Gerald's Game : critique menottée

Simon Riaux | 3 octobre 2017 - MAJ : 06/10/2022 10:23
Simon Riaux | 3 octobre 2017 - MAJ : 06/10/2022 10:23

Alors que la fièvre Stephen King s’abat comme jamais sur le cinéma et les séries, Netflix n’échappe pas à ces velléités d’adaptations et propose Gerald's Game, issu du roman Jessie. Une proposition alléchante, en cela qu’elle se penche sur un pendant peu commenté de l’œuvre du maître (ses textes féminins) et qu’elle est réalisée par Mike Flanagan, remarqué pour l’inventivité que recelaient Oculus et Ouija 2 : Les Origines.

JEUX DE MAINS JEUX DE VILAINS

Nous y suivons Jessie (Carla Gugino), qui se rend avec son époux Gerald (Bruce Greenwood) dans leur maison isolée, afin de réveiller le temps d’un week-end de jeux érotiques la flamme vacillante de leur mariage. Mais rien ne se déroule comme prévu, et Jesse se retrouve rapidement menottée à un lit, incapable d’atteindre les clefs, tandis que son mari, terrassé par une crise cardiaque, git à ses pieds sans vie.

Le récit de Stephen King entremêlant subtilement le compte-rendu glaçant d’une descente aux enfers immobiles, la folie qui point, les souvenirs qui affleurent et les possibles hallucinations s’emparant de la psyché de son personnage principal, Flanagan apparaît rapidement comme le meilleur choix possible pour transposer le texte de King.

 

Photo Carla GuginoUn jeu rigolo, à coups de chaînes de menottes

 

Rigoureux dans la gestion de l’espace et la captation du jeu puissant de Carla Gugino, il joue avec habileté des situations que lui offre le scénario, épousant les soubresauts mentaux de son héroïne sans jamais sombrer dans le grand guignol. Aussi à l’aise dans le maintien du suspense que dans la progressive horreur que révèle le passé de Jessie, il s’offre même quelques scènes d’une extraordinaire cinégénie, quand il plonge dans le trauma de l’éclipse, clef de voûte dramatique du film et de sa protagoniste.

 

Photo Carla Gugino

 

ADAPTER N’EST PAS JOUER

On saura gré à Gerald's Game de respecter l’esprit de l’œuvre originale, et notamment de ne pas dénaturer son épilogue, qui avait déconcerté beaucoup de lecteurs, en cela qu’il apportait une réponse claire à l’une des interrogations contenues dans le scénario. Flanagan respecte ce choix, et parvient lui aussi à en faire un ultime et terrible supplément horrifique à un récit déjà éprouvant.

 

PhotoRêves et cauchemars...

 

Malheureusement, le film est un peu moins adroit en termes d’articulation de son récit. On comprend bien la volonté de ne pas ennuyer trop le spectateur avec une situation par définition rigide, mais Carla Gugino, malgré l’intensité de sa performance, peine à nous faire avaler qu’elle sombre si vite dans la quasi-démence.

Peut-être cette faiblesse provient-elle du choix – compréhensible sur le papier mais regrettable in fine – de ne pas inclure dans le métrage le personnage de Ruth, amie de fac de Jessie présente dans des flash-back, dont la présence servait remarquablement bien les arcs narratifs et leur offrait des articulations impeccablement fluides, doublées d’un regard intéressant sur le féminisme estudiantin. Gerald's Game n’en n’est pas moins une des adaptations les plus rigoureuses et abouties de Stephen King.

 

Affiche

 

 

Résumé

Mike Flanagan va parfois un peu vite, mais propose une des plus rigoureuses adaptations d'un texte parmi les plus psychologiquement fouillés de Stephen King.

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commentaires
Noopi
29/10/2018 à 23:50

Pour moi ce film était le meilleur de tout ce que j'ai pu voir en matière d horreur pourtant moi qui adore et fan de gore de chose un peu gloque très hardcore j'aime beaucoup le sang (exp: saw et horreur d esprit maléfique ) ect j'en passe
Pourtant dans se film il y a qu une scène mais réaliser avec brio !! Je n'est absolument rien à dire à part qu'il m'a totalement perturbé ...
Et fait énormément réfléchir. Franchement félicitations..et merci pour avoir enfin un film qui sort du lot de tous. J'ai beaucoup aimer !

GOTMEJ
09/10/2017 à 23:33

Simon tu signes là notre premier désaccord. Première demi heure excellente et paf je me suis fait chier jusqu'à l'eclipse et j'ai fini Star Treck Discovery Ep4.
Non franchement, les hallucinations sont d'un ennui sans nom et très répétitives.

SMQ
04/10/2017 à 17:47

Vu, ça se regarde sans problème, quelques bons passages... Par contre, je ne connais pas le livre, mais si c'est vraiment l'un des textes les plus terrifiants de S. King, bah....pas grand chose de terrifiant dans le film... Certains pourraient être déçus...

Olav
04/10/2017 à 10:16

Je reste à dire que tous les romans et nouvelles de Stephen King ne sont pas faites pour être porté à l'écran. Gerald's Game en est - pour moi - un parfait exemple.

Matt
03/10/2017 à 22:04

Bonne adaptation bien qu'un peu brin scolaire de l'oeuvre de Stephen King.
Interprétation au top et réalisation plutôt bien ficelée si ce n'est cette lumière lisse et artificielle sans grande originalité pour ma part.
.
Quant au personnage du dernier acte, un peu déçu de l'esthétique apportée...
Mais c'est surtout par rapport à mes souvenirs du bouquin.

stivostine
03/10/2017 à 20:54

vu 2 fois, endormi 2 fois....

Ichabod
03/10/2017 à 19:06

Excellente surprise, avec quelques passages bien tendus. Garanti sans jump scares. Si 1922 (20 octobre, toujours sur Netflix) est du même acabit, c'est la fête du slip.
Carla Gugino est une déesse.

LordF
03/10/2017 à 19:03

"Hardcore" plutôt

LordF
03/10/2017 à 19:02

Très bonne adaptation, un passage absolument hardcord retranscrit comme il le faut. Réalisateur à suivre.
Par contre, auriez-vous besoin des services d'un éditeur ? :)
"Alors que la fièvre Stephen King s’abat jamais comme sur le cinéma et les séries, Netflix n’échappe à ses velléités d’adaptations"

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