Death Wish : critique qui tire à blanc

Simon Riaux | 15 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 15 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le Death Wish originel, Un justicier dans la ville de Michael Winner, contribua dans les années 70 à fixer les codes du vigilante movie et à faire de sa star, Charles Bronson, une icône de la série B urbaine et mal élevée. Ce n'est qu'au fil des épisodes que la saga en vint à se fourvoyer pour tutoyer un racisme et une veine réactionnaire caricaturaux, tout en abandonnant son écrin d'angoisses énervées pour aboutir à de grotesques pantalonnades Z. Malheureusement, c'est de cette dernière veine que s'inspire Eli Roth à l'occasion du remake avec Bruce Willis qui nous intéresse.

MISTER PROPRE WITH A VENGEANCE 

Sur le papier, le choix de Bruce Willis dans le rôle du type vraiment très gentil qui dézingue des trillions de délinquants pas forcément suédois, pour venger sa famille que la vilaine justice laxiste ne veut pas venger, semblait risqué. En effet, l'interprète de l'immortel John McClane souffre de somnambulisme chronique depuis bientôt 15 ans, et quasiment personne à ce jour n'est parvenu à le tirer de cet état végétatif pour lui faire décliner plus de deux répliques.

De toute évidence, Eli Roth, réalisateur de HostelCabin Fever ou encore Knock Knock, n'a même pas tenté de ressusciter Willis, de prime abord aussi crédible en chirurgien que le serait Robert Downey Jr. en dauphin, puis carrément démissionnaire dès lors que s'amorce la deuxième partie du récit. A peine capable de hisser ici et là un sourcil, trop paresseux pour se hasarder à jouer quoi que ce soit, l'acteur souligne involontairement l'incroyable pauvreté de la mise en scène et des dispositifs dramatiques. L'amateur de grosses fusillades comme l'habitué du désquamage de figurants n'auront à se mettre sous la dent qu'une poignée de séquences jamais spectaculaires, inventives ou choquantes.

 

Photo Bruce WillisJouer ou ne pas jouer, là n'est plus la question

 

ELI ROTE

Incapable de divertir, Death Wish dévoile par conséquent au grand jour la bêtise de son propos. Non pas que le film soit véritablement réactionnaire, car il ne sidère jamais par l'agressivité ou la portée d'un éventuel propos pro-armes et réac. Non, ce qui s'avère proprement hallucinant, c'est la totale absence de point de vue.

Héros vengeur ? Homme torturé ? Sanglant samaritain aveuglé par la soif de revanche ? Le personnage principal souffre d'une sous-écriture embarrassante en cela qu'elle n'appréhende absolument jamais le monde contemporain.

 

Photo Bruce Willis, Elisabeth ShueQue vient faire Elisabeth Shue là-dedans ?

 

Le remake aurait pu se vouloir comme la réaffirmation du second amendement américain, un uppercut contre la supposée bienpensance d'une partie du monde occidental. Mais il préfère n'être qu'un embarrassant morceau de néant, qui costume son vengeur blanc d'un hoodie censé l'anonymiser, quand il est devenu aux Etats-Unis le terrible symbole d'une jeunesse noire que la police tue. Ou comment inconséquence en vient à rimer avec putrescence. 

Affiche française

Résumé

La seule victime de Bruce Willis est sa carrière, qui en prend encore un coup dans le buffet avec cet embarrassant navet.

Autre avis Mathieu Jaborska
En retournant contre ses modèles leur idéologie nauséabonde, le film de Roth aurait pu briller par son audace. Ce n'est pourtant pas le cas, la faute à un traitement atrocement plat.
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Lecteurs

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commentaires
Pseudo1
16/11/2020 à 09:50

Vu finalement hier (merci la 20 / TF1 Séries-Films qui a annulé au dernier moment Les Miller Famille en Herbe).
Bah punaise, sacré nanar. On a fini par dégainer l'apéro pour survivre tant ce film est grand-guignolesque.
Entre Bruce Willis en docteur-chirurgien (qui a eu l'idée de ce sommet de crédibilité svp ?), le bourgeois rangé qui devient une vraie machine à tuer à sa première sortie entre 2 tutos Youtube, le flingue qui tombe à ses pieds en pleine opération pile quand il en cherche un, le trauma de la mort de la famille aux abonnes absents (limite on s'attend à un "boaf j'en trouverais une autre"), le flic campé pourtant par l'excellent Dean Norris qui ne peut faire illusion avec des dialogues complètement WTF...

Seul bon point : le passage split-screen pour illustrer le parallèle entre la routine du chirurgien et celle du tueur.

Ca aura au moins donné envie de revoir Commando, Judge Dredd et consorts...

Molly
11/05/2018 à 14:50

Bruce reviendrai dans clair de lune

Boddicker
09/05/2018 à 17:25

Le meilleur avec ces remakes tout moisis, c'est que ça donne envie de revoir les originaux et là... Y a pas photos.
Sinon Roth est un cinéaste totalement surévalué...
Cheers bitches!

sylvinception
09/05/2018 à 11:32

@sérieux : Hostel et Cabin Fever, c'est de la merde aussi.
Pas du navet, de la merde. Le navet, tu peux en manger sans que ça te rende malade, la filmo de Roth est totalement périmée.

Mr Vide
09/05/2018 à 08:37

Je n'ai guère mieux ce matin : Eli Pète! Ho ho ho

sérieux
08/05/2018 à 22:45

Sérieux Eli Roth, à part Hostel et Cabin Fever, c'est tout. Tout le reste c'est du navet.

Atef
08/05/2018 à 22:08

On ne pourra plus que fanstasmer sur le remake que voulait faire Sylvester Stallone dix ans plus tôt...

Mr Vide
08/05/2018 à 19:38

Vous êtes durs! Sur l'affiche je trouve qu'il a une belle main gauche.

Kolby
08/05/2018 à 19:14

Éli Roth l'a voulu le faire horreur, mais la tête d'affiche est une star incontesté qui ne point se venger dans l'ombre. Alors ça donne se résultat. Pas encore vu mais je le ferais pour me faire une idée

Flash
08/05/2018 à 18:34

Le sommet c'est quand même un justicier dans la ville 2.
Gang bang et dézinguage à tout va.
D'ailleurs de nos jours, je ne suis pas sur qu'un film pareil verrait le jour.

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