Semaine du 15 février 2006

Box-office français : Commentaire de Jim Sheridan

Didier Verdurand | 3 avril 2007
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Box-office français du 15 au 21 février 2006

Quand l'Irlandais Jim Sheridan est passé à Paris faire la promo de son nouveau film avec 50 Cent, Réussir ou mourir, on ne lui a pas demandé de commenter l'extraordinaire triomphe des Bronzés 3, mais de nous parler de ses rapports avec le box-office durant toute sa carrière (seulement six films réalisés en dix-sept ans).

My left foot avait coûté entre 2 et 3 millions de dollars, en 1988. Il a rapporté près de 15 millions de dollars, seulement en Amérique du Nord. Daniel Day Lewis était mon premier choix, je l'avais trouvé excellent dans My beautiful laundrette de Stephen Frears. Une fois encore dans L'Insoutenable légèreté de l'être… Le contact s'est très vite établi lorsque nous nous sommes rencontrés et il ne s'est pas fait prier pour accepter ma proposition délicate d'incarner Christy Brown, un rôle particulièrement difficile. Je me suis rendu compte dès le départ que le travail de Daniel allait être reconnu. Et puis peu de temps après sa sortie, Angelica Huston et Jack Nicholson, qui étaient de passage à Dublin, sont allés le voir en salle et l'ont adoré. C'est là que j'ai compris que le film voyagerait peut-être aux États-Unis. L'aventure s'est conclue par un oscar pour Daniel, un autre pour Brenda Fricker et un gros succès. Il faut rendre hommage à Harvey Weinstein, sans qui rien de tout cela ne serait arrivé. Le film n'avait pas trop mal marché en Irlande, mieux qu'en Angleterre où il était passé inaperçu, et c'était un sacré pari pour un Américain de croire en ses chances outre-Atlantique.


J'ai tourné The Field pendant que My left foot sortait car je voulais vite enchaîner sur un autre film. Il a lui aussi bénéficié d'une magistrale interprétation, Richard Harris a d'ailleurs remporté une nomination à l'oscar. L'avoir dans le projet avait facilité le financement, mais sans l'argent de la télévision, nous n'aurions pas réussi à le produire, malgré son faible budget de 4 millions de dollars. Je l'aime beaucoup, je trouve qu'il a un certain charme qui fait penser à Jean de Florette… Il faut noter que The Field a plus rapporté en Irlande (2 millions de dollars) qu'aux États-Unis (1,5 million) malgré sa petite taille, il y avait aussi bien marché que mon film précédent.

Au nom du père a été une fois n'est pas coutume difficile à produire. L'Irlande du Nord était encore en guerre à l'époque et les autorités anglaises ne nous ont pas facilité la tâche mais subitement, quand Le Dernier des mohicans a cartonné aux États-Unis, nous avions une star de cinéma dans notre film, et tout s'est décanté. Le lundi, nous avions 15 millions de dollars à disposition ! Je pense que Daniel n'a jamais été aussi bon, il interprète un homme de 16 à 40 ans et vous y croyez sans le moindre doute, c'est très fort… Il est toujours concentré sur son personnage, il est très fort mentalement, il se créée une propre bulle. Son score au box-office a dépassé les 25 millions de dollars au box-office américain.


Je me rappelle avoir eu une discussion avec Steven Spielberg pendant qu'il préparait Munich en le mettant en garde sur les risques du thème abordé – le terrorisme – qui n'est pas sans similitudes, sur le fond, avec The Boxer – 6 millions de dollars au box-office américain. Toute la difficulté dans ce genre d'entreprise est de trouver une bonne histoire pour passionner le spectateur… Steven a plus réussi que moi à se préoccuper des réactions du public et cela se traduit par de meilleures recettes, mais ce film me tient à cœur, je suis déçu qu'il n'aie pas été vu par plus de gens.

Il m'a fallu attendre six ans pour repasser derrière la caméra car je ne trouvais pas un scénario assez motivant. L'idée m'est venue de faire In America mais Daniel était trop vieux pour le faire, et il a fallu que je cherche un comédien qui m'inspire, je n'ai pas trouvé facilement ! (Rire.) Écrire un scénario sur une histoire aussi personnelle prend du temps, il faut fouiller dans ses souvenirs. Et j'ai passé un an ou deux à trouver des investisseurs. Il a rapporté 15,5 millions mais ce fut un énorme succès critique et ça fait toujours plaisir quand votre travail est salué par tant de louanges.


J'ai visionné plusieurs fois 8 Mile pour ne pas en faire une copie. J'aime beaucoup Curtis Hanson, son film est très beau et il a de plus connu une grosse carrière au box-office. De mon côté, je ne voulais pas autant me focaliser sur le rap. Ma première impression lorsque j'ai rencontré 50 Cent a été totalement positive, il était charismatique et avait montré un certain sens de l'humour. Je suis satisfait du résultat. Paramount a distribué Réussir ou mourir dans les zones urbaines exclusivement, il est sorti avec presque deux fois moins de copies que 8 Mile. Peut-être qu'ils ont eu raison, on ne peut pas savoir… Ils sont contents des chiffres, donc il n'y a pas de malaise (31 millions de dollars contre 116,8 pour 8 Mile, NDLR). En tout cas, je suis très optimiste quant à sa carrière en DVD.

Propos recueillis par Didier Verdurand.
Autoportrait de Jim Sheridan.

Retrouvez les chiffres à 14h du mercredi 22 février à Paris en cliquant ici.

Retrouvez le dernier box-office américain en cliquant ici.

# Titre Entrées Semaine Evolution Cumul Salles
2 Fauteuils d'orchestre Fauteuils d'orchestre Voir la bande-annonce 601 163 1 - 601 163
3 Bambi 2 Bambi 2 Voir la bande-annonce 444 614 3 +16% 1 195 548
4 Je vous trouve très beau Je vous trouve très beau Voir la bande-annonce 330 009 6 +10% 2 285 142
5 Le Nouveau Monde Le Nouveau Monde Voir la bande-annonce 315 159 1 - 315 159
6 Petites Confidences (à ma psy) Petites Confidences (à ma psy) Voir la bande-annonce 296 249 1 - 296 249
7 Incontrôlable Incontrôlable Voir la bande-annonce 248 531 2 -27% 590 216
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