Pris au Piège : critique au bar

Jacques-Henry Poucave | 6 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 6 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

C’est un des auteurs espagnols les plus allumés, un cinéaste terriblement éclectique et pourtant reconnaissable entre mille. Alex de la Iglesia revient avec un simili-huis-clos délirant, disponible en DVD et Blu-Ray dès le 5 septembre.

 

GRAND PETIT FILM

Vu de l’Hexagone, il sera facile de mal appréhender Pris au Piège (El Bar), le dernier film de l’explosif Alex de la Iglesia. En effet, après une série d’insuccès ou de sorties vidéos plus que discrètes, il est aisé de voir dans cette intrigue resserrée, privée de sortie en salles, le symptôme d’un cinéma de plus en plus exigu, voire exsangue. Sauf que non, Pris au Piège fut un notable carton dans son Espagne natale et s’avère un jeu de massacre formel d’une exceptionnelle maturité, injustement boudé par le public français, décidément bien insensible au cinéma espagnol.

Voilà peut-être le dispositif narratif le plus simple – en apparence – jamais élaboré par le cinéaste, qui réunit une poignée d’anonymes dans un café où ils vont se retrouver assiégés, forcés de collaborer pour s’échapper, à moins qu’ils ne préfèrent s’entretuer. Aux antipodes de l’humour bigarré du Crime farpait, de la fresque monstrueuse de Balada Triste ou de la charge sociologique de Mi gran noche, de la Iglesia n’en n’est pas moins au top de sa forme.

 

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Le début d'une très mauvaise journée pour eux, d'un très bon moment pour nous

 

Forme qui en appelle ici clairement à Hitchcock, à De Palma, où le décor, sa mise en espace et le langage qui y est développé sont au moins aussi importants que les véritables péripéties, ou l’évolution des protagonistes. Pour tout spectateur amateur de découpage, de montage, le film est un met d’une grande finesse, si abouti qu’on conseillerait presque un deuxième visionnage sans le son, afin d’apprécier la maîtrise visuelle de l’ensemble.

 

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MORDRE DE RIRE

Pour autant, Pris au Piège ne se limite pas à un pur exercice formel et nous offre un festival de méchancetés rosses typiques du réalisateur. Peintre d’une humanité tour à tour pathétique, cruelle, puis délicieusement veule, le sublime constamment le festival de petites roueries auxquelles se livrent ses héros.

 

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L'enfer c'est les autres

 

Une hargne qui ne vire jamais à la misanthropie, de la Iglesia étant toujours animé d’une sincère sympathie pour ses bras cassés d’anti-héros, dont on devine qu’il ne les juge pas, trop conscient de leur ressembler. En résulte une puissance humoristique ravageuse, qui n’annule jamais les montées de tension mais les nourrit d’une humanité qui les rend d’autant plus palpables.

Ce mélange à la fois simple et rare, typique du metteur en scène, trouve son aboutissement lorsque l’action se déploie dans un nouveau décor, sous-terrain, et relève encore de nouveaux défis. Alors mue par une fluidité élégante, capable d’anticiper les attentes du spectateur pour mieux le surprendre et casser le rythme attendu. Pris au Piège s’impose dès lors comme un concentré quasi-parfait du cinéma d’Alex de la Iglesia, une œuvre dont la modestie apparente constitue l’écrin idéal pour un talent de conteur hors-normes et remuant.

 

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Résumé

Alex de la Iglesia profite d'un récit en apparence minimaliste pour totalement lâcher la bride à son écriture mordante et son impeccable mise en scène.

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Lecteurs

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commentaires
Elena
27/01/2019 à 14:01

Ce film est géniale

Errol
30/12/2017 à 17:03

Une histoire à dormir debout !

Evil Prince
23/11/2017 à 11:57

Je l'ai vu hier soir. C'est du Iglesia sans conteste. Pas son meilleur, pas son pire. J'ai été impressionné par le personnage d'Israël le SDF qui passe du statut de farfelu illuminé à celui de psychopathe terrifiant.

tom ripper
11/09/2017 à 23:47

sans dec! c'est vraiment un film moyen! partant bon postulat et d'une idée de scénario intriguant, la suite de l'oeuvre se casse la gueule en nous dévoilant un survival terriblement fade et chiant. en plus d'un script plein de maladresse et d'idiotie. que vous défendiez un film de genre indépendant, je veux bien mais là.....

Dxman
07/09/2017 à 13:50

Moi j'ai vraiment bien aimé, c'est le huis-clos le plus dépravé que j'ai vue depuis The Divide!

DP0007
07/09/2017 à 12:17

Désolé mais pour moi c'est le plus mauvais film de son auteur depuis longtemps. C'est divertissant mais il tourne vite en rond (surtout si l'on connaît les précédents métrages du bonhomme) et visuellement ou thématiquement, c'est loin d'Hitchcock et encore plus de De Palma. Sortie dans les années 80, il aurait pu devenir un petit classique, là ça se regarde avec un ennui poli pour ma part...

Simon Riaux
07/09/2017 à 10:49

@Chris

Justement, on ne va pas vous servir d'explication. C'est un des partis pris du film, qui concourt à son étrangeté.
Quant au rapport avec les personnages, chacun sera juge, mais nous les trouvons excellemment écrits, et tous très humains sous leur carapace de veulerie.

Chris
06/09/2017 à 22:37

Film plutôt moyen qui ne mérite absolument pas 4 étoiles

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Expliquez moi la disparition des 2 corps ainsi que du sang sur le sol en quelques minutes au début du film sans que personne ne le voit... ça nous fait croire a une explication un peu originale voir surnaturelle en fin de film (même les personnages élaborent des théories diverses pour expliquer ça, est-ce qu'ils rêvent, est-ce une expérience, des extra-terrestres, etc) mais non aucune explication et en fin de compte une banale histoire de virus, ce qui rend tout le film bancal, autre détail gênant aucuns des personnages n'est sympathique, donc on a un peu de mal a s'en faire pour eux tout le long du film.

tonton
06/09/2017 à 22:20

en france il faut que la television dise tel film est bien et tout le monde ira le voir au ciné comme des moutons..

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