Un beau soleil intérieur : critique orageuse

Simon Riaux | 22 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 22 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

De Beau travail en passant par Les Salauds, sans oublier le météorique Trouble Every Day, Claire Denis a composé une filmographie aussi stimulante que radicalement imprévisible. Par conséquent la voire revenir avec Un Beau Soleil Intérieur, où la chronique douce-amère des errements amoureux d’une quinquagénaire solaire était aussi excitant qu’intrigant.

EFFETS SPÉCIEUX

C’était oublier que le film qui nous intéresse est co-écrit avec Christine Angot, phénomène littéraire et cataclysme artistique, dont la langue irrigue chaque photogramme du film. Il faudra donc supporter des dialogues d’une rare indigence, oscillant continuellement entre verbiage désossé et prose sur-écrite, aux effets de style sur-signifiants. Non contente d’ôter tout naturel aux enfilades de clichés qui constituent les rencontres égrainées par le récit, l’écriture souligne le cloaque égotique et bourgeois dans lequel s’enferrent le récit.

On ne saurait dire si la caméra de Claire Denis est anesthésiée par cette collection de stéréotypes de classes (grand banquier goujat, acteur fragile, provincial taiseux, galeriste mondain…) ou si l’étirement ridicule de la plupart des dialogues assèche son sens habituellement si aiguisé et libre de la dramaturgie. En l’état, le festival de contrechamps, plans moyens et fixes, baignant dans un numérique baveux aura tôt fait de faire rendre gorge au cinéphile à l’œil un peu curieux.

 

Photo

 

LA REINE BINOCHE

Heureusement, Juliette Binoche est là. La palette de jeu que déploie l’artiste parvient régulièrement à éclipser la fadeur du dispositif déployé autour d’elle. Capable de dégager avec une puissance ahurissante quantité d’émotions à priori contradictoires en une poignée de secondes, elle va jusqu’à nuancer un personnage dont on ne sait trop s’il peine à se remettre d’une lobotomie ratée ou d’une absolue quête de la médiocrité. Sa capacité à incarner l’humour d’Angot (curieusement une des rares qualités de l’auteure à être souvent ignorée par la critique), le temps de rupture de ton jubilatoire emporte souvent le morceau.

 

Photo Juliette Binoche

 

Enfin, le film sauve presque les meubles le temps d’une ultime séquence, confrontation impromptue entre Gérard Depardieu  et Juliette Binoche, qui cristallise et sublime tout ce que le récit a tenté (et raté) précédemment. Touchante, drôle, véritable sismogramme émotionnel autant que film dans le film, cet ultime quart d’heure permet à l’ensemble de nous abandonner sur une note indiscutablement positive, à défaut de satisfaire. On n’en n’attend pas moins High Life, où Claire Denis emmènera Robert Pattinson (et Binoche) dans l’espace, avec une immense impatience.

 

Photo Gérard Depardieu

 

 

Résumé

Verbeux, bourgeois, sclérosé, ce Beau soleil intérieur a des airs de vilain crachin, tout juste éclairci par une phénoménale Juliette Binoche et un épilogue saisissant.

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Lecteurs

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commentaires
Petat
01/11/2017 à 09:34

Film d une médiocrité affligeant. pas de scénario, dialogue débiles, gros plans avec têtes coupés, acteurs livrés à eux même enfin un film inutile et très mauvais sur tous les plans

mesangelique
15/10/2017 à 16:48

Juliette Binoche est sublime, magnifiquement filmée comme elle ne l’a sans doute jamais été. Mais c’est bien là, malheureusement, le seul atout du film. Les dialogues de Christine Angot n’y changeront rien. Le film reste superficiel, il n’y a pas de fond, il n’y a que la beauté des images.

Pp
25/09/2017 à 20:29

J irais jamais voir un film
De cette hystérique d angot

Dirty Harry
24/09/2017 à 20:01

l'affiche ressemble à une vague publicité pour les tampons !

21212
22/09/2017 à 17:39

scélorsé ?

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