The Bye Bye Man : La critique qui ne sait rien, qui ne dit rien

Christophe Foltzer | 12 avril 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 12 avril 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le cinéma d'horreur à petit budget a le vent en poupe depuis le carton interstellaire de Paranormal Activity il y a 10 ans et chacun veut sa part du gâteau. Quitte à faire vraiment n'importe quoi. Un peu comme aujourd'hui, et tant pis pour le suspense.

Pourtant, à défaut de vraiment passionner ou de faire flipper dès le départ, The Bye-Bye Man commence plutôt bien avec une séquence pré-générique qui, si elle n'est pas tendue, insuffle suffisamment de questions pour qu'on ait envie d'en savoir plus. Leigh Whannel se trimballe dans son quartier de 1969, fusil à pompe à la main et dézingue tous ceux qui connaissent Son nom et en ont parlé. Simple, direct et relativement efficace. Le problème, c'est qu'on bascule ensuite de nos jours, avec trois blaireaux (deux super potes d'enfance et la nana de l'un d'eux) qui, parce qu'ils ne veulent pas vivre sur leur campus, décident de louer une grande maison un peu creepy dans laquelle ils trouvent une table de chevet dans laquelle est inscrite de façon obsessionnelle la mention "N'y pense pas ! Ne le dis pas !" avant que l'un d'eux ne découvre en dessous de cette dernière l'inscription "The Bye-Bye Man". Après avoir pendu la crémaillère et fait un match de baseball dans la nuit et le froid (ok), ils décident de faire une petite séance de spiritisme (pourquoi pas) au cours de laquelle le héros prononce le nom du Bye-Bye Man (pas futé) et à partir de là, ça commence sévère à dégénérer. (forcément)

 

Photo Bye-Bye Man

 

MONSIEUR AU REVOIR

Enfin, ça c'est sur le papier. Parce que dans les faits, on ne voit pas grand chose à part trois mongolos qui donnent l'impression d'être défoncés pendant tout le film et qui gesticulent dans tous les sens pour faire croire qu'il y a une vraie histoire. On voit bien l'intention de départ de surfer sur la vague des néo-boogeyman tendance Sinister et de nous proposer un nouveau personnage bien terrifiant et énigmatique, sauf que cela requiert un certain talent et une audace initiale. Sauf que là, rien de tout ça, nous sommes au bout de la logique de l'exploitation cynique du film d'horreur indé pour ados décérébrés. On ne dit pas que les ados sont stupides attention, on dit juste que les studios les prennent pour des abrutis.

 

Photo Bye-Bye Man

 

Pourtant, la créature est intéressante et sa mythologie a énormément de potentiel. Le Bye-Bye Man intrigue et ses premières apparitions sont subtilement amenées et installent une ambiance poisseuse et inquiétante, le temps du plan concerné ceci dit. Le reste du métrage, c'est le festival du grand n'importe quoi avec des personnages inexistants, qui s'enfoncent dans la paranoïa la plus totale et font l'exact inverse de ce qu'ils disent. En effet, à partir du moment où on comprend que plus on parle et plus on pense au monstre, il se rapproche, on ne voit pas trop l'intérêt d'en discuter avec la première bibliothécaire venue. Passe encore l'obligatoire phase de recherches dans les archives de la ville, la policière qui veut en savoir plus (Carrie-Anne Moss sous sédatif) ou encore la survivante qui expose l'histoire tragique du pré-générique (Faye Dunaway, probablement en conflit avec ses impôts), mais comme le film se refuse à embrasser totalement son sujet, le résultat en est encore plus soporifique, non-sensique et au final, ridicule.

 

Photo Bye-Bye Man

 

LES GRIFFES DE L'ENNUI

Le Bye-Bye Man se rêverait bien en nouveau Freddy Krueger, et il en a le potentiel. Le problème ne vient pas vraiment du concept, intéressant encore une fois, mais bel et bien de la décision des producteurs d'en faire un film tous publics. Alors qu'à la base, c'était un film classé R. Résultat, on ne comprend rien tant le film a été charcuté pour ne pas subir le couperet de la classification tant redoutée. Plusieurs séquences se terminent de façon incompréhensible, passant du coq à l'âne en défiant tout logique narrative, les personnages se contredisent, la mythologie n'est jamais clairement exposée et, au final, on s'en fiche pas mal de ce qui se passe.

Pire que tout, on ne comprend même pas les motivations du Bye-Bye Man. Alors oui, il y a bien un petit discours sur le principe de la rumeur, le refoulé, la névrose et la paranoïa mais encore aurait-il fallu que ce soit un minimum expliqué et assumé. Là, on ne sait même pas ce que le film veut nous dire. D'où vient le Bye-Bye Man ? Pourquoi vient-il en train ? Pourquoi est-il accompagné d'un chien décharné ? C'est quoi cette histoire de pièces de monnaie anciennes qui apparaissent ? Nous n'en saurons pas plus.

 

Photo Bye-Bye Man

 

L'autre souci, c'est la facture technique complètement à la ramasse. On passera probablement sur la mise en scène d'une platitude révoltante qui n'arrive à poser aucune ambiance. On passera sur la photographie et les décors génériques, la musique basique qui ne sait pas se décider entre synthwave à la It Follows ou partition plus classique en mode Conjuring. Par contre on ne pardonne pas les effets ultra pourris qu'on nous inflige. Le Bye-Bye Man en lui-même est convaincant oui, mais alors le reste... Entre un chien de l'enfer en CGI que même ta vieille PS2 elle fait mieux, un personnage qui prend feu dans un déluge d'incrustations pourries et probablement du fait du fils du producteur en stage dans une boite de SFX lituanienne et des inscrustations sur un smartphone qui datent d'un autre âge, on hallucine un peu de voir un tel gâchis en 2017.

 

 

Ah et on n'a pas parlé des comédiens, qui ont dû sécher leur cours et qui semblent, au choix, sous cocaïne ou sous Prozac pendant tout le film. Stupide, charcuté, mal fichu et honteux, The Bye-Bye Man est probablement ce qu'on a vu de pire dans le genre depuis que les boogeymen sont de nouveau à la mode. Et ce n'est pas peu dire. Et comme on est sympa, on vous a mis plein d'images du Bye-Bye Man dans la critique, comme ça vous aurez vu l'essentiel du film et vous pourrez passer 1h38 à faire des choses beaucoup plus importantes, comme ranger vos chaussettes, par exemple.

 

Résumé

On a rarement vu un film aussi cynique et mal fichu que The Bye-Bye Man ces dernières années. Et c'est dommage parce que son concept était plus que prometteur. Encore aurait-il fallu que ses producteurs ne le charcutent pas comme des sales pour en faire une baudruche tout public. Le film est laid, idiot et nul, et c'est bien fait pour lui.

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Lecteurs

(2.3)

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commentaires
Kiou37
01/05/2017 à 14:16

En visionnage...

Spinger
27/04/2017 à 06:59

Je viens de voir le film à l'instant, je trouve la critique très sévère voir même abusive. je rejoins tout de même plusieurs points négatifs cités par l'auteur sur le fait que le scénario nous donne l'impression d'être incomplet, ainsi que l'actrice qui joue un peu mal son rôle par moments surtout au début du film ou on ressent clairement que sa façon de jouer n'est pas totalement adapté au type de film. sinon l'idée en elle même reste très original et attrayante que l'on aimerait bien voir une suite. je ne trouve pas non plus, pour ma part, que le film comporte des incohérences ou contradictions, car justement la force du bye bye man réside dans l'illusion et la tromperie, et même ayant compris cela, le héros n'a pu s'en sortir tout simplement car il ne lui ai plus possible de distinguer le vrai du faux et cela à très bien été introduit dans la scène ou il a écrasé la bibliothécaire avec sa voiture.

Altair
20/04/2017 à 01:12

"Y'a pire que ça" : c'est probablement le meilleur argument pour constater que ce sous-Slender man est mauvais. Je suis bon public, vraiment, et je suis très bienveillant face à un film de genre, vraiment. Mais Bye Bye Man, vraiment, c'est sans intérêt.

Certes, si on télécharge ça ou qu'on le regarde en streaming (bref : sans rien payer, et sans se déplacer), qu'on le regarde en se disant que c'est censé être mauvais, et qu'on a envie de trois sursauts, ok, ce n'est pas un ratage total. Mais si on le regarde d'un oeil plus sincère d'amateur de genre, qui a vu d'autres films du style, qui va le voir en salles et donc débourse de l'argent pour le "nourrir"... Vraiment, non. Je peux être bienveillant et pardonner plein de choses, mais là je vois zéro ambitions, zéro inventivité (dans l'histoire, la mythologie, la mise en scène, la peur), et je me suis simplement ennuyé. D'une platitude très impersonnelle, même pas de l'imperfection touchante ou intrigante. Juste un mauvais produit plus ou moins bien marketé.

Juju
19/04/2017 à 23:18

Je suis d accord avec personne 53. Bon petit film dans le genre. J ai vu bien plus médiocre.

personne53
19/04/2017 à 14:28

je vient de finir ce film à l'instant, les critiques sont un peu très dur concernant le film !!!
il est pas mal et fait quand même flippé a certains passage !
Je dirais que ces un bon film d'horreur a regarder entre amis pas tout seule lol
Mais dessus de la fin... on en aurais voulu plus , le film est juste inachevé mais bon visionnage .

Dolmancé
18/04/2017 à 01:15

Je viens de finir le film.. je regarde les critiques et j abonde dans le sens d écran large... bon sang.. en 38min American Horror Story arrive à te livrer une pépite (en général), et là? Rien.. les pièces on sait pas, le train non plus.. pouah.. ridicule.. autant faire un vieux slasher...

Geoffrey Crété - Rédaction
14/04/2017 à 18:22

@west666

Ça tombe bien : on répète régulièrement qu'on encourage vivement nos lecteurs à voir les films, se faire leur propre avis, et ne pas se décider uniquement sur une critique (la nôtre, ou ailleurs) ;)

west666
13/04/2017 à 07:25

Faux vu hier meme si pas très original il est pas mauvais cela se laisse voir tranquille pour les amateurs du genre pas a se taper le cul par terre non plus !!!! comme quoi faut pas toujours se fier aux critiques de écran large ou autre ^^

Bender
12/04/2017 à 17:03

"et comment tu claqueras des doigts une fois que je t'aurai bouffé les pouces?"

Roro
12/04/2017 à 15:12

"choses beaucoup plus importantes, comme ranger vos chaussettes, par exemple."

Merci pour cette réf à Last Action Hero!

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