Semaine du 25 octobre 2006

Box-office français : Interview de Mike Medavoy

Didier Verdurand | 3 avril 2007
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box-office français du 25 au 31 octobre 2006

Ce n'est pas un petit quart d'heure qu'il faudrait avec Mike Medavoy, mais une journée entière. Le producteur des Fous du roi possède à 65 ans l'un des plus beaux CV d'Hollywood et s'il veut faire un stage à Écran Large, on l'accepte. Ancient agent de Spielberg, Coppola, Malick et autres cinéastes dont on parlera encore dans plusieurs siècles, Mike Medavoy est l'un des fondateurs d'Orion Pictures en 1978. Grâce à ses feux verts, des chefs d'œuvre ont vu le jour et ont éduqué une génération entière de cinéphiles. Si parmi Blow out, Amadeus, Terminator, Platoon, Hannah et ses sœurs, Robocop, Danse avec les loups et Le Silence des agneaux, vous n'en avez pas adoré au moins un, on vous plaint.


Votre nom reste associé à Orion Pictures. Qu'est-ce que ce nom vous évoque ?
On se souvient avant tout des gens. J'ai eu la chance de rencontrer un groupe d'individus extraordinaires parmi lesquels Eric Pleskow, Arthur Krim, Robert Benjamin... (les autres co-fondateurs d'Orion, Ndlr.) Ces gens-là aimaient ce qu'ils faisaient et le faisaient bien. Je peux dire aujourd'hui que ce sont eux qui m'ont mis sur le bon chemin. À revoir les films, je me dis que nous avons fait émerger pas mal de monde comme Jonathan Demme, Kevin Costner ou Paul Verhoeven qui ont marqué cette époque. En ce qui concerne la fin du studio, je n'ai pas de regrets particuliers. J'ai trop de chance dans ma vie pour avoir des regrets. Pour vous donner une idée, mes parents étaient des survivants juifs des pogroms russes, et sont passés de la Chine à la Russie. Bien sûr, chaque personne se dit qu'elle aurait pu mieux faire certaines choses, mais à partir d'un certain âge, on se rend compte qu'il est plus sage de ne pas y penser.

Quel film retiendriez-vous de cette période ?
Avant tout, ceux qui ont gagné des Oscars du meilleur film, c'est-à-dire Amadeus, Platoon, Le Silence des agneaux et Danse avec les loups. Cela dit, il m'est difficile de répondre tant j'ai produit des films différents les un des autres. Comment comparer Elle ou Arthur à Robocop ?


Vous êtes l'un des personnages qui connaissez le mieux Hollywood. Des films comme The Player ou Swimming with sharks qui préconisent d'être un requin pour réussir dans ce milieu, sont-ils réalistes ?
Il n'est pas nécessaire d'en être soi-même un. Il faut juste faire attention à eux. L'important est d'agir sur le long terme. Je sais que je ne resterai pas dans les mémoires en tant qu'individu, mais je pense qu'on se souviendra de mon travail et c'est cela qui compte. Ceux qui se comportent mal finissent toujours par en payer le prix.

Une question qui nous touche tout particulièrement… Votre avis sur la presse en ligne ?
Internet est clairement le futur sur lequel se construira la nouvelle génération de spectateurs. Attention, tout de même, comme toute découverte scientifique, celle-ci comporte des dangers. Je dirais que les points négatifs sont avant tout les nouvelles non vérifiées. La presse en ligne et le net en général sont parfois utilisées par des paresseux récupérant des infos de seconde main. De grandes choses sont tout de même déjà sorties ; des sites comme Myspace et Youtube ont cette capacité extraordinairement démocratique de réunir les gens au-delà des frontières. Je vous avouerais que je ne lis pas trop les sites web, personnellement. Entre lire des livres ou des journaux, écouter de la bonne musique, rencontrer de nouvelles personnes, il me reste bien peu de temps…

Revenons à votre actualité. Le budget des Fous du roi est de 55 millions de dollars d'après ce qu'on peut lire sur le Net.
Il a fallu 40 millions de dollars pour faire le film et vous pouvez rajouter 25 à 30 millions de dollars en taxes…

Les recettes des Fous du roi sont très décevantes aux États-Unis (7,2 millions de dollars), à quel point cela vous affecte ?
Quant aux recettes au box-office américain, c'est vrai que ce sont des résultats un peu douloureux pour un film que j'ai essayé de faire depuis trente ans. Je crois que le film marchera mieux en Europe, et nous avons sûrement fait une erreur en organisant une première projection au Festival de Toronto, qui n'était peut-être pas l'endroit approprié. Pour le reste, je ne vois pas trop quelles fautes nous avons commises. Les acteurs sont tous formidables, et c'était la première fois depuis longtemps que je produisais un scénario aussi ambitieux. On a critiqué la musique, que je trouve pourtant efficace. Certains considèrent que le contrat n'est pas rempli mais je ne vois pas sincèrement pourquoi.


Auriez-vous une opinion quant à l'avenir du DVD, en particulier la technologie HD ?
Le marché reste stable pour le moment. Le HD sera forcément long à mettre en en place, le temps que des lecteurs soient disponibles, et qu'une nouvelle génération de spectateurs arrive avec une véritable demande. Je prévois plutôt une division en secteurs de plus en plus spécialisés et sélectifs selon les genres de films.

Des nouvelles de vos prochaines productions ?
Zodiac est quasiment fini. La preview aura sûrement lieu fin octobre. David Fincher est vraiment un très bon réalisateur et tout le monde est excité par la haute qualité du film. Même chose pour Miss Potter, le dernier film de Chris Noonan dont j'avais adoré Babe.

Pour en revenir à Fincher, n'est-ce pas un peu difficile de travailler avec quelqu'un d'aussi doué ?
Ah non, aucun problème. J'ai mis les choses au point au début du film en lui précisant que je le respecterai s'il en faisait de même avec moi. Je n'ai pas trop influé sur le tournage à l'inverse de mon associé Brad Fischer. Pour moi, David s'occupe de tourner le film et c'est parfait comme ça. Enfin, nous devrons peut-être discuter quant au final cut qui durerait deux heures quarante-cinq…

Propos recueillis par Didier Verdurand, traduits par Julien Dury.
Autoportrait de Mike Medavoy.

Retrouvez les chiffres à 14h du mercredi 1er novembre à Paris en cliquant .

Retrouvez le dernier box-office américain en cliquant ici

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