Mudbound : critique noire et blanche

Alexandre Janowiak | 27 décembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 27 décembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Présenté lors du dernier Festival de Sundance aux côtés de Call Me by Your Name, Mudbound a été une des grandes sensations de l'évènement. Auréloé de deux nominations au prochain Golden Globes, le film de Dee Rees pourrait bien offrir à Netflix ses premières citations aux Oscars en janvier prochain.

VOICES OVER

Basé sur le bestseller éponyme d'Hillary Jordan, Mudbound raconte l'histoire de deux familles de fermiers, l'une blanche et l'une noire, dans la campagne du Mississippi et se déroule pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Leurs vies sont assez proches, elles connaissent chacune des périodes difficiles pour leurs terres, vivent dans des conditions similaires et envoient chacune un fils à la guerre, pourtant tout semble les opposer.

A travers le regard de chacun de ses personnages, narrateur tour à tour du film, Mudbound va nous confronter à la ségrégation de l'époque mais aussi montrer à quel point les deux familles, bien qu'elles soient de couleurs différentes et séparées par les lois de l'époque, sont interdépendantes.

 

Photo Mary J. Blige, Carey MulliganMary J. Blige et Carey Mulligan

 

La réalisatrice Dee Rees n'en est pas à son premier coup d'essai avec Mudbound. Après un premier film suivant les tribulations d'une adolescente lesbienne afro-américaine (Pariah) apprécié par la critique, elle s'est surtout fait connaître pour son téléfilm sur la chanteuse de blues Bessie Smith salué par la profession lors des Emmy Awards de 2015.

 

Photo Jason Mitchell, Garrett Hedlund, Dee ReesDee Rees (debout) sur le tournage de Mudbound avec Jason Mitchell et Garrett Hedlund

 

MISSISSIPPI FIGHTING

Avec son deuxième long-métrage, la cinéaste américaine fait preuve d'une grande ambition narrative avec l'adaptation d'un roman aux multiples personnages. Sur certains points, elle sait très bien la gérer.

Tout au long de son récit, Dee Rees réussit à tirer le meilleur de ses acteurs. De la douce Carey Mulligan à l'inquiète et soignée Mary J. Blige, aux deux patriarches que tout éloignent Jason Clarke et Rob Morgan, en passant surtout par le duo Jason Mitchell et Garrett Hedlund, les performances de l'ensemble de son casting sont la plus grande force de son film.

 

Photo Garrett HedlundJason Mitchell et Garrett Hedlund sublime duo

 

C'est d'ailleurs sans doute, en partie grâce à eux, que Mudbound arrive à rester sur ses pieds. Le récit, qui change de narrateur et donc de point de vue en fonction des situations, aurait mérité d'être plus resserrer. La narration du long-métrage, si elle reste tout de même plutôt maîtrisée, s'avère un peu trop ambitieuse et se disperse sans doute un peu trop durant la première partie du long-métrage. Il faut attendre une bonne heure de long-métrage pour gagner une vraie dynamique et comprendre finalement que Mudbound se concentre avant tout sur la future amitié des deux anciens soldats.

Ce choix un peu trop tardif, s'il relance le film, laisse surtout sur le bord de la route de nombreux personnages omniprésents dans la première partie, comme si leur prétendue importance s'était subitement volatilisée et n'avait jamais existée.

 

PhotoUne superbe photographie ou une sublime peinture ? Sans doute les deux !

 

Mudbound rattrape cependant bien des maux de sa construction imparfaite grâce à quelques éléments. Sa peinture des Etats-Unis d'après-guerre rappelle brillamment à quel point les questions raciales et les différences de traitements entre noirs et blancs sont toujours d'actualité dans l'Amérique Trumpienne. Un tableau sublimé par une mise en scène soignée de Dee Rees et surtout la photographie magnifique de Rachel Morrison dont la lumière éclatante ou la profonde noirceur impressionnent à chaque instant.

 

Affiche

Résumé

Mudbound fait preuve d'une ambition narrative impressionnante mais pas toujours maitrisée. Le film peut heureusement compter sur son admirable casting et une sublime photographie pour cacher ses nombreuses stries.

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Lecteurs

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commentaires
Sergio
30/12/2020 à 23:32

Très bonne critique, même si la première partie ne m’a absolument pas gêné, au contraire. Elle étoffe les personnages et le background, pour ensuite se resserrer sur nos deux protagonistes principaux. J’ai vraiment bcp aimé cette narration original . Très très bon film pour ma part ! Et quel casting ! Je recommande.

Bibop
29/12/2017 à 00:43

Super critique

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