Future World : critique Panade Max

Lino Cassinat | 11 janvier 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Lino Cassinat | 11 janvier 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Il est des films comme cela, qui font reconsidérer la notion d'échec. Quelle est la différence au fond entre un magnifique saut à ski et un terrible vol plané face contre terre ? À bien y regarder, la trajectoire cosmique n'en est pas moins épique, la suspension dans le vide pas moins impressionnante, l'attente de la réception pas moins fascinante et insoutenable. La différence, c'est qu'à la fin de sa flamboyante trajectoire elliptique dans notre si belle voûte céleste, le stellaire voltigeur atterrit comme un séraphin avec luxe, calme et volupté, tandis que l'étoile marron s'écrase avec perte et fracas sur un fond de cuvette sale. La différence, c'est que devant Mad Max : Fury Road, on écarquille les yeux, on ouvre grand les esgourdes, on boit le nectar divin. Devant Future Worldde et avec James Franco, on imite trois fameux et sages petits singes.

BORDEL LAND

Dans un futur post-apo désert motard vroum vroum Mad Max / Borderlands / Fallout / toi même tu sais les références, un jeune homme nommé le Prince (rien à voir avec celui de Perse) doit trouver un médicament pour la Reine, sa maman malade Lucy Liu, cheffe d'une Oasis idyllique décorée comme une colonie de vacances new-age sans mur. Mais ça on s'en tape, d'ailleurs, le protagoniste n'est même pas sur l'affiche du film, alors que James Franco y est deux fois.

 

photo, Lucy LiuVous à la fin du film

 

Pendant ce temps d'ailleurs, James Franco, enfin le Warlord aux dents jaunes éructant "bitch" à chaque fois qu'il a un chatouillement dans les gonades (quasi tout le temps donc) et chef de la colo Sports Mécaniques Grands, réveille une gynoïde à poil, technologie rare et précieuse pour en faire son esclave sexuelle / machine à tuer / caution métaphysique du film.

Nommée Ash, elle semble avoir la lourde tâche d'être le vecteur émotionnel principal du film, puisque tout le monde veut grassement mettre une cartouche à la pauvresse. Mais, difficile d'accéder à l'intériorité (ho ho ho) de ce personnage vu et revu de robot sensitif, le cadreur de Future World confondant systématiquement le visage et le fessier de la pauvre Suki Waterhouse, ce qui ne doit pas être facile tous les jours dans le métier, à moins de bosser dans le porno. Ou peut-être est-ce là juste la délicate vision du monde selon James Franco.

Sinon y'a aussi Milla Jovovich en Druglord folle de la seringue, perpétuellement en montée (ou descente, on sait plus trop) de PCP, Method Man en figurant de luxe tatoué et Snoop Dogg en mac à bimbos du désert. Enfin, Snoop Dogg quoi. On note que la présence de rappeurs dans les films sert toujours de fiable indicateur de nanars.

 

photo, Milla JovovichOuuuuuuh la courte focale ki ren fouuuuuuuu

 

MAD JAMES : PURIN ROAD

Quel que soit le boule bout par lequel on prend Future World, il n'y a rien à sauver de ce soft porn déguisé en naveton (ou l'inverse) réhabilitant instantanément Cyborg, ou Hitman le Cobra. Aussi fin et habile qu'un obèse lancé à pleine balle dans une course de haies, Future World se prend toutes les quilles possibles et imaginables, et livre un étonnant contre Faster, Pussycat ! Kill ! Kill !.

N'y allons pas par quatre chemins, James Franco est ici complètement perdu dans un égotrip total, un de ces fameux caprices qui ont propulsé dans la stratosphère du 7e art de fameux et fumants étrons comme Le Jour et la nuit ou The Disaster Artist, pardon, The Room. La particularité ici, c'est que James Franco étale une beaufitude si crasse qu'il se place dans l'héritage direct d'un Uwe Boll, à tel point qu'on se demande s'il ne cherche pas justement à provoquer l'embarras, la honte, ou plus simplement le bon vieux facepalm, sec et claquant comme la rencontre fortuite entre une raquette de ping pong et un moelleux arrière-train.

 

photo"ALLÔ ? JE VEUX VOIR TON CUL BORDEL !"

 

L'artiste (puisqu'il paraît que c'en est un) et son équipe ne prennent même pas la peine de camoufler convenablement ce qui ressemble fortement à un prétexte pour filmer le châssis de Suki Waterhouse sous tous les angles.

En témoignent les deux-trois bâtisses aux allures de squat de Montreuil qui servent misérablement de décors, la demi douzaine de figurants qui se battent en duel, la course poursuite où la caméra se prend littéralement le postérieur de l'actrice, ou encore une très gênante scène de réparation robotique ponctuée de petits cris équivoques (et qui finira évidemment en copulation lesbienne). Au doigt mouillé (ho ho ho), on estime l'âge mental de l'imaginaire de James Franco entre Contrôle parental et BloodRayne.

 

photo"JAMAIS, TU M'ENTENDS ?"

 

TROLL OUT

Evidemment, comble de l'indécence, le tout est emballé avec un mauvais goût (ou un amateurisme ?) technique total, qui ferait passer Voldemort : Origins of the Heir pour un chef d'oeuvre d'Emmanuel Lubezki. Future World a le cachet d'un triste jeu vidéo FMV pendant ses dialogues et d'un gros film youtube pendant ses phases d'action. Le point se fait régulièrement la malle, et le découpage est régulièrement parasité par des zooms aussi nombreux que hideux.

À ce stade, on imagine sans peine la surprise du chef op découvrant que son premier assistant s'est barré au Mexique après le premier jour de tournage et a été remplacé par un des trois petits singes susnommés, ou par le premier stoner défoncé à la weed cherchant un joujou. Ah tiens, il s'appelle James ?

 

Photo

Résumé

Ni un bon nanard, ni même le début d'un bon boulard, Future World est juste un projectile brun, mou et collant catapulté directement dans la rétine. Conseil propreté, normalement ça se lave avec des petits coupons de papier roses molletonés, option senteur vanille pour les plus riches.

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Lecteurs

(1.8)

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commentaires
Rorov94
11/01/2019 à 21:17

Pas si dégueu que ça...a mettre avec CHERRY 2000,NEW YORK NE RÉPONDS PLUS,FIST OF THE NORTH STAR,SOLARBABIES,TANK GIRL...

Flash
11/01/2019 à 17:40

Au moins, la critique m'aura fait rire.
Merci à l'auteur de ces lignes.

Lino Cassinat
11/01/2019 à 17:14

@Tonto

Comme l'a dit Roukesh, le film est juste consternant. C'est vraiment juste nul et chiant. Après ça vous regarde, mais sincèrement vous avez probablement plus excitant à faire de votre journée/soirée (comme trier vos chaussettes par exemple comme dirait l'autre), et si c'est vraiment la fascination du pire qui vous guide, vous risquez d'être cruellement déçu.

Roukesh
11/01/2019 à 16:05

C'est vraiment consternant. Je savais que c'était mauvais, mais je me disais que ça pouvais être drôle. Au final, ça n'arrive même pas à être drôle.
Si vous voulez vous marrer entre potes, il y a beaucoup mieux.

Bubble Ghost
11/01/2019 à 14:38

Alors, c'est vrai que ça ne fait pas si longtemps que ça, que je vient régulièrement sur votre site. Mais bon, quand même, quoi. Un 0.5/5, c'est bien la première fois que je vous vois en lâcher un :D

Tonto
11/01/2019 à 14:00

Tiens, c'est vrai que ça fait longtemps que je m'étais plus autant marré en lisant une critique ! ^^ Du coup, ça a l'air d'être tellement catastrophique que ça donnerait presque envie de le voir...

jorgio69
11/01/2019 à 13:53

Votre critique a donné du baume à une des pires journées que je n'ai pas eu depuis très longtemps. Je ne suis pas trop convaincu pour voir le film mais j'ai adoré votre critique :D

dahomey
11/01/2019 à 13:33

une des critiques les plus drôles depuis lgtps, merci bien !

Snake Plissken
11/01/2019 à 12:30

Hâte de le voir !
Pour une fois que vous êtes plutôt indulgents avec un film :)

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