Box-office France : Annabelle fait flipper Gone Girl et Mommy

On l'avait vu venir dès mercredi dernier, mais le match entre Mommy et Gone Girl (respectivement troisième et premier du classement hebdomadaire) s'est logiquement soldé à l'avantage de David Fincher. Il n'y a toutefois pas de conclusions particulière à tirer de la chose, Fincher étant un réalisateur installé depuis des années, jouissant d'un public assuré et dans le cas présent d'une centaine de copies de plus que le Xavier Dolan.

Le film de ce dernier se comporte d'ailleurs comme prévu, et réalise près d'un tiers de ses entrées sur la seule ville de Paris. Là encore, les proportions entre la coqueluche de Cannes et le thriller de l'année sont très comparables et apparaissent comme les conséquences logiques de la promotion très orientée phénomène arty et post-moderne pour l'un, tandis que l'adaptation du best seller de Madame Flynn a pour sa part subit une promotion d'une étonnante discrétion, le rendant peu identifiable hors des cercles cinéphiles plutôt urbains.
Dans des styles bien différents, voire radicalement opposés, Annabelle et Tu Veux ou tu veux pas (respectivement deuxième et quatrième du top 10) séduisent l'immense majorité de leur public en province. Comme quoi les irruptions de violence éparses qui auront fait les choux gras de la presse n'auront pas handicapé outre mesure le spin-off de The Conjuring.



La poupée diabolique jouit en outre d'une moyenne par copie faramineuse, dépassant les 2 000 spectateurs par écran, preuve s'il en est que le cinéma de genre a bien les faveurs du public pour peu qu'on le mette à sa portée et le vende avec envie. Autre élément majeur, le film fantastique n'est actuellement distribué que sur 200 copies, soit presque moitié moins que le Fincher, quand le Dolan bénéficie lui de 100 écrans supplémentaires. Autant dire que si le système a mathématiquement favorisé les deux "auteurs" du top, c'est bien Annabelle qui leur taille des corupières.
Plus que jamais, le top 10 illustre un duel vieux comme la distribution entre la capitale et le reste du territoire, qui semble ne pas tout à fait favoriser les mêmes films, dessinant une sociologie du succès intéressante, qui pourrait se décliner jusqu'à l'attractivité des comédiens. Ainsi note-t-on que Elle l'adore et Sandrine Kiberlain s'impose comme des divertissements éminemment parisiens, tandis que Lou ! Journal infime séduit dans les territoires. On n'est pas près de réconcilier les fans de cinéma d'exploitation et les arpenteurs des salles arts et essai. Et ne parlons même pas du Bon Rétablissement de Gérard Lanvin, qui attire 19 fois plus de spectateurs hors de Paris qu'intra-muros.

Motif de joie néanmoins, c'est Gone Girl, un des meilleurs films de l'année qui s'offre la première place du top 10, nanti d'une belle moyenne par copie de 1 257 spectateurs. Qui a dit que le bon peuple avait mauvais goût ?