Bad Buzz : critique qui tape au fond

Simon Riaux | 21 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 21 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Certains matins ont des airs de défaite, un je-ne-sais-quoi d’irrémédiablement faisandé. On vous parle de ces matins où le pire du cinéma se donne rendez-vous un même mercredi, dans le but évident de fondre sur la Fête du Cinéma et les Euros de ses spectateurs innocents comme la vérole sur le bas clergé. Et cette année, ça se bouscule au portillon. Entre Le Manoir, Baywatch - Alerte à Malibu et Bad Buzz, on a l’embarras du choix.

 

DIAGONALE DU VIDE

Mais justement, entre la peste bubonique, le choléra suintant et la bactérie mangeuse de chairs, à quel mal se soumettre ? Le premier est un happening de Cotorep Youtubeurs, dont il y a fort à parier que les égos paralysent le potentiel excrémentiel du projet. Baywatch - Alerte à Malibu a été montré à la presse, et tout le monde s’accorde pour le qualifier d’attentat oculaire mâtiné de vibrante ode à l’incompétence, reste donc l’agression filmique d’Eric et Quentin, candidats autrement plus solide à la Palme ultime de l’étron Z hystéro-positronique.

Tous les ingrédients sont réunis : deux proto-comiques qui n’arriveraient même pas à faire rire un médecin légiste après s’être égarés dans un mixeur industriel, un scénario qui tient sur un ongle incarné, et un projet sorti du cerveau malade d’une bande de producteurs convaincus que miser sur les deux humoristes les plus unanimement conspués de leur génération est une sacrée bonne affaire. Et c’est ce dernier point qui fait qu’on s’arrête devant Bad Buzz, comme on ralentit devant un carambolage particulièrement cruel.

 

Photo Eric Metzger, Quentin MargotDeux garçons plein d'avenir

 

Portés par la dynamique de l’émission dans laquelle ils s’inscrivent, qui dissimule partiellement la trajectoire kamikaze de leurs sketchs, toujours suspendus entre nullité lunaire et une lourdeur qui confine à la poésie, Eric et Quentin sont un accident industriel d’une ampleur inédite, que même le plus déviant amateur de nanar désespérait de voir un jour s’écraser contre un grand écran. D’où la jubilation mauvaise, la joie aigre éprouvée à l’idée d’assister un mercredi matin, dans la langueur moite des canicules précoces à une sorte d’auto-sacrifice rituel.

 

FRACTURE DE LES YEUX

Malheureusement, ce n’est sans doute pas pour rien que Bad Buzz a été scrupuleusement planqué à tous ceux qui étaient susceptibles d’en parler. Evidemment le film est positivement nul, et ne fait rien pour nuancer ce constat, à tel point qu’on imagine aisément sur le plateau, la panique du premier assistant découvrant soudain qu’un membre de l’équipe a correctement fait son travail.

 

Photo Quentin Margot"Kill it with Fire"

 

Hélas, Bad Buzz n’est pas assez brillant dans le ratage pour concurrencer Patrick Sébastien dans le domaine du colombin Z, ne tente même pas de chatouiller les gonades d’un Jean-Marie Poiré, et se contente de dérouler paresseusement sa médiocrité métastatique. En l’état, le duo, probablement composé à 80% d’antimatière, se contente de recycler les vieux sketchs de la génération passée et donne le sentiment de flatuler un interminable hommage à Patrick Timsit (Oh des trisomiques !), Popeck (Oh des juifs !), Chevallier et Laspales (Oh… heu… des trucs quoi).

En vérité, et c’est sans doute ce qui achève de confire Bad Buzz dans le néant, le film dévoile combien ses deux ambassadeurs sont en réalité des comiques d’un autre âge, aux ressorts antédiluviens, maquillés à la truelle en types modernes à la faveur d’une paire de filtres Instagram.

 

Affiche

Résumé

Candidate au titre d'étron de l'année, cette tentative de recycler deux des pires comiques actuels est un naveton métastasé.

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commentaires
Humungus
04/08/2018 à 10:56

Le film est t'il pire que le fameux"deux enfoirés à St Tropez"(1986),du GRAND Max Pécas !!!???

Gollem13
26/06/2017 à 19:02

Je n'ai pas vu le film, je ne suis pas vraiment fan des acteurs principaux, pas au point de les haïr mais j'ai toujours pensé que faire des sketches ne pouvait pas être leur vrai métier. J'ai tout de même suivi de près ce projet. Mais dés les 1eres images ça puait : pas une réplique, pas un plan, pas une expression faciale dans le ton. Une bouse interstellaire. Limite ça c'est subjectif, passons. Mais cette tendance sur les réseaux sociaux à nier les avis qui vous sont contraire, les argument comme "tu n'aimes pas t'es un hater", le monde binairr dans lequel on vit qui veut qu'un avis vaut autant qu'il soit argumenté ou non ça ça me dépasse. Je ne suis pas toujours d'accord avec EL (voire la critique elogieuse de Jupiter Ascending) mais quand systématiquement on les accuse d'avoir ses bizbi avec tous ceux qu'ils critiquent ça deviebt du troll. Foutez nous la paix si vous ne venez pas discuter cinéma.

slayer72
24/06/2017 à 14:53

bonjour ;
j'ai l'impression que c'est Cyril Hanouna qui a écrit l'article ou en tous cas un de ces fans

Colonel Stuart
24/06/2017 à 12:57

Vu cette critique "assassine"!
Dorénavant, je n'ai plus qu'une envie:
VOIR CE FILM!

Kean
22/06/2017 à 21:33

Mais c'est que Simon devient cassant et le prend un peu trop personnellement avec ses lecteurs qui pensent différemment.. Tss tss tss...

Bref, il est temps du coup de reconsidérer sérieusement ces deux bijoux que sont Steak de Dupieu et La personne aux deux personnes de Nicolas et bruno.

Simon Riaux
22/06/2017 à 16:21

Justement Marcel.
Ceux que vous citez utilisent "l'image" de ces pathologies à dessein. Jusqu'à preuve du contraire, tumeur et cancers ne sont pas l'apanage, symboliquement parlant, d'un groupe social ou culturel.
La comparaison est donc erronée, en plus d'être passablement stupide.

Quant à votre histoire de castes Tess, on veut bien que vous nous expliquiez. Qu'on rigole.

Marcel
22/06/2017 à 14:08

Ben Tess vous l'a dit : l'emploi de certaines comparaisons (pour critiquer des comiques) avec des maladies dégueulasses (cancer) c'est assez prisé au FN même si eux ont tendance à préférer parler de sida ou d'ebola.

Kennedy
22/06/2017 à 12:19

Tess : "J'y vais donc ce w-e ( un peu contraint et forcé quand même )"

Sûrement la plus belle perle de la semaine.

Simon Riaux
22/06/2017 à 11:01

Chère Tess,

On est assez curieux de savoir si vous avez un jour ouvert un des torchons auxquels vous nous comparez, ainsi que ce qui dans l'article vous semble relever d'une argumentation similaire.

miaoumiaou
22/06/2017 à 10:44

A quand une critique du Manoir qui est une sombre magouille. Beaucoup de promotions télés, Natoo qui lance je serais à l'UGC le mercredi première séance et bing....le film arrive en tête pour dire "vous avez vu, il est 1er dès la première séance....qui plus est, elle a acheté des places pour des spectateurs lors de la séance de 11h00 pour qu'il y est au moins du monde lors de la deuxième séance.....Les Youtubeurs font dans la propagande comme quoi....
Les 2 TMC, vu la Ba, euuuh nexttttt.
Baywatch, super drôle, c'est l'humour US à 100 à l'heure, certains diront c'est d'une vulgarite...personnellement, c'est de l'humour à la supergrave.

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