Les Intouchables de chez Gaumont

Box-office français du 28 décembre 2011 au 03 janvier 2012

Cela valait-il le coup de sortir un film en salle mercredi dernier ? Les chiffres du BO semblent répondre par la négative puisque sur les 11 nouveautés de la semaine, pas une n'est arrivée à se hisser dans le top 10. Le premier étant Echange standard qui pointe à la 12ème position avec 89 384 entrées sur 157 copies. Il faut dire qu'en temps « normal », c'est-à-dire quand il ne faut pas faire plus de 120 000 entrées, ce genre de score peut légitimement intégrer la dixième place. Il faut croire que l'effet Intouchables associé aux vacances scolaires ont contaminé nos chers compatriotes qui ne jurent plus que par le cinoche.  

A l'heure où nous sommes sans cesse sollicités par de multiples sources d'entertainement forcément chronophages, il est rassurant de constater que le cinéma reste une forme centrale de loisir propre à générer près de 215 millions de tickets vendus (plus de 4% en plus par rapport à 2010, en attendant les chiffres exactes publiés prochainement par le CNC). Un tel résultat n'avait plus été atteint depuis 1966. Il est aussi rassurant de voir que ce chiffre n'a pu être possible que par l'extraordinaire diversité des productions proposées et plus précisément au second semestre quand les films cannois ont commencé à arriver dans les salles. Car il faut bien se rappeler que le premier semestre fut plutôt morose. Le pic ayant été atteint la semaine du 11 au 17 mai avec 14,78% de spectateurs au global en moins par rapport à 2010 sur la même période. Alors certes les 23 millions cumulés d'Intouchables et de Rien à déclarer y sont aussi pour beaucoup. Il est en effet très rare de trouver sur la même année deux films à plus de 8 millions d'entrées. Sachant par ailleurs que 2011 a généré aussi deux films entre 5 (Tintin) et 6 millions (Harry Potter 7.2) d'entrées, 16 films à plus de 2 millions d'entrées et 32 films à plus d'un million d'entrées. Année remarquable que l'on vous dit.

Côté distributeur, c'est Gaumont qui décroche donc la timbale avec 22 055 448 entrées pour 12 films. C'est la première fois que le studio à la marguerite se retrouve ainsi tout seul à la plus haute marche du podium. C'est que Gaumont Distribution n'existe en tant que telle que depuis 2008. Auparavant le distributeur français s'adossait toujours à une autre entité plus puissante et de préférence yankee. Ainsi entre 2005 et 2007 on le retrouvait avec la Columbia (devenu aujourd'hui Sony Pictures) sous la dénomination Gaumont Columbia TrisStar Films et auparavant c'était avec Disney pour un GIE (Groupement d'Intérêt Economique) appelé Gaumont BuenaVista International qui fut créée en janvier 1993.

Ceci dit, si on enlève Intouchables, soit l'arbre qui cache la forêt, on se retrouve avec 11 films ayant généré un peu plus de 5 millions d'entrées. Si on enlève les deux films millionnaires (Le fils à Jo : 1 238 549 et Les lyonnais : 1 112 309 - exploitation en cours) et La guerre des boutons version Yves Robert puisque c'est une reprise (2 669 entrées), on a donc 2 813 529 entrées pour 8 films soit une moyenne de 350 000 entrées par film. Dans le lot on trouve entre autre Last Night (co-prod Gaumont) à 328 053 entrées sur 224 copies pour un budget de 10 millions d'euros, La ligne droite réalisé par un Régis Wargnier qui doit être très content d'avoir attiré 119 290 personnes sur 247 copies, Philibert à 59 354 entrées sur 303 copies et un budget à plus de 12 millions d'euros (Sic !) et Un heureux événement à 461 682 entrées sur 373 copies pour un budget à 12 millions d'euros. Bref, pas mal de casseroles à traîner qui montrent que le marketing cinéma est, au mieux, loin d'être une science exacte (et en cela, heureusement) et au pire que chez Gaumont, l'on fait ses plans-médias en fonction d'une boule de cristal achetée au Franprix du coin. L'un dans l'autre pour bosser là-bas, y a pas intérêt à être cardiaque... On leur souhaite toute de même une excellente année 2012.