The Predator : critique traquée

Christophe Foltzer | 15 mars 2023 - MAJ : 16/03/2023 11:07
Christophe Foltzer | 15 mars 2023 - MAJ : 16/03/2023 11:07

L'arrivée de Shane Black sur un nouvel opus de la saga Predator avait été accueillie de manière contrastée par les fans de la franchise initiée par John McTiernan en 1987 : choix parfait pour certains, gros miscast pour d'autres, il ne laissait personne indifférent. Quand, ensuite, le film a subi de grosses modifications, on a commencé à flipper. Et au final, on l'a vu, ce Predator. Enfin, on a vu un Predator, ça vous donne déjà une idée de l'ambiance...

BLACK ET DEKKER

L'idée de confier l'avenir de la franchise Predator, après quelques mauvais traitements (notamment les Alien vs. Predator), aux bons soins de Shane Black (scénariste de L'Arme fatale, réalisateur de Kiss Kiss, Bang BangIron Man 3 et The Nice Guys) était pour nous une excellente idée et partait d'une très bonne intention. Après tout, il jouait dans le film original, son sens du dialogue et sa construction de personnages n'étaient plus à prouver et il s'était montré capable de gérer un blockbuster (quoi qu'on en pense, Iron Man 3 se tenait. Après, qu'on ne l'aime pas, c'est une autre histoire).

D'autant plus qu'il avait ramené dès le départ son pote Fred Dekker dans l'histoire. Réalisateur de The Monster Squad et RoboCop 3, porté disparu depuis de nombreuses années, sa présence au scénario laissait subodorer un doux parfum 80s badass et décomplexé, soit exactement ce dont avait besoin le Predator pour faire son grand retour.

 

photo The PredatorLe Predator qu'on aime

 

Nous nous retrouvons donc en 2018, dans une continuité qui prend en compte Predator et Predator 2. Un vaisseau se crashe sur Terre, non loin du sniper Quin McKenna (Boyd Holbrook) qui, après un petit combat, subtilise le masque et le brassard de la créature. Son fils, Rory McKenna (Jacob Tremblay), reçoit le colis par un coup du sort et se met à bidouiller les trucs et les machins.

De son côté, la biologiste Casey Brackett (Olivia Munn) est recrutée par l'énigmatique Treager (Sterling K. Brown) pour étudier le spécimen de Predator que le gouvernement a fait prisonnier. Mis aux arrêts, McKenna se retrouve dans un bus avec plusieurs soldats souffrant de syndrôme post-traumatique. Et puis, il y a un autre vaisseau Predator qui arrive dans notre atmosphère avec à son bord une nouvelle créature, bien plus puissante que celle que nous connaissons.

 

photo The PredatorOui oh, tu ne fais peur à personne tu sais hein...

 

PAS UNE GUEULE DE PORTE-BONHEUR

À la lecture de ce petit résumé qui ne spoile rien de ce qui a déjà été montré dans les multiples bandes-annonces, on se dit qu'il y a quand même beaucoup de choses à raconter pour une saga qui réduit généralement son scénario à une traque sanglante. Et il y a en a clairement trop puisque le film, malgré un premier acte efficace et intriguant, ne cache pas sa volonté de condenser plusieurs arcs (qui mériteraient un long-métrage à chaque fois) dans un récit qui n'est pas suffisamment solide pour supporter un tel patchwork.

Ainsi, malheureusement, rien ne tient vraiment sur la longueur, le film s'éparpille en différentes pistes sans prendre le temps de les traiter, passe d'une histoire à l'autre sans vraiment de logique, bouffe à tous les râteliers en rajoutant un petit discours politique et faussement humaniste extrêmement maladroit, et bousille totalement l'aura du Predator au passage.

 

photoLA scène de tension du film

 

Le Predator justement, parlons-en. Ou plutôt les Predators, comme les bandes-annonces l'ont malheureusement montré assez rapidement. En effet, il n'y a pas qu'une créature et notre rasta d'amour doit aussi composer avec un Super Predator. On ne dévoilera pas les tenants et aboutissants pour vous garder la surprise, même si on ne résiste pas à l'envie de vous dire qu'elle est sacrément corsée et qu'elle risque de faire grincer pas mal de dents.

Aujourd'hui, tout le monde connait le Predator, son look, son mode opératoire, son camouflage, ses armes. Il ne fait plus vraiment peur. Pourtant cela n'est pas une excuse pour annihiler dès le départ tout son charisme, toute sa prestance et sa dangerosité. C'est malheureusement bien ce qui se passe dès les premières minutes du film.

Plus aucun mystère, plus aucune aura : le Predator est devenu un personnage bourrin comme un autre, peu aidé il est vrai par une mise en scène qui ne lui rend pas vraiment service tant elle refuse à lui redonner son statut mythologique.

 

photo The PredatorCoucou, je suis le Predator

 

En filmant la créature comme n'importe quel autre gars du récit, Shane Black arrive à faire encore pire qu'Aliens vs. Predator : Requiem. À la limite, ce n'est pas trop grave si le Super Predator prend le relai. Or, ce n'est évidemment pas le cas, puisque ce dernier est lui aussi présenté comme un gros bourrin pas vraiment flippant, aux enjeux contradictoires, sans réel charisme et handicapé par un traitement en images de synthèse qui jure clairement avec le costume physique du premier Predator.

On se retrouve donc avec une succession de scènes d'action sans réelle tension, sans grand impact, sans suspense aucun. On a davantage l'impression de se retrouver face à un Transformers un peu plus violent que d'habitude.

 

photoAu moins, il y a de l'action

 

GET TO THE CHOPPER

La grande force des films de Shane Black, ce n'est jamais leur histoire (puisqu'il fait quasiment toujours, et très bien, la même chose) mais ses personnages. Et avec son peloton de soldats traumatisés, on en attendait beaucoup.

Au final, ils fonctionnent très bien entre eux, ils sont touchants, intéressants, drôles aussi à certains moments (la qualité des dialogues de Black n'est plus à prouver et les références aux punchlines mythiques de la saga sont habilement exécutées). Cependant, ils n'ont pas l'occasion de vraiment exister, noyés sous tout un tas d'enjeux qui ne les concernent pas. Du coup, on passe totalement à côté de l'idée de départ originelle : une bande de vétérans marqués par la guerre devant combattre une créature surpuissante, métaphore du soldat qu'ils auraient dû être.

 

photoLa meilleure scène du film (sérieusement)

 

Dans le même genre d'idée, le personnage d'Olivia Munn ne sert strictement à rien et stigmatise la volonté actuelle des studios de nous offrir des femmes fortes au cinéma en dépit du bon sens. Si nous sommes plus que d'accord avec l'idée de fond, ici cela ne fonctionne pas du tout. On ne peut pas croire un seul instant à cette biologiste sur-diplômée qui, en un éclair, se transforme en guerrière badass capable de tenir tête à un Predator. C'est énervant et cela représente bien la contradiction du film dans sa globalité.

Parce que, et c'est peut-être le plus triste dans toute cette affaire, il y avait tout ce qu'il faut pour faire un grand Predator. À de rares moments, le film trouve son rythme, nous offre des séquences ultra-efficaces, de très bonnes idées, des pistes intéressantes même, mais rien n'est jamais vraiment exploité comme il le faudrait.

On sait que le film a connu divers problèmes dans sa post-production : disparition de deux personnages, multiples reshoots, troisième acte qui a changé. Et tout ceci se voit à l'écran dès les premières minutes. Le film semble se battre contre lui-même pendant toute sa durée pour mériter d'exister, s'éparpillant aux quatre vents pour se trouver des alliés et ne finissant logiquement nulle part.

 

photo, Jacob TremblayUn enfant plus important qu'il n'y parait

 

La dernière partie du récit en est d'ailleurs symptômatique : on est perdu dans ce gros bordel bourrin. A ce moment, Shane Black ne semble même plus aux commandes du film, l'action est fouillie, l'image illisible et le sort de certains personnages passe totalement inaperçu. Il est impardonnable de se demander après coup ce qui est arrivé à tel personnage, pourtant crucial, avant de se rappeler que c'est probablement lui qui s'est fait bousiller dans un plan épileptique.

Quant à la conclusion du récit, sans rien révéler, elle est tellement abusée qu'elle va faire hurler les fans. Elle est la preuve qu'au final ce The Predator a le cul entre plusieurs chaises, que Shane Black ai peut-être fait son film le plus cynique ou qu'il s'est fait déposséder du métrage en cours de route. Une chose est sûre : cela prouve que la Fox avait avant tout envie de relancer une franchise grand public plutôt que de payer son tribut à l'un des plus grands monstres du cinéma contemporain. En l'état, ce Predator est une fumisterie, une perte de temps totale, une insulte gigantesque à la saga comme à ses fans.

 

Affiche française

Résumé

Imbécile, schizophrène et révoltant, The Predator n'est pas un film, mais un gros doigt adressé à son public. Et c'est d'autant plus dommage qu'il contient de très bonnes idées et des pistes passionnantes pour une évolution qu'on ne veut surtout pas voir dans ces conditions. Une honte.

Autre avis Geoffrey Crété
The Predator est un énième film malade, incapable de cacher qu'il a été rafistolé de tous les côtés. Mais l'envie originelle d'un spectacle régressif et décalé est là, et donne une énergie parfois étonnante et irrésistible à ce bordel.
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Lecteurs

(2.2)

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commentaires
S.V.K 2
15/03/2023 à 23:27

Moi j'avais bien kiffé surtout Boyd halbrook. Et je vais le regarder, de nouveau, juste pour lui.

Mxrdna
26/08/2022 à 23:50

À chaud, juste après l’avoir regardé une seconde fois, je pense comprendre ce qui nous déplait en tant que fans du film originel.
Les deux premiers films (et même alien vs predator) nous raconte une histoire que l’on ne retrouve pas dans celui-ci, un duel au sommet dans une intrigue et un contexte de guerre.
L’homme face à une peur qui devient rationnelle, qui s’insinue et se pose tranquillement dans le film.
Dans celui-ci tout va trop vite, il y a trop de personnages, trop de prédators et pas vraiment d’intrigue ni de contexte.
Mais, sans débrancher son cerveau, je trouve que le film ne s’en sort pas si mal, ça n’est juste pas un film Predator, il y a de l’action, des punch Line (sauf celles copiez collez des autres films), un bon rythme et les effets visuel sont pas mal.
Bref, au deuxieme visionage, en sachant que je ne regarde qu’un film d’action pur et simple, je l’apréci beaucoup plus.
Mais on ne va pas se mentir, on ne ressentira plus ce que l’on a ressentie en visionnant le premier film, en visionnant le premier alien ou le premier dent de la mer ou Jurassic Park.
Ces films où l’intrigue est forte, ou l’on ressent le poid de la bête sans la voir.
Il faut se dire que ‘l’on a eu de la chance de vivre ces films…..

Marc
31/03/2022 à 19:24

J'attends la bande annonce de PREY qui raconte la première venue du Predator en 1700 environ , une comanche NARU pour devenir une grande guerriére doit affronter le PREDATOR. Sa promet du grand n'importe quoi mais si le réalisateur réussi à nous faire croire à cette histoire je veux encore croire a l'impossible faire un bon film respectueux du spectateurs et on sort du film en ayant pris une claque .

eric2
29/03/2022 à 07:49

L un dess pire film que jai vu de ma vie... Du génie !

Miami81
28/04/2021 à 23:18

Vu la réputation que traîne le film. J ai m y du temps à oser le regarder. Au final, ce n est pas la catastrophe annoncée. Franchement, la réalisation est nerveuse et réussie, les effets spéciaux sont réussis et la bande son façon die hard est jubilatoire.
La fin de votre critique m'a semble un peu énervée, mais pour le reste je me retrouve quand même dans votre article : j ai dû faire parfois de l image par image pour savoir qui.mourrait et de quoi, les prédator méritaient peut être des plans plus respectueux,certains personnages méritaient un meilleur développement et on sens que les scénaristes ont eu du mal â les éliminer quant à l héroïne qui devient badass, ça gâche le truc à l instar de Gemini Man
Mais finalement, le plus mauvais reste l épilogue à suite qui fleure bon le Z

kitzbühel
22/01/2021 à 12:31

Mon avis en une phrase :
Les FANS de PREDATOR ont envie d'un PREDATOR au premier plan, pas d'une bande de bouffons vétérans dont on n'a que faire. Notre héro, c'est PREDATOR ! Il ne faut pas l'oublier.

Monsieur Vide
31/03/2020 à 23:54

Vu ce soir sur Orange ciné .
Quel bordel. Mais c'est même pas une surprise que ce soit raté. Je dois être blasé..quelle époque !

JANGO56700
02/12/2018 à 22:18

Vu ce soir !!!! Ouahh quel désastre !!
Histoire nul, acteurs zéro, et dialogue pitoyable !!
Ce réalisateur

Will
29/11/2018 à 23:49

Quelle déception!!!!! Grand fan de la saga, j ai tellement aimé le premier volet si sérieux et si efficace. Ils ont réussi à tuer la franchise...ce sera sûrement le dernier. Si c est pour en faire un autre aussi pourri, pas la peine!!!!! Je suis dégouté...

Fab03
21/11/2018 à 16:50

bonjour a tous !
quelle déception ! j'ai 49ans et ie suis un grand fan de predator et film de SF en général, ,je l'ai trouver Evidemment très très mauvais ...ce film s'adresse a qui ? des teenager americains des 12 ans ?
en faite quand j'ai vu que c’était S.B qui réalisé THE PREDATOR , gt quand même très septique, lui a qui faillit couler IRONMAN avec son IM3 de très mauvaise qualité , blague et humour vaseux, scénario et écriture inexistante , bref c une merde fini , une honte pour un film qui a coûter des millions , je suis sur q'un bon youtuber avec un peu de budget aurait fait mieux sérieusement ?

le 1 er était énorme ! , le 2éme plus gore et très bon aussi,, AVP1 j'ai peiner la première fois et finalement malgré quelques erreurs , pas si mal que ca , AVP2 bof bof pas bon, PREDATORS pas mal avec quelques très bon passages et la aussi des moment assez moyen mais réussi dans l’ensemble .
c a l'image des blockbusters hollywwodien en ce moment,,. Alors quelle avenir pour predator ? je pense très sombre bien malheureusement, : je reste quand meme fan de mon predator des bois:) en espérant que Disney ce bouge le cul sur cette franchise mais bon....

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