Kingsglaive - Final Fantasy XV : critique épique

Christophe Foltzer | 16 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 16 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

C'est enfin le bout du tunnel pour Final Fantasy XV, après un interminable développement et un changement de titre. Et pour fêter cela, nous avons droit à un nouveau long-métrage qui sert d'introduction à cet univers. Et qui, au passage, tient dans sa main, l'avenir de la franchise. Rien que ça.

Attendu dans les bacs DVD et Blu-Ray pour le 30 septembre prochain, Kingsglaive - Final Fantasy XV a une lourde mission : présenter et imposer l'univers de FFXV tout en donnant envie au fan de se ruer sur le jeu dès sa sortie décalée au 29 novembre. Et si on comprend l'importance de l'entreprise, c'est peut-être une mission un peu trop lourde pour les frêles épaules du film. Heureusement il n'arrive pas tout seul puisque, comme toute partie d'un univers étendu, il est également accompagné d'une série animée, Brotherhood, sur laquelle nous reviendrons dans très peu de temps. Alors, c'est bien gentil tout ça, mais de quoi ça parle Kingsglaive ?

 

Photo Kingsglaive

 

Figurez-vous que dans l'univers de FFXV le Royaume de Lucis est en guerre depuis de nombreuses années avec l'Empire de Niflheim. Le roi Régis, souverain de Lucis, ne tient bon que par le pouvoir que lui procure un mystérieux cristal qui lui permet de dresser un mur magique autour de la capitale, Insomnia, pour la protéger contre les assauts répétés de Niflheim. Il a aussi créé une unité de soldats d'élite, le Kingsglaive, qui partage son pouvoir et est envoyé dans les missions les plus dangereuses. Mais après une cuisante défaite du Kingsglaive, un rapprochement entre les deux ennemis est envisagé, une armistice qui ne fait pas l'unanimité puisqu'en échange de l'indépendance d'Insomnia, ce sont toutes les terres de Lucis qui passeraient sous la domination de Niflheim. Parce que son pouvoir décline de plus en plus, Régis accepte les conditions, d'autant qu'en signe de paix, Niflheim lui propose que la princesse Lunafreya, héritière de Tenebrae, province tombée sous le joug de Niflheim suite à une erreur de Régis, épouse son propre fils, Noctis. Mais les Kingsglaive Nyx, Crowe et Libertus ne voient pas cela d'un bon oeil, d'autant qu'ils flairent un gros piège de Niflheim.

 

Photo Kingsglaive

 

FITHOS LUSEC WECOS VINOSEC

Kingsglaive part avec un sacré handicap puisqu'il doit être à la hauteur du double-défi que lui impose Square-Enix : présenter un univers complexe, fouilli et très riche tout en posant les bases nécessaires à l'histoire de Final Fantasy XV. Une gageure dont le film se sort pas trop mal en regard des nombreux sujets à aborder. Si l'intrigue se révèle parfois confuse, le monde des Fabula Nova Cristallis est effectivement dense et intéressant bien que dans le fond il ne diffère pas vraiment de ce que nous avons déjà vu par le passé. Il y est encore question de royaume et d'empire, de magie, d'équilibre entre bien et mal, de la place de l'humain dans le grand échiquier de la vie (d'ailleurs un camp est en noir et l'autre en blanc) et de l'importance du spirituel dans une société rongée par la technologie. Ce qui rappellera sans doute à certains FFVII et FFVIII. D'ailleurs, les clins d'oeil sont nombreux pour les fans les plus attentifs. Entre un mouvement de caméra qui présente Insomnia à la manière de Midgard, une douce mélodie qui est en fait la fanfare légendaire de la saga et une apparition bien badass d'Ultros, tout Kingsglaive transpire Final Fantasy sans jamais que le clin d'oeil ne prenne le pas sur son histoire et c'est d'ailleurs sa plus grande qualité.

 

Photo Kingsglaive

 

Le problème du film, c'est bien son scénario qui n'arrive pas à choisir ce qu'il doit faire. Il répond ainsi au symptôme de bon nombre de blockbusters actuels qui doivent avant tout assurer l'édification d'un univers étendu solide. L'intrigue principale, la quête de Nyx, met énormément de temps à démarrer pour pas grand chose au final puisque nous nous retrouvons dans une configuration classique du renégat qui doit sauver la princesse, tandis que les manipulations politiques complexes en appellent à un univers dont nous ne maitrisons pas encore la géopolitique ou les codes les plus simples. Résultat, le film perd régulièrement son spectateur qui doit réfléchir sur ce qu'il vient de voir pour l'intégrer au détriment de ce qui se déroule devant ses yeux. Mais que l'on ne s'y trompe pas, le film remplit son contrat et nous propose des séquences d'action fort impressionnantes. Un peu trop d'ailleurs.

 

Photo

 

LIBERTI FATALI EN PLEINE UNCANNY VALLEY

Techniquement, Kingsglaive est très impressionnant et prouve une nouvelle fois que les artistes de Square Enix sont parmi les meilleurs du monde. Le souci c'est qu'ils sont peut-être trop doués pour un simple film et nous inondent d'images incroyables qui bougent dans tous les sens, gavées de particules et d'effets saisissants en nuisant totalement à la bonne lecture de l'action. On se retrouve donc avec le défaut majeur de Final Fantasy VII : Advent Children, des combats destrcteurs à la limite de l'illisible. Et c'est fort dommage parce que le film présente une idée géniale et qui rythme furieusement ses combats : la capacité des Kingsglaive de se téléporter à loisir en lançant leur dague sur l'adversaire. En résulte une énergie incroyable, et des acrobaties que ne renierait pas un Assassin's Creed (d'autant que leur costume rappelle furieusement la franchise d'Ubi Soft) mais handicapés par une mise en scène qui ne sait pas la mettre en valeur et l'exploiter intelligement.

 

Photo

 

Kingsglaive se confronte également à un autre problème, qui plombait déjà Advent Children et Les Créatures de l'Esprit : le photo-réalisme de ses personnages. Techniquement et esthétiquement hallucinants, les personnages ressemblent à des humains au point que cela en devient dérangeant. En résulte un malaise persistant du spectateur vis-à-vis des protagonistes, qui se demandera à chaque plan s'il est face à un être humain de chair et de sang ou à une image de synthèse. Et lors de certaines images, la frontière entre les deux n'a jamais été aussi mince. Reste que l'animation se montre encore bien trop rigide à certains moments pour que l'illusion soit totalement parfaite mais la prouesse technique est impressionnante.

 

Photo Kingsglaive

 

Il nous faut maintenant répondre à la question la plus périlleuse que pose Kingsglaive : Parvient-il à exister en tant que film ? Oui et non. S'il propose une aventure rythmée, intéressante, jamais ennuyeuse mais très fouillie, il trahit en revanche son statut de véhicule intermédiaire à chaque séquence, ne distillant que le strict nécessaire compréhensible à son intrigue tout en posant les bases d'un univers plus vaste et dont beaucoup de clés de compréhension nous manquent encore.

Et c'est peut-être là que le bât blesse. Trop dépendant du jeu dont il n'est que le prologue au final, Kingsglaive n'arrive pas à se forger une identité et à se suffire à lui-même. En résulte un arrière-goût de rendez-vous manqué mais, plus grave encore, de manque d'importance général de ce qu'il nous raconte. Nyx et ses amis ne sont qu'esquissés (mention spéciale à Libertus dont le destin est géré avec une superficialité révoltante), leur quête n'a finalement pas vraiment de raison d'être autre que la sauvegarde des personnages essentiels à la vraie histoire et cela se ressent régulièrement dans le découpage du film qui aligne les séquences comme autant de cinématiques entre deux phases de gameplay.

Si Kingsglaive demeure très sympathique, il n'en reste pas moins qu'un composant d'un ensemble et ce statut un peu bâtard se fait ressentir à chaque instant, pour son plus grand malheur.

 

Affiche

Résumé

Il sera bien difficile de juger Kingsglaive pour ce qu'il est tant son statut de prologue joue contre lui. Difficile en effet de faire abstraction du plan d'ensemble et de profiter pleinement du film pour lui-même. Au final, Kingsglaive est un préquel efficace et bien fichu, qui annonce un univers vaste et passionnant mais qui échoue à exister et trouver son identité. Il n'en reste pas moin un bon divertissement qui, malheureusement, ne montrera son vrai visage qu'une fois raccroché aux autres wagons.

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Lecteurs

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commentaires
Domico
23/09/2016 à 01:57

Je ne vais pas aller par quatre chemin , mais tout simplement "CE FILM AURAIT PU NE JAMAIS VOIR LE JOUR" ça n'avive aucun sentiment en nous , à aucun moment on est submerger dans l'histoire , et ce character design , avec ce qu'on a eu l'habitude de voir avec les précédents FF , 2 droites parallèles , oui je sais de vrais acteurs ont été utiliser à l'instar de MGS Phantom Pain , rien à voir avec le style de Nomura , et FF 15 n'a pas besoin d'un tel prologue , une séquence de 5 mins aurait été amplement suffisante au tout début du jeu , mais non il a fallut que les américains souillent pour la énième fois une œuvre nippone , avec leur venin "LE COMMERCIAL".
Un FF10 avec tous les événements postérieurs à l'aventure de Tidus , méritait par exemple une œuvre audiovisuel de ce calibre , récitant le pèlerinage de Braska(père de Yuna) accompagné du père de Tidus et d'Auron , aurait été déjà plus intéressant plus passionnant , plus logique et aurait suffit à lui même , je dis ça car comme je l'ai mentionner plus haut "KINGSGLAIVE FF 15" ne détient aucun fondement logique à sa création , on append rien ...

Grimmjow
17/09/2016 à 06:38

N'importe quoi noctis est bien plus classe que nyx surtout quand il est vieux!

Kayden
07/09/2016 à 02:54

Très bonne critique, après je pense que pour le film, l'idée de base de Square Enix était bien d'en faire un complément et pas un film se suffisant à lui même d'où le fait que des questions soient restées sans réponse, à suivre dans le jeu. ^^

PS : Y a pas qu'Ultros comme clin d'oeil à la série, y a aussi l'arme de diamant (le monstre de destruction massive de Nilfheim) que l'on voit la première fois dans FFVII.

Tsuniami_Hinata
06/09/2016 à 16:47

Oui il n'y a malheureusement pas que toi qui trouve Noctis naze. Pourtant moi j'adore son design et je rêve de poser mes mains sur le jeu.
J'ai personnellement beaucoup aimé le film, mais le tout début est dure à suivre. Mais une fois les 10 premières minutes passées, ce n'était que du bonheur pour moi.

le maléfique
05/09/2016 à 22:01

le probleme c'est que le film pose beaucoup de question sans donner la moindre reponse et on comprend tres vite que le film ne sert et n'existe qu'en temps qu'introduction a l'univers de final fantasy 15,tout s'enchaine tres vite et sans la moindre explication,au final on ne sait pas grand chose des 2 béligérant ,sinon techniquement on a affaire au plus beau film d'animation jamais sorti dommage que square n'ait pas pas des moyens plus ambitieux ,ils auraient put nous faire une grande fresque avec cet licence sinon y'a que moi qui trouve que nyx a plus de classe que l'autre kikoo emo de noctis

Christophe Foltzer - Rédaction
05/09/2016 à 20:30

C'est quand même le flop du premier film qui est en grande partie responsable du rapprochement entre Square et Enix à l'époque.

Diplo
05/09/2016 à 15:11

@2cloo
... mais en a eu sur le studio lui-même : ses ambitions, ses projets, et ses finances.

2cloo
05/09/2016 à 15:01

Très juste :)
Le cinéma et les jeux sont deux univers radicalement différends.
Le semi-flop du 1er dessin animé Final n'a eu aucune conséquences sur les ventes de jeux....

Diplo
05/09/2016 à 14:44

@2cloo
Pas que le VII.

2cloo
05/09/2016 à 14:40

Que Final Fantasy aie besoin de ces films/séries pour survivre est pure folie. FFVII est encore bien vivant dans l'esprit des gamers...

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