Equalizer 2 : critique égalisée

Christophe Foltzer | 14 novembre 2021
Christophe Foltzer | 14 novembre 2021

Equalizer 2, ce soir à 21h05 sur TFX.

Sorti en 2014, le premier Equalizer était au final une bonne surprise malgré d'énormes défauts de rythme et de construction. Il avait pour lui le charisme énorme de Denzel Washington en héros rédempteur et un Antoine Fuqua qui n'hésitait pas à utiliser des ruptures de ton bien violentes. De quoi dresser un boulevard à un Equalizer 2 au moins aussi efficace ?

CETTE FOIS, C'EST PERSONNEL

Equalizer, qu'il s'agisse de la série originale ou des films qui en sont inspirés, a ceci d'intéressant qu'il nous met face à un antihéros extrêmement riche en termes de backstory et de mystère. En effet, nous n'apprenons de Robert McCall que ce qu'il veut bien nous en dire et c'est grâce à ce petit stratagème que le premier film d'Antoine Fuqua ramassait la mise. Voir ce monsieur âgé et fatigué, bourré de tocs et bossant au Castorama du coin, dézinguer un commando surentrainé entier à lui tout seul avait de quoi surprendre.

Et c'est pour ça qu'on aimait le film, parce que Denzel Washington était merveilleux dans le rôle. Parce que le film se permettait quelques moments esthétisants qui rajoutaient à la mélancolie de son héros, parce que la musique d'Harry Gregson-Williams était cool et que le film nous assénait quelques moments ultra-violents filmés sèchement et à la perfection.

 

photo, Pedro Pascal, Denzel WashingtonDenzel Washington et Pedro Pascal, frères de sang

 

Equalizer 2, c'est un peu la même chose, mais en nettement moins bien. Pourtant, l'équipe avait tous les atouts en main pour corriger les nombreux défauts du premier film (notamment son rythme loooooooong, si looooong). D'autant plus que cette fois, Robert McCall ne plaisante pas puisqu'on lui a buté sa pote Susan (Melissa Leo) alors qu'elle enquêtait sur la mort d'un agent dormant de la CIA à Bruxelles et, qu'apparemment, les coupables sont en train de faire le ménage.

Tout était donc réuni pour que le héros se confronte à son passé le plus trouble et que, à la différence du premier film, où il sauvait les autres, il se sauve à présent lui-même.

 

Photo Equalizer 2Une scène brève, intense, efficace comme on les aime. C'est déjà ça.

 

TOC TOC BADABOUM

Ah, c'est qu'elle nous faisait rêver l'affiche d'Equalizer 2 avec ses airs de DTV de Steven Seagal sorti en douce en plein mois d'août. Denzel Washington avec deux flingues en main, une grosse explosion derrière lui, en pleine place royale de Bruxelles et des soldats qui courent. Profitez-en bien, ça n'arrive jamais dans le film.

Non, Antoine Fuqua a probablement décidé qu'il n'avait pas envie de faire un film d'action, qu'il ne veut pas faire ce nouveau Taken attendu et désiré par pas mal de monde. À la place, nous avons droit à un film terriblement long (alors qu'ironiquement il est plus court que le premier) qui, passée sa première séquence musclée qui rappelle les meilleurs moments du premier épisode, ne décollera quasiment plus jamais.

 

photo, Denzel WashingtonDenzel Washington se demande bien ce qu'il fait là. Et nous aussi.

 

Alors certes, l'aventure nous réserve quelques moments d'action secs et violents, Robert McCall est toujours aussi impressionnant par sa simple présence et quelques dialogues bien sentis et son dernier acte nous propose un cadre assez surprenant, beau et original (même si au final, la scène demeure bien molle, ce qui est fort dommage vu la promesse).

Mais le film refuse toujours de s'assumer en ce qu'il devrait être, un actioner. Pire, il ne soucie pas de son intrigue principale (qui n'a d'ailleurs aucun sens) et préfère s'intéresser à ses histoires secondaires qui auraient mérité chacune un film entier. Entre un vieux qui recherche sa soeur et un petit jeune aux prises avec un gang de Boston, Equalizer 2  se perd dans ses détours si bien que, lorsque son intrigue principale démarre enfin, on n'en a plus rien à faire.

 

Photo Equalizer 2Cette fois, c'est personnel...

 

Les rares scènes d'action ne nous sauveront pas de l'ennui. Antoine Fuqua semble s'en désintéresser totalement à l'image de la scène finale (sans spoiler) qui aurait pu être un grand moment de cinéma d'action, mais retombe à plat aussi sec. Mal découpée, mal rythmée, elle est un énorme gâchis, à l'image du film entier.

Pilier du film, Denzel Washington fait le strict minimum pour nous faire croire que son personnage vit une évolution psychologique. Ce postulat un peu factice est alimenté par de longues plages de dialogues moralisateurs qui énervent au plus haut point et abiment l'image charismatique du héros.

 

AfficheMensonge !

Résumé

Equalizer 2 est un énorme rendez-vous manqué. Cette accumulation de choix de narration illogiques témoigne qu'Antoine Fuqua et Denzel Washington nous ont livré un film par obligation. Dommage, le concept avait tout de la belle formule de l'actioner bourrin et sensible en même temps.

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Lecteurs

(3.9)

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commentaires
Omegaton
15/11/2021 à 19:50

le premier on passe un bon moment, le second il nous donne envie de revoir le premier et d'enchainer avec john wick

Ta mère
24/04/2021 à 06:11

Mdr c une bombe ce film!!! à voir le 1 et 2!!! Ac vos note de premier de la classe intellectuelle vous faites bien rigoler regardez Alice aux pays des merveilles...écran large 2/5???Ta pas du prendre la fessée étant enfants ...je regarde même plus une de vos critique de bobo parisiens la bise mdr

Miami81
17/02/2021 à 23:05

100% d accord avec la critique. Je m y retrouve totalement. Un beau gâchis pour une franchise qui méritait bcp mieux.

Hocine
12/05/2020 à 15:19

Les deux films restent des films d'action qui se regardent.
Evidemment, la présence de Denzel Washington justifie à elle seule, l'intérêt qu'on leur porte.
Dans toute franchise, il y a des films de trop.
Celle-ci semble revisiter les thrillers urbains des années 70 avec un personnage principal solitaire, ambigu et plus complexe qu'il n'en a l'air.
Les Jack Reacher avec Tom Cruise sont dans cette veine-là.
Le premier Equalizer était sympa. Le deuxième tourne un peu en rond.
Tout semble avoir été dit dans le premier film, comme dans beaucoup de franchises.
C'est le succès commercial du premier film qui entraîne inévitablement des suites souvent dispensables.
Equalizer est plus ou moins un vigilante movie.
L'un des modèles du genre reste Un Justicier dans la Ville de Michael Winner, avec Charles Bronson. Le premier film est vraiment intéressant et a bien capté le climat anxiogène des grandes villes américaines des années 70.

Marcojnof-0777
11/05/2020 à 15:14

Le premier est un chef d'oeuvre bien orchestré avec un grand Denzel. Le deuxieme est moins bon c'est sur, il est temps d'en faire un troisième digne du premier car les bons films d'action crédibles ne sont pas légions.

manour
10/05/2020 à 17:44

j ai aimé les deux après c est complètement subjectif j adore Denzel Washington

Dans Zel Hash chewing-gum
10/05/2020 à 17:19

Un seul défaut à ce film : ses détracteurs.

Pat Rick
10/05/2020 à 08:45

Le 1er était déjà juste correct cette suite est moyenne, à part 1 ou 2 films Fuqua n'est pas un grand réalisateur.

greg67
09/05/2020 à 11:40

Moi j'ai gardé un bon souvenir du 2. Je n'ai pas eu de problème d'ennui au contraire.

LCR
09/05/2020 à 05:53

J'ai bien aimé le 1er, son ambiance en particulier, surtout dans les dernières minutes du climax, excellent. Mais le 2ème, c'est différent. Ça se voit que c'est moins bon, moins dynamique. Même Denzel n'a pas sauvé le film.

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