de voir arriver chez nous un film sorti « de nulle part ». Et c’est pourtant le cas de Stupid Things d’Amman Abbasi. Ce dernier livre ici une proposition inclassable, à l’énergie touchante, incroyablement prometteuse.

 

LOW LOW FI

À l’heure où le cinéma dit indépendant a largement été capté par les grands studios via des filiales dédiées à des productions moins instantanément grand public, le plaisir de découvrir un geste de cinéma neuf, mû par un désir de création impérieux. C’est précisément ce que vient de réaliser Amman Abbasi avec Stupid Things. Touche à tout insatiable, l’homme a été restaurateur, scénariste, musicien, chef op, et tient ici à peu près tous les postes imaginables, chapeauté notamment par la productrice de Terrence Malick.

Dans un dénuement à peu près total, qui l’oblige à coller au plus près de ses personnages et ne jamais laisser échapper le flux continu d’émotions contradictoires qui émane d’eux, le réalisateur colle aux basques de Dayveon, qui arpente les chemins d’Arkansas, assommé par la mort de son frère, se demandant s’il doit à son tour rejoindre le gang auquel il appartenait. Classique sur le papier, le film doit constamment se réinventer pour contrecarrer ses moyens inexistants. En résulte un filmage accroché aux corps, rivés aux regards, qui sait transformer une carnation, le frémissement d’une paupière, en un choc tectonique.

 

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SMART MOVE

La grande force de Stupid Things, c’est à la fois de subvertir et de renouveler des univers souvent visités par le Septième Art, tout en mariant des énergies à priori irréconciliables. Les espaces que nous visitons devraient nous évoquer ceux traversés par Jeff Nichols et David Gordon Green ces dernières années et paraissent pourtant terriblement neufs. On pensait tout connaître de l’incarnation filmique du film du gangster, mais ces types désabusés, picolant derrière un parking en jachère, se promenant dans de minuscules villes fantômes sont les spectres oubliés de ce cinéma.

De même, Stupid Things, s’il ne tient pas toujours bien son rythme et dilue parfois un peu ses modestes enjeux, parvient à créer un petit miracle atmosphérique, en cela qu’il allie toujours furie et contemplation, urgence et spleen. Deux dynamiques qui devraient se parasiter, sinon s’annuler, dont on devine qu’elles animent le metteur en scène comme son personnage principal, et qui électrice ce film précieux et inattendu à chaque instant.

 

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Résumé

Inattendu, pétri d'urgence, de mélancolie, de rage et de spleen, Stupid Things est un petit film, doublé d'un petit miracle.

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