Noël au tison, Disney au balcon !

Box-office français du 04 au 10 décembre 2013

Comme d'hab. Il suffit que je m'absente une semaine et v'là ti pas que Metropolitan positionne aux premières loges une de ses nombreuses sorties annuelles. Pas n'importe laquelle me direz-vous puisqu'il ne s'agit rien de moins que de Hunger Games : l'embrasement. Certains ont même cru à la rédac que je l'avais fait exprès parce que l'on s'était fait jeter de la projection de presse du Scorsese. Beuuuuh non. On leur en veut tellement pas à Métro que l'on va dire tout le bien que l'on pense de cette très belle sortie orchestrée aux petits oignons malgré l'énooooooorme pression qui devait peser sur l'équipe marketing et son Agence dédiée. Une pression que les partenaires médias (vous savez les logos qui se trouvent en bas des affiches de cinéma) ont bien ressenti et qui va d'ailleurs crescendo avec la sortie du Loup de Wall Street, autre enjeu majeur de cette fin d'année pour le distributeur au cheval ailé. On ne détaillera pas ici les pratiques qui nous ont été décrites car d'une part nous n'avons qu'un son de cloche, que d'autre part nous mettrions dans l'embarras ces mêmes partenaires médias pour la suite de leur collaboration au long cours avec Métro et qu'enfin nous serions accusés de jeter à nouveau de l'huile sur le feu prolongeant d'une décennie supplémentaire notre exil des projections de presse, sinon plus.

Dans les chiffres en tout cas cela donne un joli carton dépassant déjà les entrées totales du premier volet qui de toute façon fut un échec cinglant pour un distributeur n'arrivant pas, comme c'est le cas aujourd'hui, à surfer sur le déjà énorme succès au box office étasunien. Alors certes en deuxième semaine la chute de spectateurs est assez énorme mais rien que de très normal pour ce genre de productions où la majorité du public cible n'attend pas pour se précipiter dans les salles permettant au film de faire le plein très rapidement. Ce qui laisse tout de même augurer d'une fin de carrière au-delà des 2 millions et demi d'entrées sauf à ce que la dorénavant franchise trouve un second souffle avec les vacances scolaire de fin d'année.

Ce dont bénéficiera à n'en pas douter La reine des neiges que les temps de passage déjà supérieurs à ceux de Raiponce (les deux semaines en avant-première au Grand Rex et cette première semaine nationale) lui permettent d'entrevoir plus de 4 millions d'entrées au final. Une bouffée d'air pur pour Disney qui à part Iron Man 3 et le surprenant Sur le chemin de l'école (plus de 900 000 entrées), a enregistré une contre-performance majeure (Lone Ranger) et quelques notables déceptions (Monstres Academy, Le monde fantastique d'Oz, Il était une forêt) cette année.

Côté Klapisch, la fin d'année va être par contre plus rude. Avec un départ tout juste moyen (150 000 entrées de moins que Les poupées russes pour une combinaison de copies quasi identique), son Casse-tête chinois risque en effet de ne pas passer les fêtes au chaud. StudioCanal n'a pourtant pas démérité dans sa campagne promotionnelle mais il faut croire que les aventures de Xavier à New-York sont dorénavant assez éloignées des préoccupations de la génération que la dorénavant trilogie avait su jusqu'ici si bien touchée. Ceci dit on peut se tromper puisque Les poupées russes avait su attirer en deuxième semaine encore plus de spectateurs. Fait assez rare de nos jours même si le film avait alors bénéficié de 80 copies supplémentaires. Wait and see donc.

Les deux autres nouveautés de la semaine sont à ranger eux dans le tiroir déception. Zulu d'abord qui plonge un peu plus Pathé dans le rouge cette année avec cette nouvelle déconvenue. Alors certes le film de Jérôme Salle s'est certainement très bien vendu à l'international ne serait-ce que grâce à ses deux têtes d'affiche anglo-saxonnes permettant ainsi d'abaisser ses objectifs au box office français. Il n'empêche qu'avec une telle entrée en matière, le réalisateur français ne fera même pas aussi bien que les 802 988 entrées d'Anthony Zimmer (quand Largo Winch I et II étaient millionnaires) qui, il est vrai, avait été distribué sur 80 copies de plus qu'ici. À croire que Pathé n'y croyait pas ou ne voulait pas y croire.

Carrie la vengeance ensuite. Peut-on parler en fait de déception ici ? Compte tenu du nombre de copies mis en place et du potentiel connu en salle pour ce genre de film (un vivier entre 300 et 500 000 personnes en France), on peut légitimement se poser la question. Certainement que Sony appuierait en ce sens occultant par ailleurs, et c'est bien normal, les faiblesses artistiques de ce remake purement mercantile. Quoi qu'il en soit, une moyenne par copie de 550 spectateurs en première semaine et bien c'est pas bézef quand même et nous fait dire que l'on doit être assez loin des espérances du distributeur qui avec une mise en place à 206 copies devaient plus avoir en tête quelque chose à la Insidious chapitre 2 (168 871 entrées sur 240 copies soit 704 spectateurs par copie). Au final, cela devrait donner 300 / 350 000 entrées max.

Hors classement on trouve en 14ème position Henri. Le deuxième film de Yolande Moreau réalise 50 567 entrées sur 130 copies alors que Quand la mer monte... avait lui attiré 395 391 entrées sur 78 copies (49 512 entrées en première semaine) en 2004. On le disait déjà ici que l'on ne pensait pas qu'Henri puisse réitérer « l'exploit » de Quand la mer monte... mais il faut quand même bien admettre que là c'est marée plus que basse. Y a plus qu'à espérer que le film joue sur la durée comme avait su en effet si bien le faire son premier long en tant que réalisatrice.   

En 20ème position on tombe, quelle surprise, sur un film distribué par Métro. Le cinquième pouvoir « rapporte » 27 280 entrées sur 128 copies portant sa moyenne à 213 wikileaksiens par copie. Bon on va vous la faire courte. C'est pas terrible (comme le film apparemment) et dans la lignée (basse tout de même) de ce que le distributeur a eu l'habitude de drainer comme « perf » tout au long de l'année. On ne va pas tirer sur l'ambulance tant Métro fait finalement avec les films qu'il a sa disposition. On n'a pas des Hunger games toutes les semaines serait-on tenter d'avancer. Vivement Le loup de Wall Street pour boucler en fanfare (ou pas) une année qui aura vu pas moins de 30 films distribués dans les salles (Sic !).

Ps : La semaine dernière sortait La marche qui n'apparait même plus dans le top 10 aujourd'hui. EuropaCorp est loin de sortir des chefs-d'œuvre tous les mois et La marche n'en est d'ailleurs pas un. La marche symbolise en fait tout ce que le cinéma français ne veut ou ne peut plus être. La marche n'est même pas un film militant, juste un film miroir nous renvoyant à nos propres carences actuelles. Et c'est peut-être pire en fait. De toute façon, dès qu'il s'agit de sortir d'un pouce des sentiers battus, il s'agit de corriger l'impénitent. Le malheur ici c'est que la correction n'est pas venue du système mais du public. Au demeurant 40 829 entrées sur 376 copies en deux semaines ce n'est plus une correction, c'est une honte. On pourra tancer le marketing chez Europa de ne pas avoir su positionner le film, d'avoir voulu aller chercher l'institutionnel quand il aurait peut-être fallu titiller la curiosité déjà amorphe des jeunes (facile à faire comme analyse me direz-vous une fois la tempête derrière soi). Ok. Mais une telle boucherie pose aussi les bases d'un malaise plus profond sur les carences mémorielles de notre société qui, si on le sait, n'a jamais fait grand cas de son histoire, se découvre une nouvelle facette encore plus noire en s'arrogeant ici le droit de carrément l'oblitérer. On ne parle plus de révisionnisme engendrant un pugilat et autres discussions houleuses mais bien d'un oubli systématique sans autre débat qu'un communiqué de presse du FN se félicitant du bide de La marche. La France n'a plus peur, elle fait peur...