Les Chroniques de la Fox

Box-office français du 22 au 28 février 2012

Le département marketing de Fox France prouve avec cette première place de Chronicle qu'il sait aussi travailler des films autre que des blockbusters ou du Fox Searchlight. Soit ici avoir su faire monter la mayonnaise auprès du cœur de cible d'abord journaleux (rencontre avec le réal, accès au film en avant-première...) doublé d'une campagne ciblée et axée sur une formidable bande-annonce qui a su générer le buzz puis une affiche énigmatique mais qui parlera à ceux qui attendaient le film avec impatience. Bref comment créer l'attente de la meilleure des manières possibles tout en proposant une combinaison de copies fort appréciable, preuve là aussi que le Studio a su créer l'envie auprès des exploitants de salles. De plus, la qualité intrinsèque de Chronicle devrait lui permettre de franchir aisément le cap des prochaines semaines sans trop fléchir, aidé en cela par les vacances et un taux de satisfaction qui rejoint celui de sa notoriété avant sortie. De bonne augure pour aller chercher le quasi million et demi d'entrées. À comparer avec les 2 096 575 de spectateurs de X-Men le commencement, dernier film en date de la Fox à la thématique similaire (film de super-héros) mais au budget treize fois plus élevé (160 millions pour le Matthew Vaughn contre 12 millions ici).

Paramount avait décidé de suivre la même approche marketing avec son Devil Inside à la différence notoire que le film ne fut pas montré si ce n'est à une poignée de fans au fin fond d'une Église par -10 degré celsius (nos miches s'en souviennent encore). Et là aussi le pari semble gagné. Pour autant on attendra la deuxième semaine afin de voir si la pauvreté artistique et technique du film plomberont ou non les entrées.

Chez Universal on a par contre sortie l'artillerie plus lourde avec Sécurité rapprochée. Ce thriller façon Jason Bourne semble lui aussi avoir trouvé son public (l'ado en vacances quoi). Cependant si le film tient la route, il n'est pas certain toutefois qu'il flirte avec le million d'entrées comme espéré. On est en effet plus là dans une configuration classique du -40% en deuxième semaine.

Et puis il y a le Spielberg. Dire que Disney a planté sa com sur Cheval de guerre est un doux euphémisme. Déjà en choisissant cette date de sortie (le film s'adresse plus aux pré-ados et ados qu'aux enfants qui ont donc cette semaine un choix pléthorique) si éloignée de celle des États-Unis (25 décembre). De fait, on est l'un des derniers pays à le sortir. Puis en empêchant la presse pourtant globalement positive (si ce n'est Libé et son avis en forme de vomit de vomit écrit à coups de sabots de cheval dans le cul qui se perdent) d'en parler jusqu'à mi janvier afin d'être synchro avec la venue du cinéaste à la Cinémathèque qui était invité à donner une Master Class. Résultat des courses, il s'agit là d'une des plus mauvaises premières semaines pour le réalisateur qui n'est même pas certain de faire mieux que les 692 114 entrées d'Always pourtant déjà très bas dans l'échelle du BO spielbergien.

Au rayon des belles continuations on notera Zarafa (le million, le million !), seule véritable alternative in fine pour nos bambins et The Artist qui revient en trombe nanti de plus de copies que lors de sa sortie ainsi que de moult César et Oscar. Et dire que les DVD et Blu-ray sortent le 14 mars...

La première nouveauté en dehors de l'élite est La mer à boire. Distribué sur 149 copies (48 de moins que Devil Inside), ce très bon film signé Jacques Maillot et distribué par Wild Bunch n'attire que 81 783 spectateurs et pâtit à n'en pas douter de son sujet très (trop ?) en phase avec l'actualité dépressive actuelle. C'est dommage même si l'on peut comprendre qu'il est compliqué voire maso de demander à une population de plus en plus traumatisée par l'environnement économique et sociale de venir se replonger  dans ce qui pourrait être son quotidien. C'est à la fois toute la force mais aussi le « défaut » de ce film courageux et lucide.