Semaine du 29 mars 2006

Box-office français : le producteur de Jean-Philippe raconte...

Didier Verdurand | 3 avril 2007
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Box-office français du 29 mars au 4 avril 2006

La veille de la sortie de Jean-Philippe, Marc Fiszman a l'air très serein. Il vient de produire l'un des évènements de la saison et quelque soit le résultat final au box-office, on ne peut que saluer l'audace de ce jeune producteur de 33 ans qui n'a pas froid aux yeux et que rien ne semble arrêter. Il a bien voulu nous parler de l'origine de Jean-Philippe et de ses projets hors du commun, avec un certain Jean-Claude.

Pour une première production cinématographique, chapeau bas, vous réussissez un coup superbe. Quelle est l'origine du projet ?
J'avais une agence de jeunes talents – comédiens, auteurs et réalisateurs – et je m'occupais essentiellement de Gad Elmaleh, à ses débuts. J'ai produit quelques-uns de ses spectacles et l'envie de m'attaquer au cinéma commençait à me titiller. Et puis un ami me parle du pitch d'un scénario écrit par Christophe Turpin. Je trouve l'idée géniale et le jour même, j'étais chez Christophe. Il voulait que je vende le scénario en tant qu'agent. Au bout de quelques jours, je lui demande s'il est intéressé à l'idée de le vendre à moi et personne d'autre. Par chance, il était ravi et je lui ai donc acheté les droits.

Le prix ?
Au final, 120 000 euros. On a fait ce qu'on appelle un Step Deal. 15 000 euros à la signature, 15 000 euros dès que Johnny Hallyday a donné son accord, et le solde au premier jour de tournage.

Difficile de rentrer en contact avec Johnny ?
Tout le monde est soit disant copain avec Johnny mais il fallait trouver le bon ! Beaucoup de monde gravite autour de lui et le danger était qu'on me le présente et que l'intermédiaire s'autoproclame associé dans l'affaire… Je raconte le sujet à Antoine Duléry, un ami de Johnny qui jouera plus tard Chris Summer dans le film, et il me téléphone plus tard en me disant qu'on déjeunerait ensemble le lendemain. Christophe Turpin et un associé de Bankable se sont joints à nous. Je décris le scénario comme si j'en parlais à un pote et ça le fait marrer. Sa première question fut de savoir qui allait jouer le fan et quand j'ai dit que j'aimerais Fabrice Luchini, Antoine Duléry prend son téléphone, appelle Fabrice et le tend à Johnny pour qu'il laisse un message. « Allô, c'est Johnny Hallyday. On va faire un film ensemble. » 5 minutes après, Fabrice rappelle « Ahhhhh, c'est énôôôôrmmme ! » et ça se transforme en bordel. Luchini refuse, on n'arrive pas à le convaincre, même avec toute la bonne volonté de Johnny. L'argument de Fabrice : « Oui, mais tu comprends, il faut Tim Burton. » J'ai un ami qui connaît sa fille d'une vingtaine d'années et lui expose le problème. Elle hallucine et nous dit que son père n'a pas dû voir un seul film de Burton (Rires). Fabrice est un homme de théâtre, il n'a pas vu de films qui montrent un monde parallèle, comme Un jour sans fin, Truman show ou Retour vers le futur. Il se sentait perdu mais heureusement, sa fille est intervenue et lui a dit qu'il ne pouvait pas passer à côté d'un tel projet. Et je m'en rappelle, à la sortie de la projection de Kill Bill : Volume 2 à Cannes, Fabrice me téléphone et me dit qu'il est partant.


Je me retrouve donc avec les droits du scénar, les accords de Johnny et Fabrice, mais le fait est que je n'ai jamais produit pour le cinéma ! La boîte de prod Fidélité, qui voulait acheter le scénario dès qu'elle en a entendu parler, a essayé de me le racheter mais devant mon refus obstiné, la question est tombée : « Qu'est-ce que tu veux ? » Et j'ai répondu : « 50 / 50 ». On a signé une feuille volante et j'ai été voir un des meilleurs directeurs financiers de Paris – il a bossé cinq ans pour Claude Berri et trois ans pour Luc Besson – qui n'en croyait pas ses yeux. Il s'est assuré que la clause soit respectée. Fidélité ne voulait pas de Luchini mais j'ai réussi à l'imposer. Pourquoi aller chercher ailleurs ? Une fois que tous les contrats ont été signés, Fidélité a pris les choses en main et a mis Bankable de côté en se chargeant du financement, de la fabrication, du marketing… mais je garde le titre de producteur.

Vous regrettez d'avoir été mis sur la touche ?
Un peu mais c'est du bon sens de laisser faire les pros une fois que tous les éléments sont réunis. Ils avaient 20 films derrière eux et moi, je n'avais même pas un court-métrage. J'ai mis mon ego de côté. Je me suis associé avec eux parce qu'ils m'avaient dit qu'ils feraient une machine de guerre et ils ont tenu leur parole. Je leur suis très reconnaissant. Je pouvais signer avec un gros groupe, tout le monde était intéressé et je ne regrette pas ma décision un seul instant.

Comment est arrivé Laurent Tuel sur le projet ?
C'est Laurent qui a parlé du scénario à Fidélité. Quand ils m'ont montré les films de Laurent (Le rocher d'Acapulco et Un jeu d'enfants), je n'en revenais pas qu'on puisse l'envisager car je voulais un metteur en scène d'un autre calibre. Mais n'ayant personne d'autre à proposer, ce choix s'est imposé. Maintenant, même si je suis très heureux du travail fantastique qu'il a accompli, je crois que Laurent ne l'a pas digéré… Le peu de fois où j'ai été sur le tournage, je n'ai pas été très bien reçu.


Quel est l'objectif en terme d'entrées ?
On fantasme sur les chiffres de Podium (3 559 512 entrées). Pour trouver l'équilibre financier, il nous en faudra au moins 2 300 000. Ce serait déjà magnifique.

C'est-à-dire qu'à partir de ce seuil, vous gagnerez de l'argent ?
Ni Fidélité ni Bankable n'ont investi d'argent. Le budget de 13 millions d'euros a été financé par Studio Canal, TF1, Canal + et la Région Île-de-France. C'est pourquoi le seuil de rentabilité est assez haut.

Vous envisagez un remake américain ?
Oui et nous avons réussi à garder les droits de remake alors que d'habitude, c'est Studio Canal qui les récupère. Depuis le début je me dis qu'on pourrait le faire avec Madonna en le titrant Louise. La danse serait la plus-value car ça pourrait être très marrant que son personnage s'entraîne sur des chorégraphies de Like a virgin ! J'ai entendu qu'elle avait décidé d'arrêter le cinéma mais je reste à fond sur le coup.

La difficulté sera de mettre le scénario entre les mains de Madonna ?
Non. Dès que tu as quelque chose susceptible d'intéresser une personne, tu peux la rencontrer. La preuve avec Johnny ! J'attends juste la sortie de Jean-Philippe en France et je pars à l'assaut ! En tout cas, c'est de l'idée dont je veux lui parler car je préfère que le studio qui achète les droits de remake écrive son propre scénario. Si je m'occupe du scénario avant, je rentre dans un processus de production et produire un film américain n'est pas à l'ordre du jour. Pour le moment. (Rires)


Vous êtes sur un autre gros projet : Jean-Claude !
Frédéric Benudis et Vincent Ravalec planchent actuellement sur le scénario. L'idée est de mettre Jean-Claude Van Damme dans son propre rôle. Il se trouve à Los Angeles dans la tourmente la plus totale puisque le film s'ouvrirait dans un tribunal. Le juge prononce son divorce et le condamne à verser une pension alimentaire, qui s'ajoute à ses problèmes avec le fisc. Il marche à Hollywood Boulevard sur le Walk of Fame et voit un type renverser du ketchup sur son étoile. Bref, tout va mal. Il retourne alors en Belgique et arrive la veille de la fête nationale. Il va immédiatement voir sa mère - j'aimerais Annie Cordy dans le rôle - et se retrouve plus tard dans la Banque Centrale de Bruxelles pour récupérer un trésor dans la salle des coffres. Pas de bol, ce jour-là, un hold-up a lieu. Je rêve de Benoît Poelvoorde comme chef des braqueurs. Rapidement, les médias apprennent que Jean-Claude Van Damme est parmi les otages et la banque se retrouve sous le feu des projecteurs.

Vous avez l'accord de Van Damme ?
Oui, je l'ai rencontré plusieurs fois, il est à fond dans le projet. Je lui ai organisé dans la grande salle du Paramount Opéra une projection privée de Jean-Philippe et il a adoré. Il a compris et aimé l'autodérision qui se dégageait du film et ça l'a forcément rassuré.

Il y avait de quoi être inquiet car son image est tellement malmenée à force d'être « aware » !
Oui mais je n'ai pas du tout envie de me foutre de lui. Le but est avant tout de faire un vrai film d'action qui marcherait déjà avec n'importe qui sauf que là, c'est Van Damme. Cette idée est suffisamment marrante pour que je n'aie pas à rajouter des « aware » à tout bout de champ. J'ai engagé Frédéric Bénudis car il a réalisé de manière très respectueuse un excellent documentaire intitulé Dans la peau de Jean-Claude Van Damme. Depuis, Jean-Claude a une totale confiance en Bénudis.


Vous allez devenir le sauveur des stars à la dérive !
Johnny n'a certainement pas besoin de moi pour être une star mais c'est vrai qu'il a envie d'un gros succès au cinéma. La première fois que je l'ai vu, il m'a dit (imitant Johnny) : « Ça sera mon blockbuster. » Je pense qu'il a, comme Jean-Claude, compris que ma démarche était sincère et honnête. Je veux un film intelligent, mes références sont Dans la peau de Malkovich et Un jour sans fin et j'exploite le potentiel de ce que j'appelle le ciné-réalité. C'est Vincent Ravalec qui a eu l'idée d'enfoncer le clou après Jean-Philippe en utilisant Jean-Claude et j'ai emmené l'idée d'en faire un super-héros qui renaît.

Quel est le planning ?
J'ai déjà rencontré des producteurs belges car je veux une coproduction avec la Belgique, cela me paraît naturel car on veut utiliser tous les codes de leur culture. J'ai un accord écrit de Van Damme et je dois lui présenter dans un mois le scénario. Le plus dur sera de convaincre Benoît Poelvoorde et Cécile de France, que j'aimerais en guichetière. Ils sont très sollicités et je dois leur proposer un scénario béton car ils en reçoivent vingt par jour. J'aimerais Yolande Moreau aussi. Ce serait une pure comédie belge en plus du film d'action. L'ambition de Bankable est de produire des films d'entertainment de qualité. C'est très prétentieux mais j'espère y parvenir. Le succès de Jean-Philippe est probablement déterminant.

Propos recueillis par Didier Verdurand le 4 avril 2006.
Autoportrait de Marc Fizsman.

Benoît Poelvoorde nous avait parlé de Jean-Claude Van Damme à l'occasion de la sortie de Narco. Pour écouter ses propos, cliquez sur son autoportrait :

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