100% cachemire, le cinéma français pure laine

Box-office français du 11 au 17 décembre 2013

- Allo !

- Oui ?

- Je suis bien au Registre public du cinéma et de l'audiovisuel ?

- Oui Monsieur. Que puis-je pour vous ?

- Alors j'aimerais pouvoir avoir accès à quelques contrats de certains films français produits entre l'année dernière et cette année. C'est dans le cadre d'un article que nous voudrions publier d'ici la fin 2013. Quelles démarches dois-je effectuer sachant que  j'ai pu comprendre que les contrats en question sont consultables par tout un chacun.

- Oui tout à fait, c'est en effet bien le cas.

- J'en suis fort aise (oui cela passe bien à l'oral ce genre de formulation).

- Bon, tout d'abord il faut savoir que ce service est payant...

- Ha non je ne savais pas. Et on se base sur quel tarif ?

- C'est 1 euro par copie.

- Et qu'entends-t-on par copie ?

- Une page. Sachant qu'un contrat type c'est en moyenne 40 pages.

- Ha ! Et si je ne veux que la dernière page qui mentionne le budget déclaré du film ?

- Ce n'est pas possible.

- Bon... Super ! Et comment fait-on pour consulter en ligne ? J'ai eu beau chercher, je n'ai rien trouvé.

-  C'est normal car c'est nous qui faisons les copies depuis les originaux qui eux ne sont pas consultables et nous les envoyons par courrier. Cela fait un moment qu'il est prévu un plan de numérisation des contrats, mais faute de moyens il est repoussé tous les ans.  

- Et pour le paiement cela se passe comment ?

- À réception de votre chèque, unique moyen de règlement, nous commandons en interne les copies et nous vous les envoyons donc. Comptez deux à trois semaines.

- Et bien écoutez je vous remercie pour tous ces renseignement très utiles.

Bon ben voilà. On voulait aller à la source pour récupérer les vrais budgets des films français histoire que notre Didier national puisse se baser sur des chiffres irréfutables en vu de son article annuel et super attendu sur les 10 bides français 2013 (vous pouvez en attendant lire ceux des six dernières années ici). Le problème c'est que pour bien faire on a calculé que son papier nous couterait au bas mot dans les 1 000 euros. Un peu chérot Monsieur Missonnier ne trouvez-vous pas ? Vous qui dans votre réponse en treize points sur les allégations du JDD et du Point.fr quant à « La vraie fracture du cinéma français » avanciez qu'il n'y a pas plus transparent comme secteur en France puisqu'il est donc possible de consulter à qui en fait la demande « tous les contrats concernant la chaîne des droits (entre auteurs et producteurs), l'engagement des acteurs, les accords de financement ou de distribution ». Si les douze autres points de votre intervention sont aussi discutables au fond et dans la forme, la mode actuelle qui consiste à « basher » le cinéma français a de beaux jours devant lui.

- Allo ?

- C'est Didier. Alors cela a donné quoi ton coup de fil au CNC ?

Explication de texte.

- De toute façon je t'appelais pour te dire de ne pas te casser le tronc. Je me suis en effet souvenu d'une interview que j'avais faite avec Nicolas Boukhrief qui me disait que la plupart des déclarations de budgets de films étaient intentionnellement faux.  

- Ce serait intéressant d'en connaitre les raisons et de les lister non ?  

- Bon courage. En tout cas je vais m'en tenir aux budgets déclarés pour mon article. Faudra pas venir se plaindre après.

- Tiens sinon j'espère que ta liste n'est pas close car je pense que 100% cachemire avec ses 15 millions de budgets au compteur (sources CBO) va y avoir une place de choix non ?

- Tu m'étonnes. Moins de 200 000 entrées sur 400 copies en première semaine, cela sent en effet le bide à plein nez cette histoire. Le film ne devrait même pas faire 600 000 entrées au total. Une vraie gabegie.

- Bon allez il faut que j'écrive mon BO moi. Je te laisse à tes chères études mister.

- Ah oui c'est vrai. Y a quoi sur Metro cette semaine ?

- Ben rien de neuf en fait. Le cinquième pouvoir a perdu 91% de ses déjà maigres spectateurs de la première semaine, soit  2 590 entrées. Le film va faire à peine 30 000 entrées en tout alors qu'il a été distribué sur 128 copies. Heureusement que Hunger games l'embrasement cartonne parce que sinon bonjour l'ambiance champomy à l'heure des festivités de fin d'années dans les bureaux. Et encore, le meilleur reste à venir niveau pression avec le Scorsese qui sort le jour de noël quoi. En fait chez Metro c'est comme dans le foot anglais. Pas de trêve pendant la trêve. Le fameux « Boxing Day » de la « Premier League » en quelque sorte.

- Oui bon alors si on parle foot là je raccroche car j'ai des emplettes de noël en retard moi.

- Espèce de manant va.

Outre 100% cachemire, trois autres nouveautés sont venues égayer le top 10 de la semaine. Le Hobbit : La désolation de Smaug d'abord qui mine de rien fait 200 000 entrées de mieux en première semaine que le premier opus alors même qu'il est distribué sur une cinquantaine de copies de moins. Le Hobbit : Un voyage inattendu avait terminé sa carrière à 4 500 000 entrées. Gageons que celui-ci aille titiller les 5 millions, ce qui, au passage, en ferait le champion 2013. Pour la petite histoire sinon, on rappellera que la trilogie du Seigneur des anneaux réalisait en moyenne plus de 6 millions et demies d'entrées avec un pic pour le deuxième à près de 7 400 000. Mais cela ne devrait pas empêcher de faire péter la roteuse jusqu'au 24 après-midi au 115-123 Avenue Charles de Gaulle à Neuilly. Allez-y faire un tour de notre part. Dites que vous êtes un lecteur d'EL. Vous serez reçus à bras ouverts.

Mais si vous préférez plutôt partager un petit vin blanc dans une ambiance chaleureuse et détendue quelque part dans le 11ème arrondissement de Paris, on vous conseille Diaphana. Vous y croiserez peut-être même le réalisateur de Je fais le mort qui pas bégueule que son film ne casse pas la baraque, viendra raconter deux ou trois anecdotes de tournage avant d'aller pleurer en rentrant chez lui sur les 2 millions de spectateurs qui se sont volatilisés depuis la sortie de Belphégor, le fantôme du Louvre. Et puis il se consolera parce que Je fais le mort c'est quand même plus gratifiant artistiquement parlant.

Si tout cela ne vous rassasie pas, il y aura toujours les pistaches et le coca zéro un peu tiède chez Happiness Distribution qui voudront célébrer à n'en pas douter leur première apparition dans le top 10 avec The Lunchbox. Un dépucelage fort à propos pour un très joli film qui risque de surcroit de ne pas s'arrêter en si bon chemin. C'est en tout cas tout ce qu'on lui souhaite car cela permettra de rajouter quelques bulles de Perrier aux festivités de noël 2014.

Pour finir on vous déconseillera Universal qui vient de se manger une tôle avec All is lost, le survival en haute mer avec un Robert Redford mutique. Avec 50 635 entrées sur 144 copies et une indigne 13ème place, le staff marketing est bon pour une délocalisation d'une semaine entre noël et jour de l'an à boire de l'hydromel frelaté au large de l'ile de Guernesey.

Joyeux noël Félix !