John Carter à l’aveugle !

Box-office français du 07 au 13 mars 2012

Certes, se hisser à la deuxième place d'un BO poussif comme celui-ci ne restera pas comme l'exploit de l'année et ne mettra pas plus que cela du baume au cœur chez les gens de chez Disney France (remember Cheval de guerre qui se prend un joli -60% en troisième semaine pour flirter péniblement avec les 600 000 entrées). Pour autant, John Carter n'est pas la déroute annoncée et ce malgré un film peu convaincant et un département marketing qui a fait ce qu'il a pu avec ce qu'il avait. Soit une stratégie mondiale à la fois onéreuse et autiste faisant passer le film d'Andrew Stanton au mieux comme un sous Star Wars mal digéré, au pire comme la suite de Cowboys & envahisseurs. D'aucuns ont fustigé cette communication qui a passé sous silence les origines littéraires de John Carter considéré comme la matrice de la SF moderne sous la plume de son créateur Edgar Rice Burroughs. Mais si chez Mickey on a eu un peu honte du produit final, peut-on leur reprocher de ne pas avoir voulu y associer le nom de Burroughs ? Comme si pour une fois il y avait dans ce « beau » métier un peu de classe et de respect. Rêvons un peu.

Par contre du côté des Infidèles c'est un retour fracassant à la réalité. Ce qui fera marrer les happy few qui ont pu lire le très bon article consacré au film dans le Technikart de ce mois-ci où il est question du pourquoi du comment de l'éviction du chapitre réalisé par Jan Kounen. Considéré in fine comme trop barré par rapport aux autres segments, le cinéaste un peu amer déclarait que Dujardin l'avait appelé pour lui dire que « (...) si on met ton sketch, on va perdre 40% des entrées en deuxième semaine ». Bon ben aux vues des scores, on peut sans trop se mouiller affirmer que sans le chapitre de Kounen le film a donc plongé de... 49%. On a beau dire mais producteur ou distributeur c'est un métier.

Outre Carter donc, trois autres nouveautés bien de chez nous intègrent les premières places portant d'ailleurs à 7 le nombre de films hexagonaux présent au sein de ce top 10. Bon après faut voir la gueule des films. Comme un chef d'abord qui ressemble un peu trop à un ersatz de ce que faisait un Francis Weber période Tais-toi ! Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé. Nos plus belles vacances ensuite que notre rédac chef a qualifié de Skylab du pauvre. Le public ne semble pas là non plus être tombé dans le panneau. Et puis il y a À l'aveugle qui pourrait symboliser à lui tout seul et jusque dans le titre, toute la stratégie actuelle du groupe Europa Corp.

Hors classement on sera chagrin de constater que l'excellent Possessions aura du mal à passer la barre des 100 000 entrées (55 148 entrées sur 98 copies) tout comme l'ibérique Hasta la vista, coup de cœur de Claude Lelouch qu'il a acheté et distribué, qui se situe encore bien plus bas (37 253 entrées sur 94 copies).

On terminera par un dernier coucou à Zarafa qui ne sera certainement plus là la semaine prochaine mais qui ne sera pas loin au final du million et demi de spectateurs annoncés/promis par Pathé à Rémi Bezancon son réalisateur. Quand on vous dit que distributeur c'est un métier.