Ben-Hur : Critique galopante

Laurent Pécha | 7 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Laurent Pécha | 7 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après un été catastrophique en terme de qualité pour les blockbusters, la rentrée risque fort de continuer sur le même ton avec l’arrivée de Ben-Hur de Timur Bekmambetov. Un énorme bide aux USA, des critiques désastreuses, le poids du film original, classique parmi les classiques, et une bande-annonce visuellement atroce, ne laissaient rien espérer. Aurait-on eu tort de ne pas miser sur le cheval de Ben-Hur ?

Les chiffres US ont parlé : moins de 30 millions de dollars de recettes pour un budget annoncé à 100 millions. Le grand perdant estival, c’est bien le Ben-Hur de Timur Bekmambetov. Sans parler des critiques qui l’ont même encore plus assassiné qu’un Suicide Squad ou un Batman vs Superman. Il faut dire que le film de William Wyler (la plus célèbre des versions) et ses 11 Oscars font figure de panthéon indéboulonnable de la cinéphilie américaine.

Et n’est pas Gladiator et Ridley Scott qui veut. Surtout le réalisateur de Abraham Lincoln : chasseur de vampires et Wanted : choisis ton destin. Le Timur est connu pour ne pas faire dans la dentelle. Le mariage entre le classicisme de l’épopée de Ben-Hur et l’exubérance du style visuel risquait fort de capoter très vite.

 

Toby Kebbell

 

Or, surprise, dans un premier temps, cela marche plutôt bien. D’abord, le cinéaste russe se montre plus sage, préférant s’appuyer sur des éléments rafraichissants par rapport à l’histoire que l’on connaît. A commencer par le personnage de Messala, l’ami de toujours de Judah Ben-Hur. Il en fait un vrai personnage shakespearien, un homme à la recherche de sa place et de ses convictions.

Au point que pendant une grosse demi-heure, il est carrément le pivot du récit, celui qui fait avancer l’intrigue, laissant Ben-Hur presque dans l’ombre, bien aidé par une interprétation fébrile du jeune Jack Huston. Toby Kebbell (Messala) n’a alors aucun mal à lui voler toutes leurs scènes en commun.

 

Course

 

Le film trouve une vitesse de croisière pas désagréable si on pardonne les errements de goûts de certains postes clés (le maquillage et la photo en tête). On se surprend à laisser un peu de côté l’ombre pesante de Wyler et Heston et à apprécier les rebondissements de la tragédie qui se met en place (le déchirement entre les deux frères adoptifs étant réellement le point fort du projet) jusqu’à ce qui sera le point culminant de l’œuvre : non pas la fameuse course de chars qui pourtant arrive à ne pas être ridicule face au souvenir grandiose de son illustre devancière (grâce notamment à une utilisation plutôt habile des CGI) mais la séquence de bataille maritime au fin fond de la soute de la galère.

S’appuyant sur une très forte idée visuelle – cette très longue scène d’attaque ne sera vue que du point de vue de Ben-Hur et ses galériens, Bekmambetov nous offre alors un vrai beau moment de bravoure. Dommage alors qu’on ne retrouvera plus la même jubilation durant la grosse heure restante. Et qu’au contraire, on devra subir les errements d’un scénario qui n’a pas la durée adéquate pour se développer efficacement, rendant notamment la rencontre Ben-Hur / Jésus et tout l’aspect religieux du récit très maladroits.

 

Résumé

L'avantage de craindre le pire pour un film est qu'il peut vous surprendre. La preuve avec ce Ben-Hur à la sauce russe qui n'est pas le vilain petit canard estival. Juste un blockbuster maladroit, assez inutile mais généreux et à quelques occasions enthousiasmant.

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commentaires
DAI
09/01/2017 à 10:12

UNE HONTE !!
Completement à coté de la plaque niveau historique.... Une jérusalem au milieu d'un paysage de montagne provençale, des brancards dans les arènes, des acteurs avec des jeans, des femmes en pantalon qui montent à cheval, des sentiments siripeux digne des années 2000, des acteurs gominés, des bandage en olyester, etc, etc....
Un peu de respect pour l'histoire, que le budget soit un peu pour la documentation. Ca fait tellement fake qu'on y croit pas une seconde, d'ailleurs en VF on sent bien que les doubleurs ne sont pas dedans...

trouble
11/09/2016 à 18:42

domage a du mal a demarer,la photo est trop moderne pour se type de film,voir la resurection du christ ou la la photo etait mieux,bon film dans l'ensemble

Totemkopf
09/09/2016 à 11:06

@zanzibar @drocmerej

On a vu avec Suicide Squad que le marketing peut être intéressant. On a pas mal parlé de l'équipe derrière les trailers, qui avaient su capter quelque chose qui a provoqué une excitation folle au fil de la promo. Tout ce marketing n'est pas anodin. Et je répète : la promo peut aussi être de l'art. Autre ex : la bande-annonce du Millenium de Fincher, qui est un objet aussi fascinant que le générique du film.

De toute manière, les trailers doivent être traités. Donc en gros, soit on se retrouve avec des infos style AFP sans aucun point de vue, neutres, soit on a un avis qui prend en compte la promo, les enjeux, tente de recoller les morceaux (par ex : si Warner semble modifier son approche suite aux sorties de BvS et Suicide Squad avec le trailer de Justice League... ce que le produccteur vient en gros de clairement confirmer). Après, de la même manière que rien nous oblige à regarder les 5 trailers d'un film, rien ne nous oblige à lire l'avis ou l'article qui décortique la bande-annonce.

drocmerej
09/09/2016 à 01:25

@totemkopk @zanzibar_007 ( et donc @colloc1)

Oui erreur de frappe lol. Je m'adressais à "colloc1".
Je suis assez d'accord avec vous. Peut-être pas obligé de placer "besoin" ou "utilité". Et j'avoue ne pas être le dernier à lire ou relire une critique après avoir vu le film, pour y confronter mon avis ou trouver des éléments d'analyse par exemple.
Pour ce qui des BA, comme tu dis zanzibar_007, c'est difficile de critiquer un élément de marketing, sauf à le critiquer en lui-même, en gros dire si on trouve que c'est du bon marketing.

zanzibar_007
09/09/2016 à 00:57

seulement une Bande_Annonce est avant tout un ressort marketing pour te donner envie d'aller voir le film. Une bonne BA te donnera envie de voir le film alors que c'est un navet ou une sous merde.
La BA est un flot d'image qui souvent, très souvent, a un message répétitif pour bien que tu le comprennes, voilà pourquoi il est très difficile de critiquer une BA, c'est du marketing donc c'est ciblé et très souvent parfaitement choisi donc faux, donc impossible à critiquer.

Totemkopf
08/09/2016 à 14:28

@dromerej

Tu t'adresses à toi-même ou erreur de frappe ?

Pour le reste, une bande-annonce est un élément sur laquelle un film, sa réputation, son image de marque, se construit. C'est parfois même de vrais beaux objets (la bande-annonce de Femme fatale de De Palma, me vient en tête).
Ca me semble logique donc de traiter ça avec un peu de regard critique, surtout à une époque où on a tant de reshoots et rectifications en post-prod (et donc, une tonalité qui peut évoluer, des scènes qui peuvent ne pas être dans le film en salles).

Après, avec cette logique, une critique de film serait inutile. On voit le film, donc a t-on besoin d'une critique qui a vu le film ? Non, pas besoin. Mais on peut en avoir envie. On a dans une bonne critique des bonnes pistes de réflexion, de la contextualisation, parfois des éléments méconnus. Ca sert à mieux lire les choses, ou avoir un point de vue autre pour réfléchir. Donc un truc sur une bande-annonce où les journalistes donnent leur avis (et c'est uniquement dans les commentaires qu'on a des jugements hâtifs sur "ce sera ouf" ou "c'est une merde j'irai pas"), ça me semble logique. Après, qu'on n'ait pas envie de lire l'avis sur le trailer, c'est comme ne pas avoir envie de lire une critique, avant ou après la sortie. Y'a pas de règles... Chacun a sa vision et ses envies... mais je vois pas où placer un "besoin", ou une "utilité", sur tout ça.

drocmerej
08/09/2016 à 13:54

@drocmerej
Je me pose la question de savoir justement l'utilité des commentaires/avis de la rédaction (et en fait de tout le monde lol) sur les bandes annonces. Quand on lit une critique d'un film, c'est avant d'aller le voir/ou pas. On lit l'avis de quelqu'un (ou bien souvent de plusieurs critiques) pour savoir si on a envie d'aller voir un film. Mais quid des bandes annonces. Primo je trouve qu'un avis sur une bande annonce ne dit rien sur le film. On peut trouver la BA très bonne et le film nul. On l'a dit 1000 fois. Et deuxio, la BA, je la vois avec vous, je n'ai pas réellement besoin de savoir ce que vous en pensez, je me fais mon avis.
C'est juste une réflexion rapide, j'éspère que vous n'y verrez pas d'agressivité. D'ailleurs je ne lis jamais les avis sur les BA.

Ded
08/09/2016 à 06:53

Egalement, merci à MystereK de m'en a apprendre une bien bonne... Mais dans cette gerbante "bondieuisation" générale ambiante, ça ne m'étonne qu'à moitié...

hearst
07/09/2016 à 23:03

Merci à MystereK pour son commentaire sur LightWorkers Media

Marypop
07/09/2016 à 21:10

Magnifique et puissant de par les scènes mémorables (galère, course de char), mais aussi par le message d'amour délivré ("la haine et la peur sont des mensonges utilisés pour nous diviser" ... ça ne vous dit rien ?! Bref, un grand film qui tient le spectateur en haleine du début à la fin! On ne voit pas les 2 heures passer ...

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