American Pastoral : critique ambivalente

Elsa Vasseur | 29 décembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Elsa Vasseur | 29 décembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En adaptant l’un des chefs-d’œuvre de Philippe Roth, Ewan McGregor réduit une fresque sociale complexe à un drame un peu trop linéaire : l’histoire d’un père cherchant sa fille, sur fond de guerre du Viet Nam et de lutte pour les droits civiques.

MERRY A TOUT PRIX

Seymour (Ewan McGregor) et Dawn (Jennifer Connelly) forment le couple d’Américains idéal. Lui, ancienne gloire du football de son lycée, ayant repris l’usine de ganterie de son père ; elle, élue Miss New-Jersey, aussi belle qu’intelligente. Ces deux-là ont une petite fille, blonde comme les blés, Merry. Leur bonheur devrait être total… mais le bouleversement que traverse l’Amérique des années 60 introduit le chaos au sein de la famille. Lorsque Merry disparaît, possiblement impliquée dans un attentat à la bombe, Seymour refuse de croire à son implication, et se lance à sa recherche.

 

Photo Ewan McGregor, Jennifer Connelly

 

FEMMES MULTI-FACETTES 

La réalisation de Ewan McGregor, dont le classicisme lorgne du côté d’un Clint Eastwood, est efficace, quoique scolaire. La force du récit réside surtout dans son intensité émotionnelle, d’ailleurs soulignée par l’usage grandiloquent de la musique, et la qualité de ses interprètes féminines. American Pastoral offre quelques scènes très émouvantes, comme celle où Merry, petite fille, demande à son père qu’il l’embrasse, ou encore celle ou Dawn remet en cause ses choix passés.

Le choix de Jennifer Connelly, en femme trophée qui se refuse à être un bel objet, et celui de Dakota Fanning, en adolescente en révolte contre le monde entier, s’avère judicieux. Mention spéciale à Jennifer Connelly, qui assume les différentes facettes de son personnage avec une grâce troublante.

 

Photo Ewan McGregor, Jennifer Connelly

 

UN HÉROS TROP MANICHÉEN 

Le film pêche cependant par excès de simplisme. Alors que le canevas d’une société américaine en pleine guerre civile offrait des résonnances avec le monde actuel, Ewan McGregor a choisi d’évacuer les enjeux politiques pour se concentrer sur le drame familial.

Retrouver sa fille est le seul leitmotiv du héros, et le principal enjeu d’un récit qui file sans jamais assumer sa complexité. Coincé dans le rôle du héros immuable, Ewan McGregor livre une performance en deçà de celle de ses partenaires féminines. Parce qu’il s’obstine à fermer les yeux sur la révolution en marche, le personnage de Seymour finit par apparaître comme un anachronisme vaguement réactionnaire. Paradoxalement, son aveuglement nous touche. Et c’est cette ambivalence propre aux sentiments humains qu’on aurait voulu voir explorée.

 

Affiche

 

Résumé

Pour sa première réalisation, l’Ecossais Ewan McGregor livre une adaptation efficace, mais trop simpliste, d’un classique de la littérature américaine.

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