L'Autre côté de l'espoir : Critique optimiste
Après Les Lumières du Faubourg et Le Havre, Aki Kaurismäki creuse sa veine du cinéma des marginaux. L’autre côté de l’espoir, qui illustre la rencontre salutaire entre un vieux loup solitaire et un jeune réfugié, est une nouvelle démonstration de l’humanisme caustique du réalisateur finlandais.
ESPÈCES HORS DE LEUR HABITAT NATUREL
Helsinki, de nos jours. Wikhström, la cinquantaine, quitte sa femme et décide de reprendre un restaurant. Khaled, lui, est un réfugié syrien de 25 ans, cherchant à obtenir l’asile dans la capitale finlandaise. Les deux hommes se rencontrent, le premier prenant le second sous son aile.
Le synopsis est maigre, car finalement, ce n’est pas tant l’intrigue en tant que telle qui intéresse Kaurismäki, que les personnages qui lui donnent corps. Tel un entomologiste, il étudie les réactions et interactions d’espèces jetées hors de leur habitat naturel : Wikhström, découvrant le fonctionnement d’un restaurant qui ne marche pas très bien, et Khaled, confronté à la grande machine administrative qui va décider de son sort.
Le film n’a pas tant pour sujet l’exil, ou l’intégration, que l’entraide et la solidarité des êtres ; il ne se concentre pas sur les problèmes, mais au contraire propose les solutions. Une approche rafraichissante, presque anachronique, pour traiter d’une problématique très actuelle et fortement anxiogène.
HUMANISME POSITIF
Comme toujours chez Kaurismäki, le cinéma est un prétexte pour parler de l’humain. Le spectateur ne se formalisera donc pas de ce que les trajectoires de nos deux protagonistes se croisent de manière un peu artificielle ; la crédibilité des situations n’important pas tant que ce qu’elles permettent de révéler des personnages.
Ce qui frappe dans L’autre côté de l’espoir, c’est à quel point les personnages sont foncièrement bons – skinheads mis à part- dans un univers qui pourtant ne prêtait pas nécessairement à l’optimisme, des centres d’hébergement aux postes de police.
ENTRE HUMOUR ET SILENCES
Les doutes, les espoirs, les rêves se dessinent par petites touches. Pas de grandes déclarations chez Kaurismäki, mais des regards vaguement embués, des sourires légers qui trahissent l’état émotionnel de personnages peu expressifs. La musique, pleinement intégrée au film, pallie efficacement les silences et indique mieux que les mots les ressentis des protagonistes.
L’économie dans le dialogue contraste avec le surréalisme comique de certaines situations. Quelques scènes sont franchement hilarantes, comme lorsque Wikhström et son cuisinier tentent de fabriquer des sushis avec de vieux harengs et des kilos de wasabi.
Les amoureux de Kaurismäki retrouveront son sens très singulier de la mise en scène, et son humour à la Tati, entre poésie de l’absurde et franche cocasserie. Les autres le découvriront à travers ce joli film en forme d’ode à l’espoir qui, à défaut d’être révolutionnaire, est franchement aimable.
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