Inside : Critique à l'intérieur

Christophe Foltzer | 26 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 26 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le film d'horreur et le cinéma français, ce sont deux personnes qui se font les yeux doux de loin, depuis longtemps, mais qui ne s'entendent pas bien lorsqu'ils se mettent ensemble. Mais quelques fois, ils accouchent de belles petites choses, comme A l'intérieur il y a 10 ans.

Pour les plus jeunes, rappelons qu'A l'intérieur fut le premier film du duo Alexandre Bustillo et Julien Maury (dont on attend le Leatherface de pied ferme), sorti dans nos salles il y a 10 ans maintenant et qui fut un petit évènement à l'époque parce qu'il représentait une possible résurrection du film de genre français juste avant ce que l'on a appelé par la suite les French Frayeurs, ces petites séries B à 1 million d'euros, pétries de bonnes intentions mais généralement produites avec les pieds. Si le film ne fit pas un carton en salles, handicapé par une interdiction légitime aux moins de 16 ans, il se fit sacrément remarquer et fut même projeté à la semaine de la critique du Festival de Cannes, excusez du peu. Bref, s'il n'est pas un monument de notre culture, A l'intérieur est cependant une petite date dans le coeur des cinéphiles amateurs de barbaque. Mais on ne s'attendait pas forcément à ce que les espagnols le remakent 10 ans plus tard.

 

Photo Rachel Nichols

 

GROSSESSE NERVEUSE

Ce Inside, réalisé par Miguel Angel Vivas, se montre donc à nous en mode photocopieuse, puisqu'il reprend une grande partie des éléments de l'original, sans aucune volonté de s'en écarter. Nous y suivons toujours le cauchemar de Sarah, veuve et enceinte jusqu'aux dents qui, à la veille de Noël, se trouve harcelée par une mystérieuse femme qui prétend que son bébé est en fait le sien et qu'elle veut le récupérer. Débute ainsi une longue nuit d'horreur et de viande sur les murs.

 

Photo Laura Harring

 

L"original n'avait qu'une seule volonté : choquer son spectateur. Et de ce strict point de vue, c'était une belle réussite. Gore et ultra-graphique, il surprenait notamment dans son final sans concessions qui, dans toute son horreur brute en appelait quand même à une certaine poésie morbide (même si on était très loin de la réussite de Martyrs par exemple, un vrai beau film). C'est aussi pour cela que son intrigue tenait sur un ticket de métro, parce que ce n'était qu'un prétexte. Mais c'est aussi ce qui en faisait paradoxalement sa force. Une histoire épurée au possible, claire dans son intention et son message et qui ne s'embarrassait pas de personnages complexes pour créer une atmosphère. Inside part du même principe mais, étrangement, cela ne fonctionne plus. Ce n'est pas forcément dû au changement de décor (le film se situe à présent dans la banlieue de New-York) ou au fait que nous connaissons déjà l'histoire, mais bel et bien à une nouvelle orientation générale qui révèle toutes les faiblesses du projet : là où A l'intérieur veut nous choquer, Inside en garde énormément sous le coude.

 

Photo Rachel Nichols

 

POST-PARTUM

En refusant d'être aussi hardcore que son modèle, le film se prend les pieds dans le tapis avec force et vigueur et montre toutes les fragilités qu'A l'intérieur parvenait à éviter en nous inondant de sang. Inside est lent, peu intéressant, que ce soit dans son suspense ou dans ses personnages et ses quelques ajouts (le film dure presque 10 minutes de plus que l'original) n'apportent rien d'autre que de la lourdeur. Alors certes, Inside tente de reproduire l'ambiance du modèle, ose des cadrages audacieux et très signifiants, se la joue horreur brute avec une absence de musique, mais tout ceci, loin de nous emmener dans un versant naturel de l'horreur, se révèle ô combien artificiel et maniéré, tout simplement parce que le film manque d'un fond à raconter. 

 

Photo Rachel Nichols

 

Le plus gênant dans tout cela, c'est bel et bien la conclusion du film, qui en transforme complètement le propos. Là où A l'intérieur y allait à fond et nous proposait un final assez repoussant, mais logique et efficace (et nécessaire), Inside se la joue frileux et nous raconte tout l'inverse en nous abreuvant d'une bonne morale à l'américaine à coup de rédemption et de métaphore ultra lourde dont il pouvait bien se passer. Ce qui affaibilit définitivement le film puisque ce petit retournement politiquement correct et bienpensant annihile totalement ce qu'il essayait de nous raconter jusqu'ici, preuve qu'aussi mince fut le scénario d'A l'intérieur, il tenait quand même un minimum la route. Et c'est bien dommage parce que Rachel Nichols nous offre un bon pendant à Alysson Paradis et que Laura Harring, si elle n'atteint jamais la puissance, la folie et le charisme de Béatrice Dalle, est parfaite en femme mystérieuse.

 

Affiche

 

 

Résumé

S'il n'est pas honteux, Inside n'en reste pas moins très ennuyeux et peu intéressant au final. Un cran en dessous d'A l'intérieur, il vaut cependant le coup d'oeil pour la curiosité. Ou alors si vous voulez voir le film original mais que la perspective de vous retrouver devant un étal de boucherie-charcuterie vous tente moyen.

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commentaires
Hildegarnic
28/09/2017 à 16:23

J'ai jamais vu l’original mais j'ai bien envie de voir celui-là, particulièrement pour ma Rachel d'amour, qui est une actrice uber-sous-estilmée et sous-exploitée

john
27/09/2017 à 09:48

L original était mauvais alors celui la... Non merci...

StarLord
26/09/2017 à 22:08

Film sans intêret, qui n'apporte absolument rien de plus que l'original (beaucoup moins d'ailleurs)
Inutile.

fatcap
26/09/2017 à 13:32

une putain de daube point barre, très loin de l'original avec en prime un happy end grotesque.

Alcatrazzz
26/09/2017 à 13:11

Perso j'ai trouvé ce film d'une stupidité hallucinante et d'une incohérence totale (ce final aquatique! j'en étais limite gêné..non en fait j’étais vraiment gêné).
Difficile d'avoir de l'empathie pour une Rachel Nichols tellement coconne, qui perd les eaux en cours de route mais continue à s'en prendre plein la gueule et de se vautrer comme c'est pas possible, mais continue de se tenir le ventre "pour faire genre"!
Quant à Laura Harring, ses pseudos mimiques machiavéliques sont à se pisser dessus tellement c'est archi convenu et pas naturel pour un sou! Et puis QUI va croire à la dernière partie du film où on découvre où cette teubé à élu domicile?? Non franchement on s'est bien foutu de not' gueule!
Bref, une grosse daube qui fait passer l'Original pour un véritable chef d’œuvre.

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